Conquête !

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s Le printemps battait son plein. Les fleurs écloses coloraient les clairières, la mousse poussait sur les fûts droits, tortueux ou les arbres abattus durant l’hiver et les tempêtes. La rosée matinale ravivait la nature joyeuse ; les papillons batifolaient, les araignées dansaient, les animaux vaquaient à leurs occupations.

 Un grand champignon au large chapeau violet et rouge sortit des fourrées humides, chargé de baies, d’insectes et d’une motte de terre. Il s’avança jusqu’à un vieil arbre où poussait entre ses larges racines affleurantes un petit champignon d’or. Il déposa son butin devant lui, saisit la motte de terre et la posa sur le chapeau doré. Il en vibra d’amusement.

 Le petit champignon d’or, lui, tendit une vive racine vers l’une des baies et l’engloutit toute entière. Son camarade en fut ravi. Il avait mis toute sa détermination dans la conquête de cette intrépide femelle. Il l’avait poursuivi des jours durant. Partout. Tout le temps. Il avait tout tenté sans succès. Jusqu’à ce qu’elle vienne d’elle-même à lui ; la faim au ventre. Il s’était rendu compte qu’elle adorait manger. Alors, il lui apportait toutes sortes de bonnes choses.

 Il se planta à ses côtés et étira une racine afin d’essuyer la bave sucrée qu’elle émettait. Il ne voulait pas que d’autres mâles viennent la courtiser.

 Après son copieux repas, le champignon d’or se déracina d’un bond et se jeta avec un couinement satisfait sur son nouvel ami pour le remercier. Le grand mâle n’eut pas le temps de saisir la femelle qu’elle était déjà partie. Il sortit un gros œil mou ; et la retrouva agripper au tronc de l’arbre, à le gravir avec autant de grâce qu’une chenille. Elle atteignit rapidement son sommet ; elle sortit son chapeau de la cime et profita d’un grand bol d’air frais. Heureuse.

 Elle redescendit pour découvrir le mâle qui tentait de la suivre en vain ; trop lourd, il glissait maladroitement sur l’écorce humide. Elle le rejoint vite en tombant sur son chapeau violet ; de surprise, il dégagea un nuage de spores colorées qui enveloppa la petite femelle déroutée par la sensation que cela lui fit.

 Le mâle se releva et la découvrit toute couverte de nectar. Elle le bavait par kilos au point d’en recouvrir le sol. Il se dépêcha d’aller l’essuyer, de la frotter, de la secouer ; et la sentit s’accrocher à lui, son chapeau vibrant de confusion. Comprenant d’instinct la situation dans laquelle il se trouvait, il libéra un nouveau nuage dans lequel ils disparurent tous deux, agrippés l’un à l’autre.

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