Maison ?

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Un chapeau charnu d’or et d’azur flottait à la surface d’un petit étang à l’eau cristalline. L’œil de son propriétaire émergea pour contrôler la rive recouverte de violettes butinées par des dizaines de papillons aux couleurs luminescentes. Quelque chose tracassait notre ami l’empêchant de sortir de son refuge aqueux. Plus tôt, il s’était rendu sur la rive pour s’hydrater et profiter de la richesse de la terre pour se nourrir. Il avait pensé à faire de cet endroit sa maison. C’était sans compter tous ces insectes.

Un trou au sommet de son chapeau le faisait souffrir. Il avait été provoqué par ces voraces papillons. Le champignon s’était tant empiffré qu’il avait été contraint d’évacuer l’excédent de nutriments en sécrétant des perles de nectar sucré, les attirant sur lui. Le pauvre n’eut d’autre choix que de se jeter à l’eau ! Il devait trouver un moyen de s’échapper de cette prison ou il finira pourri avant l’heure !

Il gesticula ses racines afin d’atteindre la rive où se trouvait la plus faible concentration de papillons. Une idée lui trottait sous le chapeau. Ainsi, il s’accrocha au fond vaseux et, de la seule force de ses jambes, se projeta hors de l’eau tel un gracieux champidauphin ! Il tourbillonna en direction des insectes volants et les éclaboussa !

Il sema une belle zizanie dans les rangs ennemis qui furent obligés de battre en retraite, pour mieux revenir ! Le champignon atterrit dans un roulé boulé terminant sa course les racines en l’air. Il se dandina pour se redresser et vit les papillons reprendre d’assauts les violettes, sans plus s’intéresser à lui.

Debout, il entama une série de sauts, essayant de faire fuir les marauds qui l’avaient entamé. Rien n’y fit. Ils revenaient à chaque fois ! Or, le champignon était obstiné et lutta de longues minutes. La fertilité du sol lui permettait de garder un bon niveau de nutriments. Il était content de pouvoir autant se dépenser !

Néanmoins, la nuit venue, il préféra rester tranquille. Les monstres étaient plus nombreux et plus dangereux dans l’obscurité. Malheureusement, il fut constamment assaillit par ses indésirables colocataires qui semblaient voir en lui un bon perchoir.

Finalement excédé par l’insistance des papillons, il se déracina d’un bond et les pourchassa dans tous les sens !

C’est alors, dans les ténèbres, entre deux hauts troncs, que se dressa devant lui une silhouette titanesque, sombre et inquiétante. Le champignon en resta pantois.

Chassés, les papillons vinrent éclairer un visage horrifique où trônait une proéminence de chair pâle au-dessus d’une touffe de poils noirs et en dessous de deux yeux lunaires, écarquillés. Une masse chevelue ornait le sommet de son crâne tendit que le bipède levait un objet en métal qu’il maintenait au bout de membres articulés.

Un rugissement de fureur tonna soudain et créa une gerbe de flammes éblouissantes de l’engin. Le champignon accusa le choc d’un gros et rapide caillou sur son chapeau qui l’envoya rouler un mètre plus loin.

C’est alors que de nombreux sons familiers surgirent des hauteurs, distrayant le mastodonte et permettant au champignon de s’enfuir en couinant.

« Ahuhuhu ! » firent les araignées, en chasse.

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