Chapitre 5 - Partie 7

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« Mais qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle avec surprise, tirant sur l'ourlet de sa robe qui avait bougé pendant sa course. J'ai demandé à David d'aller garder les autres pendant qu'on venait te chercher.

Gregory ne répondit rien.

— Le Yéyé est venu nous dire qu'il y a une bagarre près du cinéma ! expliqua Charles, soulagé de voir que son ami n'y était pas.

— Parce-que tu pensais que c'était forcément moi ? s'indigna-t-il en se tournant vers sa sœur.

Marguerite fronça des sourcils et voulut rétorquer mais décida de garder le silence.

— T'es vraiment idiote quand tu veux, la margarita ! dit-il en la poussant à l'épaule.

Marguerite choisit finalement de répliquer par un coup de poing dans le buste.

Niet ! tonna la grosse voix de Sergeï qui attrapa les deux enfants par l'oreille.

Charles vit avec surprise ses deux amis grimacer de douleur. Le frère et la sœur, surpris, se calmèrent en rougissant.

« Le Clodo du Pont nous a dit qu'il a envoyé des SDF..., reprit Marguerite d'un ton plus calme. Il ne nous a pas dit ce qui se passait.

— Et bien, on a qu'à aller voir ! dit Grégory d'un ton ferme. Même si tu veux pas, j'irai sans toi !

— Greg, c'est peut-être pas..., commença Charles d'un ton hésitant.

— Je vais venir avec vous, coupa Sergeï avec un sourire. J'ai envie d'en connaitre plus sur ces SDF. »

Grégory eut du mal à cacher son enthousiasme. Il les conduisit rapidement vers les abords du cinéma.

Ils n'eurent pas longtemps à attendre avant de constater qu'effectivement, il y avait du désordre. La bande d'Enzo encerclait le Clodo de la Gare et le Clodo du Parc, elle criait des insultes en leur envoyant des boules d'ectoplasmes.

« lIs arrivent à faire ça ! s'exclama Charles, regardant les mains vitreuses des adolescents habillés de cuir.

— Oui mais c'est interdit », précisa Marguerite en pinçant les lèvres.

Les SDF évitaient les attaques en se contorsionnant. D'autres fantômes étaient venus voir ce qu'il se passait, dont la Savonnette, tenant toujours son rideau de douche à la main.

« Pourquoi ils regardent tous sans rien faire ? demanda Charles.

— Certainement pour récupérer l'éther qu'ils vont laisser tomber..., répondit Sergeï en pointant du doigts des fantômes blafards, qui scrutaient sans cligner des yeux les faits et gestes de ceux qui s'agitaient.

— C'est interdit ça aussi ! reprit Marguerite en redressant ses lunettes. Ces fantômes-là, ils ne font jamais rien. »

Sergeï lui tapota sur la tête sans rien dire et reprit son observation.

Il n'était pas étonné de voir des fantômes jeter ce genre d'attaques pour affaiblir les autres. Il en avait lui-même essuyé plus d'une. Elles n'avaient pas une longue portée et se formaient avec l'accumulation d'éther que produisait un fantôme qui ruminait sa colère.

« Certains fantômes deviennent tout noir, d'autres explosent... », commenta t-il en regardant de plus près les SDF.

Ces derniers se téléportèrent derrière chacun de leurs adversaires et en les touchant, les firent s'évanouir. Sergeï plissa des yeux, un fin sourire se dessina sous sa barbe.
Les adolescents répliquèrent en assommant d'un coup d'ectoplasme le Clodo de la Gare et se replièrent en riant.

Les Trépassés échangèrent quelques instants sur la bande d'Enzo, cherchant ce qui aurait pu provoquer une bagarre pareille.

« On va le retrouver, ce démon des enfers ! s'écria le chef de la bande en faisant des doigts d'honneur aux SDF avant de disparaître par les toits.

— Enzo a apparemment la même idée que toi ! Tu veux pas partir les aider chasser le Dévoreur ?

— Ferme-la, Marguerite... », rétorqua Grégory d'un ton boudeur.

Les fantômes se dispersèrent, à la fois déçus et contents d'avoir assisté à un si long spectacle.

« Oh, mais vous devez être l'Esprit Errant ! fit la voix de la Savonnette derrière eux. J'ai tellement de chance de vous voir là !

Sergeï souleva son chapeau de fourrure en évitant de regarder droit devant lui :

— Mes hommages, Madame.

— Vous savez ce qui s'est passé ? demanda Charles à la femme dans son plus simple appareil.

— Vaguement... La bande d'Enzo est arrivée en trombe au parc, une des leurs se serait apparemment faite dévorer sur le port. Tout le monde sait que c'est dangereux là-bas, précisa-t-elle à Sergeï. Mais ces gamins n'écoutent jamais personne... Ils nous empoisonnent depuis des années. Ils avaient qu'à faire attention ! Ils sont allés voir les SDF pour leur dire que c'était le Dévoreur... Mais le Marin, qui était comme toujours sur le quai, affirme que c'est la faute d'un énorme Miasme, qui loge dans l'ancienne base militaire... Les SDF n'ont pas accepté d'aller chercher plus loin. Ils se sont tous mis à crier et nous sommes arrivés, certains sont partis en courant quand leur dispute a dégénéré. Hum, j'ai appris que Fiona est partie de l'Autre-Côté et je ne suis pas du genre à colporter des ragots mais..., elle poussa un soupir et continua. À force de crier au loup, voilà ce qu'il se passe...

— Pourtant, annonça Marguerite d'une voix blanche, la bande d'Enzo traîne souvent par là-bas, ils savent reconnaître les Miasmes. Il n'y a pas eu d'attaques depuis des mois. À moins que...

— À moins qu'il ne sache que je suis ici, termina Sergeï d'un ton calme. J'ai l'habitude d'attirer les fantômes, des résidus ou des absorbeurs... »

Les regards se tournèrent vers lui. Sergeï expliqua :

« Les vieux fantômes ne sont pas les seuls à ressentir mon arrivée, je pense que c'est mon éther qu'ils convoitent. J'ai traversé des territoires chaotiques, où il n'y avait seulement ce que vous appelez Miasmes et Dévoreurs ; j'ai été bien souvent aggressé ou poursuivi. Ils ont comme les autres esprit de cette dimension, un territoire qu'ils ne peuvent pas quitter.

— Vous allez donc nous aider à le retrouver ? S'il vous poursuit..., demanda Grégory.

Sergeï poussa un soupir :

— Non, je vais juste partir rapidement. Cela devrait suffire pour le calmer. Vos amis SDF sont suffisamment puissants pour s'en occuper. Un jour viendra où l'absorbeur prendra en chasse l'un d'entre eux.

— Il n'absorbe que les fantômes les plus faibles ou instables..., dit Marguerite sur un ton de doute.

— Au début c'est ce qu'ils font, mais ils s'attaquent par la suite à des fantômes de plus en plus puissants. Parfois, ils savent ce qu'ils font et souhaitent devenir plus forts, pour ne pas se faire absorber à leur tour. Parfois ce sont juste des esprits aveuglés de colère, qui récupèrent tout l'éther possible sur leur passage.

— Vous en savez, des choses ! dit la Savonnette en remettant en place ses cheveux permanentés.

— On devrait peut-être poser des questions à Enzo..., songea Marguerite.

— Non, répondit Grégory avec colère.

Il était en rage, déçu que l'Esprit Errant refuse une nouvelle fois de les aider. Il en voulait encore à sa sœur et refusait catégoriquement de faire alliance avec Enzo.

Il tourna les talons :

— Viens Charles, on rentre !

Charles hésita, il regarda Marguerite qui lui faisait les gros yeux. Il lâcha avec hésitation :

— Je... Je raccompagne Grégory. J'irai avec toi plus tard. »

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