(le genre des personnages n’est pas important et peut être interverti)

1. Écoute, il faut que je te dise quelque chose.

2. Je t’écoute.

1. Non, j’ai besoin que tu m’écoute. Tu ne m’écoute pas là. Tu te prépares à m’entendre seulement, pas à m’écouter, et j’ai besoin que tu m’écoutes. J’ai besoin que tu m’écoutes pour comprendre ce que j’ai à te dire. Si tu ne fais que m’entendre tu le prendras mal, tu le prendras mal et tu en souffriras, et je ne veux pas que tu souffres.

2. Très bien. (un temps) Je t’écoute.

1. …

2. … ?

1. J’en aime une autre. Non, attends. Je t’aime.

2. Quoi ?

1. Je t’aime. Enfin je veux dire que j’en aime une autre, mais je t’aime.

2. Qu’est-ce que tu dis ? Tu me quittes ?

1. Non, non, je t’aime.

2. Mais tu en aimes une autre ?

1. Oui.

2. Je… Comment tu peux me dire ça comme ça ? (visiblement blessée) Je ne comprends pas…

1. Pardonne-moi. Pardonne-moi je ne voulais pas/

2. Qui est-ce ? Depuis combien de temps ?

1. Non non, ce n’est pas important/

2. Pas important ? Comment tu peux me dire une chose pareille ? Dis moi ! J’ai besoin de—je dois le savoir. Après tout ce temps… Avec une autre ? Tu me jettes ?

1. Mais non je—ça n’étais pas censé se passer comme ça. Tu vois, c’est pour ça que tu devais m’écouter et pas simplement/

2. Comment voulais-tu que ça se passe ? Que je sois heureuse d’apprendre que tu me quittes ?

1. Mais je ne te quitte/

2. Que tu ne m’aimes plus ?

1. Mais je t’aime. Je t’aime, tu comprends, ça ? Je t’aime, et je l’aime aussi.

2. Tu es le pire. Le pire ! Tu n’as pas de cœur. Pas de coeur ! Comment tu peux me dire ça ? Comment ? Et tu veux que je te pardonne ? Jamais !

1. Tu me brises en disant ça. Ne me dis pas ça je t’en prie, ne me dis pas ça. Ne peux-tu pas comprendre ce que j’essaie de te dire ?

2. Je comprends que je ne suis rien pour toi, rien d’autre qu’un jouet. Tu as joué avec moi tant que cela te convenait, et maintenant que, après un long moment de réflexion égoïste, tu as décidé que je ne t’étais plus uniquement bénéfique, tu te débarrasse de moi.

1. Mais enfin mais non, jamais de la vie/

2. Eh bien soit ! Pars ! Pars ! Laisse-moi ! Va retrouver la femme de ta vie !

1. Mais ce n’est pas la femme de ma vie, je l’aime, c’est tout, rien de plus.

2. Va-t’en donc si tu ne veux plus de moi, mais ne reste pas ici à me torturer.

1. Je ne veux pas te torturer ! Jamais enfin jamais !

2. Je t’interdis de rester auprès de moi en en aimant une autre, tu entends ? Je te l’interdis !

1. Mais pourquoi ? Pourquoi ? Ne puis-je pas l’aimer comme je t’aime ?

2. Tais-toi, tais-toi, tais-toi ! Ne me parle pas d’elle, ne me parle pas d’amour, ne me parle plus !

1. Je ne peux pas. Tu le sais que je ne peux pas. Je ne peux pas te quitter.

2. Il faut, il faut que tu me quittes.

1. Tu ne m’aime plus ?

2. Salaud ! Bien sûr que je t’aime ! Je suis folle amoureuse de toi ! Ton simple regard fait fondre en moi toute aigreur, tous mes doutes, toutes mes peurs. Tu me hisses vers des hauteurs inespérées. Avec toi j’ai… j’avais l’impression de n’avoir besoin de rien de plus, de personne d’autre pour me lancer vers le meilleur des futurs.

1. S’il-te-plaît/

2. Et c’est pour ça. Je me sens si… trahie. Je croyais que tu te sentais vivre à mes côtés comme je me sentais vivre aux tiens.

1. Mais c’est le cas/

2. Mais tu as besoin d’aller voir ailleurs c’est ça ? D’aller en voir d’autres ? Tu ne pouvais pas te contenter de moi. Tu as fait ton choix. C’est ainsi. Je ne peux rien y faire.

1. …Je ne comprends pas pourquoi je devrais choisir. Je ne l’aime pas plus que je t’aime. Je t’aime autant que je l’aime. Mais je ne t’aime pas moins que je l’aime. Je l’aime autant que je t’aime. Je n’ai pas choisi qui j’aimais, quand j’aimais, comment j’aimais. Je ne l’ai pas choisi. Je l’ai ressenti, subis. Je l’ai reçu. La première fois… toi et moi. La première fois qu’on s’est regardé, autrement que pour se détester. Il s’est passé quelque chose. Je m’en souviens très bien, c’est encore frais dans mon esprit. J’ai eu l’impression d’être enfin au bon endroit au bon moment. J’aurais pu rester là sans bouger durant des heures entières. La musique, les gens, peu m’importais. C’était toi, c’était toi que je voulais à mes côtés. Et je n’ai jamais changé d’avis. C’est toi que je veux à mes côtés. Mais la chose la plus étrange s’est produite. Tout comme quand je me suis rendu compte que je t’aimais pour la première fois, j’ai récemment ressenti cette étincelle, entre elle et moi. Mais ça n’a rien changé. Tu n’as pas bougé de mon esprit un seul instant. Sans s’attaquer à celle qui était tienne, une nouvelle place s’est libérée en moi pour elle. C’était instantané, comme un coup de tonnerre qui frapperait sans crier garde. Mais toutes les foudres du monde ne toucheront jamais à notre histoire, à ce que nous avons vécu, ressenti, découvert. Aucune personne au monde ne pourra supprimer l’amour que j’ai pour toi. Ces nouvelles rencontres, ces nouvelles affections, ces nouveaux amours, sont ce qu’ils sont. Des choses nouvelles, des additions. Ils ne remplaceront jamais ce que je ressens pour toi, ils ne remplaceront jamais notre amour, ils ne te remplaceront jamais toi. Tu sais, j’ai beaucoup d’amour en moi. Beaucoup d’affection. Beaucoup. Et je ne crois pas… je ne pense pas… je ne peux pas. Je t’en supplie ne m’enferme pas. Je t’aime. Je t’en supplie ne m’enferme pas. Je t’aime. Je t’en supplie ne m’enferme pas. Je t’aime.

2. … (dans ses bras, en larmes)

1. Merci de m’avoir écouté. Merci. Je t’aime. Je t’aime. Je t’aime.

Et je l’aime aussi.