Le détective privé Vouord (2)

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Il n'était pas surprenant que la proposition de Publicheur fasse saliver Vouord. Elle était tout à fait salutaire pour ses finances. Certes, il n'en était pas à tendre une sébile à la sortie des églises, mais il ne pétait pas dans la soie et son dernier bon repas n'était plus que souvenir d'une autre saison. Il souriait aux anges en rêvant de saumon à l'oseille.

Et puis la sagesse voulait que l'on mette fin aux agissements de Li Nuchs. Le souvenir de ce sauvage lui soulevait le cœur.  Pas question de laisser une souris comme Ievguenia Alekssandrovna entre les pattes de ce sadique.



Après le départ de Publicheur, le talentueux détective Vouord s'était installé dans son rocking-chair pour mettre au point une stratégie.

 

C'était là qu'il avait pour habitude de titiller ses petites cellules grises et triturer ses méninges, en buvant un thé à base de pollens et de racines de fleurs, avec des extraits de sève de noisetier, d'écorces de totems moulues, d'antennes de cafards et d'écailles de tortues.

 

Cette mixture lui avait été apportée en remerciement, par un eunuque Sénégalais autiste auquel il avait appris la table du deux. Elle devait permettre d'être à plusieurs endroits en même temps et de se transfigurer, mais jusqu'à présent, il n'avait jamais réussi à terminer une tasse du précieux breuvage, ni aucun transfert devant témoin.

 

Vouord en était là de ses réflexions lorsqu'il reçut un coup de sonnette d’une violence telle que ses trompes d’Eustache exécutèrent un double salto arrière.

 

Après avoir exécuté deux pas de rock et quelques cabrioles pour s’extraire de sa chaise à bascule, il courut ouvrir pour mettre fin au vacarme, tant sa porte risquait le dégondage par toutes ces turbulences et tambourinages intempestifs.

 

Un Chinois borgne au visage vérolé et au sourire maléfique et stupide se dressait devant lui. Il avait l’air d’un de ces monstres à la hache ou à la tronçonneuse qui se promènent partout en massacrant à tour de bras. Le genre d'individu qui vous couvre de taillades rien qu'en vous touchant avec ses ongles crochus.

 

L’atmosphère du vestibule se chargea d’un parfum d’inhumanité. Si ce n’était pas un prédateur qu'il avait là sous les yeux à l’instant présent, c’est qu'il ne savait pas en reconnaître un quand on le lui présentait sur un plateau. Une chose clochait cependant : Que faisait-il avec un tonneau de tomates et de pommes de terre dans les bras ?

 

Le prédateur le toisa de haut en bas de son œil froid et chassieux.

 

--  Je suis Li Nuchs (Prononcez Linux) Dit-il d’un ton goujateux.

 

Parvenant à refaire surface au bout d’une courte éternité, Vouord put enfin lui répondre avec un filet de voix plus discret qu’une fuite de gaz.

 

--  C'est le ciel qui vous envoie.

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