Chapitre 5

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Je me réveillai dans un fauteuil, la pièce baignant dans le soleil qui entrait par les nombreuses fenêtres de la maison de Cléa. Ce sentiment de plénitude me fit presque oublier ce que j’avais fait hier, jusqu’à ce que je vois quelques traces de sang par terre.

Je soupirai, me levai doucement pour ne pas réveiller Cléa, et sortis dehors. J’examinai les trois corps déjà mangé par les animaux de la nuit, puis m’en détournai avec répugnance.

J’allai ensuite voir la soucoupe, puis entrai dedans de la même façon que Cléa et Corentin avec la soucoupe de Mesint, par un petit trou facilement accessible.

Je récupérai quelques armes, puis redescendis. Lorsque j’entrai dans la maison, Cléa était réveillée.

  • Tu as bien dormi ? m’enquis-je.
  • Plutôt bien alors que j’ai assisté au sacrifice de trois personnes, répliqua-t-elle de mauvaise humeur.
  • Tu m’as dit que tu voulais en avoir un ! protestai-je.
  • Pour mes grands-parents, oui, acquiesça Cléa. Seulement, tu étais trop impatient de les tuer.
  • Eh oh ! protestai-je de nouveau. On ne peut pas se disputer comme ça dès le matin !
  • C’est vrai, fit Cléa en se frottant les yeux.
  • Je vais voir s’il y a quelque chose de mangeable dans la maison, dis-je en allant à la cave.

Je trouvai quelques boites de conserve pas trop périmées, ainsi que quelques bouteilles d’eau. Nous organisâmes un déjeuner de fortune, avant que je ne remplisse mon sac de nourriture.

  • C’est vrai que tu pars, dit Cléa avec une pointe de regret.
  • C’était prévu depuis le départ, dis-je. Tu as trouvé ta maison, je n’ai pas trouvé la mienne.
  • Je vais rester seule, déplora-t-elle.
  • Tu peux m’accompagner, si tu veux, proposai-je. Mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. S’ils sont encore vivants, je resterai vivre avec eux, donc tu te retrouveras seule…
  • Et pourquoi je ne pourrai pas vivre avec vous ?
  • Ça va être compliqué, grimaçai-je. Déjà, au niveau de la place, même si tu pourrais dormir avec ma soeur, ça va être tout juste. Ensuite au niveau de la nourriture, tu serais utile pour m’aider à chasser de la nourriture, mais enfin au sujet de mon beau-père…
  • Tu crois qu’il n’accepterait pas ?
  • Il a déjà du mal avec un adolescent, alors avec deux… Non, je ne sais pas ce qu’il est devenu, et s’il n’est pas devenu fou.
  • Ce n’est pas grave, murmura-t-elle.
  • Ou sinon, je te trouverai une place dans l’appartement et on pourra se voir plus souvent même si on n’habitera pas dans…
  • Merci, me coupa Cléa. Je pense que je vais me débrouiller toute seule. Tu as raison, il faut que j’apprenne, sinon je n’arriverai pas à survivre.
  • C’est comme tu veux, dis-je.
  • Tu passeras me voir ? demanda-t-elle. Je ne veux pas rester toute seule au milieu de tout et…
  • Ça ne sera pas bon pour ton moral, je sais, dis-je tristement. Mais tu habites à deux jours de marche, alors…
  • C’est vrai, dit-elle.

Nous nous regardâmes un instant, puis je dis :

  • Je sens que tu ne vas pas pouvoir rester toute seule. Viens avec moi, on se débrouillera.
  • Je vais vous déranger inutilement, protesta faiblement Cléa.
  • Prépare tes affaires, on part dans dix minutes, dis-je en ignorant ses protestations. Si par malheur il est arrivé quelque chose à mes parents, on retournera ici.
  • Pourquoi ?
  • C’est à l’écart de toute civilisation, on ne risque pas d’être dérangés par des Affamés.
  • Il ne restera plus grand monde dans un ou deux jours, dit Cléa. Ils seront tous morts, soit ils se seront adaptés comme nous.
  • Et on a tout ce qu’il nous faut ici, poursuivis-je. De l’eau, de la nourriture à disponibilité, et on peut dormir confortablement.
  • C’est vrai que c’est un bon endroit, admit Cléa.
  • Tu es sûre que tu ne veux pas rester ?
  • Tu m’y as un peu forcé, ironisa Cléa. Non, je ne peux pas rester toute seule, et si ça ne te dérange pas…
  • Ça va aller, affirmai-je.
  • Alors je viens avec toi.
  • Parfait ! Prépare-toi, il est temps de partir.

Elle acquiesça et mit elle aussi de la nourriture, de l’eau et des armes dans son sac, tandis que j’allai explorer le premier étage, voir s’il y avait quelque chose d’utile.

L’atmosphère qui régnait dans la maison, un tel sentiment de sérénité me rappela mes propres grands-parents, morts dans le tsunami il y avait deux semaines de cela. J’explorai donc avec tristesse les chambres et les salles de jeu de la maison.

Lorsque je redescendis, Cléa était prête. Je lui adressais un signe de tête, puis nous sortîmes de la maison. Cléa lança un dernier regard empli de regret, et je fermai la porte.

  • Qu’est-ce qu’on fait de la soucoupe ? demanda Cléa.
  • On va la laisser là, qu’est-ce que tu veux en faire ? On ne sait pas la conduire, on ne peut pas la déplacer, elle va tout simplement rester ici et faire partie du paysage.
  • Un paysage affreux, grimaça Cléa.
  • Je suis d’accord sur ce point. Ils auraient pu améliorer l’esthétique de leurs soucoupes
  • On ne peut pas penser à tout ! Ils devaient être trop occupés à réaliser leur projet machiavélique ! ironisa-t-elle.
  • Un sujet d’une grande importance.
  • Et qu’as-tu fait des corps ?
  • Je les ai mis à l’écart, dis-je. Les animaux se feront un plaisir de les manger.

Cléa me considéra d’un air pensif, tandis que nous nous mettions en marche. Je demandai après quelques instants :

  • Qu’est-ce que tu as à me regarder comme ça ?
  • Je me demande si tu n’es pas aussi ignoble que les Autres.
  • Merci du compliment, marmonnai-je.

Me sentant vexée, Cléa n’insista pas et nous marchâmes en silence, chacun de nous plongé dans ses pensées.

Nous arrivâmes en vue de Dubbo deux jours plus tard. Une fois entrés dans la ville, nous longeâmes les murs jusqu’à mon immeuble. Notre fenêtre qui donnait sur la rue était fermée, et il n’y avait pas le moindre signe de vie dans l’immeuble.

Nous entrâmes dans l’immeuble, et j’inspectai chaque appartement pour voir son état. Je choisis finalement un appartement en dessous du mien, qui était invendu il y avait un mois.

  • Ça va aller ? demandai-je à Cléa.
  • Oui oui, ça a l’air pas mal, dit-elle. Mais toi, ça va aller ?
  • Je n’ai entendu aucun bruit, soupirai-je. Je ne m’attends pas à grand chose. Écoute, si vers midi je ne suis pas revenu, c’est qu’il y a un problème. Dans ce cas, soit tu fuis, car ça veut dire que je me serais fait tuer, soit tu décides d’aller voir ce qu’il se passe, et donc potentiellement de te faire tuer.
  • Ton appartement est juste au dessus, non ? demanda Cléa. Si j’entends du bruit, c’est que ta famille sera là ?
  • Les bruits sont trompeurs, dis-je en secouant la tête. Ça pourrait être moi qui remue la maison de fond en comble.

Après quelques derniers conseils sur la nourriture, je laissai Cléa dans l’appartement, et montai les escaliers. Devant la porte de mon appartement, je me mis à trembler.

  • On dirait que je vais passer un entretien, ironisai-je pour me rassurer. C’est stressant. Je me demande si Cléa a ressenti la même chose.

Je toquai et criai :

  • C’est moi Matt ! Je suis revenu !

Je n’entendis pas de cris d’excitation ou de soulagement, signe que ma mère et ma sœur seraient encore vivantes. J’allai toquer à nouveau lorsque la porte s’ouvrît brutalement.

Je passai du soulagement à l’horreur lorsque je vis qui se tenait en face de moi.

  • Ah c’est pas trop tôt, grogna Arthur. Entre donc, que nous discutions un peu avant que je ne te tue.

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