La chasse !

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 Un champignon d’or courait sur un lit de mousse. Il allait et venait, tout excité. Les rayons du soleil transperçaient la cime et éclaboussaient son chapeau étincelant pendant sa danse frénétique. En réalité, il gesticulait ainsi parce que de minuscules fourmis lui galopaient sur tout le corps. Il agitait ses bras tentaculaires, ses racines ; se roulait par terre, mais rien ne suffisait. Elles étaient trop tenaces.

 Les fourmis le mordaient, elles en voulaient à sa chair tendre et savoureuse de champignon, mais, surtout, à son nectar. Comprenant qu’il n’arriverait à rien en s’agitant, il s’élança en toute hâte à la rivière la plus proche. L’imminence du danger était-elle qu’il ignora même les grands herbivores qu’il croisa sur sa route.

 Il bondit dans l’eau comme une pierre, se libérant des fourmis voraces qui le quittèrent pour rejoindre la berge à la nage. Sous l’égide la rivière, il sortit un œil de sous son chapeau et fit une bataille de regard avec un poney filiforme, dont les cornes sur le crâne se terminaient en écailles verdâtres. L’animal tenta de lui brouter la tête par curiosité ; mais, alors, un grondement brusqua la forêt ; un rugissement sauvage tonitruant qu’il eut déjà l’occasion d’entendre par le passé, lorsque les papillons blancs dansaient au-dessus des arbres.

 Il regagna rapidement le rivage après la fuite du poney et s’en alla à son tour. La bête gigantesque arrivait. Elle était proche. Tellement, qu’il put voir son ombre s’étendre entre les fûts frémissants, et s’étirer sur l’humus agité par ses pas lourds et lents. Toute une tripotée de champignons se bousculait pour fuir les environs, se cachaient dans les fourrés, s’agrippaient les uns aux autres en couinant de terreur ; certains utilisaient même les rongeurs apeurés comme monture improvisée.

 Le champignon d’or s’arrêta. Car, dans la direction de son terrier, se planquait une autre présence menaçante ; un prédateur plus petit, mais tout aussi dangereux. Il pouvait voir sa silhouette tapie sous les branches feuillues d’un arbuste. Il comprit qu’ils étaient encerclés. Le grand monstre repoussait les proies dans la gueule des plus petits prédateurs.

 La situation était critique, mais une idée germa dans son esprit. Il rejoint la cohue de champignons, et constata agréablement la présence de nombreux mâles. Ni une, ni deux, le voilà à sécréter une grande partie de son nectar, s’en gardant suffisamment pour fuir. Les mâles, excités par l’odeur, se transformèrent en bombes de spores. Les femelles, non contente de se faire voler leurs partenaires, en firent de même. Très vite, l’atmosphère en devint presque irrespirable pour les prédateurs qui furent contraints de s’écarter.

 Ainsi, les champignons purent s’évader sans subir de pertes. Cette nouvelle technique de défense devint très populaire dans la forêt, au grand désarroi des prédateurs.

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