Chapitre 22

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Chapitre 22

Malgré ses blessures et brûlures, Yves n’avait pas envie de quitter le commissariat et encore moins de rentrer chez lui. Il s’en voulait à mort d’avoir fait sa déposition à l’hôpital, à peine éveillé, quelques heures seulement après la tentative de meurtre perpétrée contre lui. Il était persuadé avoir vu la silhouette de Tony, ses vêtements, l’odeur de ses cigarettes. Son parfum. Malgré cela, il avait regretté ses accusations dès le moment où il avait signé sa déposition débouchant sur la mise en détention de Tony qui, les larmes aux yeux jurait qu’il était innocent, qu’il avait accompagné Théo et Nikko pour sauver Yves et que jamais au grand jamais il n’avait tenté de le tuer. Pour quelle raison ? Ils étaient amis depuis plus de 20 ans. Il n’aurait pas du paniquer ainsi, mais il s’était vraiment vu mourir ce jour-là. Il aurait du se taire et régler cela en tête à tête avec Tony et peut-être son meilleur ami Jean-Marc, qui maintenant refusait encore de lui parler et tirer cette affaire au clair entre flics. Quitte, si vraiment Tony était coupable, à le dénoncer plus tard. Là, Yves se rendait compte qu’il ne lui avait laissé aucune chance. Il venait de lui détruire sa vie, mais pas seulement celle de Tony, également celle de ses enfants dont il avait la garde depuis que sa femme l’avait quitté.

Jean-Marc n’était pas le seul à lui en vouloir, Théo était furieux contre lui, et même Nikko ne parvenait pas à comprendre pourquoi il avait été si rapide à accuser son collègue.

Et maintenant, voilà qu’il se mettait à douter, après la déclaration d’Harold. Kramer avait raison, Tony n’avait aucune raison ni de le tuer, ni de lui obéir et si Harold avait voulu le tuer, il s’en serait pris autrement.

Même son ami Max Gimenez le regardait bizarrement et ne parvenait pas à comprendre ni à encaisser le fait que, sans la moindre raison, juste pour « venger Axel », Tony aurait tenté de tuer un collègue, un ami, de la plus atroce des manières. D’accord Tony n’était pas un ange. Il lui arrivait même plus qu’à son tour d’être violent et de commettre des bavures, mais tuer, brûler vif… un collègue, un ami... Non, c’était inconcevable, cela ne ressemblait en rien au policier que tout le commissariat connaissait.

Yves s’en voulait d’autant plus, qu’il était redevable à Tony qui, il y a quelques années avait pris sur lui, une bavure commise par Yves, afin que ce dernier, plus gradé ne subisse pas les conséquences de son erreur. Tony n’avait pas hésité à assumer. Et en remerciement, quelques années plus tard, il se retrouvait en prison, ses enfants placés, pour une tentative de meurtre dont il n’était peut-être pas l’auteur.

Quel gâchis ! Quel épouvantable gâchis. Que pouvait-il faire pour tenter de réparer ?

Yves finit par quitter le commissariat. Tous ses collègues, y compris Max qui ne portait pas Tony dans son cœur, l’évitaient ou avaient quitté le service sans lui dire au revoir, sans même lui demander comment il allait après avoir été si gravement brûlé.

Nikko n’avait pas daigné se montrer au commissariat, mais cela il pouvait le comprendre. Nikko Kledermann pour Théo qui ne connaissait pas son nom de famille et pour Yves, connu officiellement sous le nom de Marc Evrard, n’était autre qu’un ancien terroriste allemand, officiellement décédé et travaillant pour l’Organisation du Cercle de Tollwut. Le second d’Igor Borsky, patron de l’Organisation. Combien de temps Théo l’ignorerait encore après ce que Nikko lui avait laissé découvrir dans ses dossiers, Yves l’ignorait, mais il était logique que l’ex terroriste présumé mort en prison ne se présente pas dans un commissariat, même sous un faux nom.

Quant à Théo, après avoir serré la main d’Harold Kramer, il ne s’était plus retourné vers lui, ni vers les autres policiers et avait quitté les lieux en vitesse. Yves était persuadé que Luan était présente dans la pièce au moment où Théo et Harold s’étaient parlé. Là encore, combien de temps faudrait-il pour que Théo comprenne ou apprenne qui était réellement Harold ? Kramer allait-il continuer longtemps à respecter la demande de Luan de ne rien dévoiler à Théo ? Ou allait-il faire ce que bon lui semblait, ce qui ressemblait plus à son caractère. Encore qu’il aimait énormément Luan et avait fait et renoncé à beaucoup de chose pour lui faire plaisir. Une chose qu’Yves ne parvenait pas à comprendre, mais pour l’instant la question n’était pas là. Il fallait trouver une solution pour sortir Tony de prison et savoir s’il était réellement innocent. Mais les larmes qu’il avait vu dans les yeux de Tony lorsqu’il avait refusé de parler en détournant les yeux, tout au fond de lui, ne laissaient aucun doute. Yves avait paniqué, il avait le visage ensanglanté, la vue brouillée par le sang, la sueur, la fumée et avait cru voir Tony.

Il avait envoyé un ami, un innocent qui venait le sauver en prison.

Il devait faire quelque chose, mais quoi.

Ses brûlures lui faisaient un mal de chien, mais il ne parvenait pas à se décider à rentrer chez lui.

Bourrelé de remords, il erra dans les rues de Kerwaremm, sans savoir au juste combien de temps.

Il faisait déjà nuit lorsqu’il réalisa que ses pas l’avaient amené près de l’immeuble où habitait Nikko.

Un hasard ? Non, certainement pas.

Yves sonna, à bout de nerfs et mort de fatigue, ne sentant même plus la douleur de ses blessures.

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