Le détective privé Vouord (4)

2 minutes de lecture

Mes lectrices et lecteurs perspicaces qui voudront bien s’intéresser aux premiers épisodes de cette lamentable histoire, comprendront que le détective Vouord et l’odieux Li Nuchs avaient un intérêt commun : Retrouver Ievguenia Alekssandrovna quelque part au fond du lit de Ravenstrop.

 

oOo

 

Vouord vida la bouteille de tromplamor qui traînait sur son bureau et prit la route au volant de sa vieille Nash Ambassador qu’il avait achetée à un véto en vacance d’emploi. Elle était peu véloce et riche en vibrations diverses, mais vaste, et l’avait jusqu’ici, toujours mené à la victoire.

 

Il ne savait par où commencer et décida de se rendre dans ce très fameux village des Carpates dont il n’avait jamais pu prononcer le nom hérissé de consonnes. Vous le situerez facilement si je vous dis qu’il se trouve à mi-chemin entre Vatra Dornei et Câmpulung Moldovenesc, dans une région principalement calcaire et dolomitique. Les aigles ne sont pas seuls à voler en ces lieux peuplés de psychopathes, sociopathes, névropathes, vagabonds et marginaux à la dérive qui ne connaissent que le vice, la violence, la corruption policière, la publicité, la consommation et autres vicissitudes. Il doit sa réputation à la très célèbre sauce vinaigrette à la verveine et à l’ail, très efficace contre les vampires.

 

Lorsqu’il arriva à l’entrée du village, un brigadier lui intima l’ordre de stopper sa voiture sur la zone d’arrêt d’urgence située au niveau de la vasque entourée de verdure, juste après le viaduc (Je donne ces précisions pour ceux qui connaissent l’endroit). Considérant la tête de brute, la voix éraillée et le ton goujateux de l’homme en uniforme, Vouord  résolut d’obtempérer.

 

-- Présentez-moi votre éthylotest. Lui postillonna au visage, l’homme copieusement moustachu, dans un hoquet et une langue vernaculaire difficilement compréhensible.

 

Son haleine trahissait un alcool frelaté achevant de dissoudre un goulasch musclé en oignons et Vouord pensa que le policier le lui demandait pour son usage personnel.

 

Comme il avait eu lui-même une longue conversation avec sa bouteille de tromplamor, il préféra ne pas affronter le brigadier de face et marmonna quelques mots flasques, inaudibles et mucilagineux, en se cachant derrière la fumée de sa cigarette, tout en lui présentant l’objet demandé.

 

-- L’éthylotest à bord du véhicule doit être en état de fonctionnement, ne pas avoir déjà servi et ne pas avoir dépassé la date de péremption. Or celui que vous me présentez a déjà servi, ânonna le rouage administratif volubile.

 

-- En conséquence de quoi, poursuivit-il, je dois verbaliser quand l’éthylotest présenté a déjà servi. Vous saisissez ? Conclut-il, voluptueusement, à la manière d’un huissier.

 

Vous pensez bien, lecteurs idolâtres, que je ne vais pas vous révéler ici pourquoi l’administration impose l’achat d’un objet en même temps qu’elle en interdit l’usage, ne disposant ni du temps, ni de la place nécessaires…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Oncle Dan ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0