Daisy

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Certes, nous venons de passer une soirée merveilleuse, dans le cadre le plus charmant qui soit, dans l’ambiance la plus joyeuse de la terre et en compagnie des plus belles filles que l’on puisse rêver, mais je ne suis pas de ceux qui éprouvent le besoin de le faire imprimer pour provoquer chez le lecteur une certaine envie mêlée de regrets.

 

Je vous parlerai donc seulement de Daisy, que le hasard, dont la malice n’est plus à démontrer et qui réussit toujours ses concours de circonstances, avait incidemment placée à mes côtés pour en faire ma voisine de banquet.

 

Daisy est née à Calais, d’une crème anglaise et d’un belge gay dont elle a été séparée à l’âge de deux ans pour cause d’homosexualité galopante. Elle vécu ensuite douze ans en Angleterre et épuisa, au cours de sa vie, un certain nombre de maris, le dernier conservant encore quelque fortune malgré la vie de palace qu’elle lui fait mener et l'anéantissement d’une partie de ses économies dans le tunnel sous la manche.

 

Il semble, et je pèse mes mots, que Daisy soit catholique. Toutefois, il semble (je repèse) qu’elle ait été un peu protestante, anglicane et calviniste ou luthérienne, ayant vécu longtemps en Suisse. Il ne m’a pas semblé, en revanche, qu’elle soit particulièrement huguenote, baptiste, évangéliste ou méthodiste, mais elle a répété à plusieurs reprises qu’elle était juive à quatre-vingt pour cent. En tout état de cause, il est apparu rapidement dans le flot tumultueux de la conversation qu’elle adorait davantage la verge que la vierge.

 

C’est en effet la religion en général et la circoncision en particulier qui posèrent cet objet sur le tapis de la conversation. Objet le plus léger qui soit au monde puisqu’une simple pensée le soulève.

 

Daisy s’est mise à parler de « queue » avec simplicité et constance dans le propos.

Naturellement, ainsi que vous l’imaginez sans peine, je souffrais des termes vulgaires de ma compagne. Ma délicate nature se blessait aux aspérités de son langage hirsute.

 

Au surplus, elle accompagnait ses propos poissards de touchers furtifs. Sans doute kinesthésique, elle me prenait la main, le bras ou l’épaule comme pour faire passer en moi le fluide se son ingénieuse argumentation qu’elle jurait pouvoir développer, en paix quiète, jusqu’au bout, inclusivement.

 

Lorsqu’on en vint à parler des femmes en politique, Daisy fut formelle : « Toutes des salopes » ;

 

Il ne fait aucun doute dans son esprit qu’elles ont toutes couché ; Elle martelait mes tympans : Elisabeth Gigou : une salope ; Voinet : une salope ; Aubry : une salope.

 

Etait-ce parce que nous dégustions des asperges en hors-d’œuvre ? Me voyant jeter au plafond le regard de l’incertitude et du doute, elle m’affirma immédiatement que Cresson devait certainement tailler des pipes à Mitterrand sous la table. Il ne pouvait en aller autrement.

 

Toutes ces dames étaient naturellement forcées de racheter par des pratiques douteuses et une excessive fascination leur aptitude dérisoire à tenir le moindre portefeuille ministériel.

 

Très douée pour les langues, Daisy fut secrétaire de Direction. Je suis convaincu, pour ma part, qu’elle savait exercer ses talents avec le même bonheur sur toutes les faces d’un bureau.

 

Au moment de nous quitter, nous nous sommes promis queue l’on se reverrait.

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