Le détective privé Vouord (1)

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Il faisait une chaleur toïde, sans le moindre souffle d'air. En nage et en rage, le détective privé Vouord ne cessait de râler. Sa vieille machine à écrire rococo, dont le ruban exsangue lâchait des lettres pâles comme la mort, venait de taper virage au lieu de rivage. Une rature de plus !

Il frissonna cependant lorsque cette espèce de motte de beurre tremblotante nommée Publicheur dégoulina dans son bureau et se répandit sur un fauteuil pour lui raconter ses malheurs.

La dernière fois, il s'était fait enfermer dans un placard par sa femme Ievguenia Alekssandrovna. Il n'avait pas trouvé cela rigolo et l'accusait d'avoir cherché à le tuer en aspirant l'air qu'il y avait à l'intérieur avec une paille. Certainement une ruse Russe. Les recherches n'avaient rien donné. On n'avait trouvé aucune paille au domicile de Publicheur et sans arme du crime il était difficile de pousser l'enquête beaucoup plus loin…

Mais Vouord qui avait des fins de mois difficiles n'oubliait pas que son client le rémunérait grassement.  Publicheur s'était en effet considérablement enrichi en vendant de grandes quantités de logiciels selon un procédé que l'on appellerait aujourd'hui le vol.

Pour l'instant, la désolation se lisait sur sa face rubiconde.

S'apprêtant à écouter ce rasoir se rebeller à nouveau, Vouord sortit deux verres, sa bouteille de Tromplamor qu'il gardait dans sa trousse de premier secours, et proposa une petite rincée.

--  Que puis-je pour vous ? Demanda-t-il en s'épongeant avec un buvard publicitaire rose qui déposa quelques taches d'encre sur son front.

--  Vous devez intervenir Vouord : Ievguenia me trompe avec tous les R de l'annuaire téléphonique !

--  Ce sont des rumeurs, Monsieur Publicheur. Vous ne me ferez pas croire que votre femme roucoule avec le vieux Rupert. Je n'imagine pas Ievguenia Alekssandrovna faire une partie de rodéo avec ce vieillard cacochyme de quatre-vingt quinze ans qui ne se déplace plus qu'en déambulateur !

Vouord n'était pas sûr de ce qu'il avançait. Ievguenia Alekssandrovna était un joli rouleau de printemps capable de transformer n'importe quel individu en lycanthrope exophtalmé. Il regrettait en son for intérieur de ne pas s'appeler Rouord.

En balayant l'objection d'un revers de main Publicheur riposta :

--  Elle n'est pas encore à s'occuper de Rupert ! Elle procède dans l'ordre alphabétique. Après s'être envoyé Rabelais (pas l'écrivain, l'épicier) et les quatre Ragondin, elle poursuit sa récolte et fréquente actuellement Ravenstrop. Le pire est que ce salaud préfère s'approvisionner en logiciels chez Li Nuchs, un mafieux chinois. C'est parfaitement insupportable.  Mettez fin à ce manège et je double vos honoraires.

La proposition méritait d'être étudiée.



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