Chapitre 21

4 minutes de lecture

Chapitre 21

Quelques jours plus tard, dans une salle d’interrogatoire du commissariat de Kerwaremm, Tony Dufour, menottes aux poings était interrogés par ses collègues, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Jean-Marc Maréchal son meilleur ami était fou de rage à l’encontre d’Yves. « Comment peux tu accuser Tony d’avoir essayé de te tuer ? Jamais plus je ne t’adresserai la parole. Il ne t’a rien fait. Il est venu à ton secours et tu lui joues ce tour de cochon. Putain mais pourquoi ? Encore pour vos saloperies de combines dans lesquelles il faut absolument qu’un innocent paie ? »

Yves ne répondit pas. Il comprenait la colère de Jean-Marc. C’était bel et bien Tony qu’il avait vu, il en était sûr, mais il s’en voulait de l’avoir dénoncé plutôt que d’avoir réglé ses comptes avec lui. Tony allait être condamné pour tentative de meurtre. Il finirait ses jours en prison. Mais Yves n’avait pas maîtrisé sa peur de mourir carbonisé et avait laissé éclater sa colère.

Tant au début, Tony clamait son innocence, tant aujourd'hui il se contenta de regarder Yves et Jean-Marc dans les yeux sans rien dire.

Théo était entendu en tant que témoin, mais rien de ce qu’il pouvait dire n’innocentait Dufour. Il regarda Harold Kramer, qui lui aussi avait été convoqué en tant que témoin seulement puisque rien ne pouvait prouver son éventuelle implication. Harold se retourna en sentant le regard de Théo sur lui. Il sourit franchement au jeune homme. Un sourire amical, bienveillant, rien à voir avec son mépris envers les policiers. Il regarda à côté du garçon qui comprit que l’homme pouvait également voir Luan à qui il adressa le même sourire. Mais son plus grand étonnement fût de constater que Luan rendit son sourire à Harold en tendant la main vers lui…

- Je n’ai pas grand-chose à dire, fit Kramer aux policiers. Je serai bref, je n’ai aucun besoin ni envie de tuer le commissaire Mercadier, je n’ai pas envoyé Tony incendier sa maison. Il ne l’aurait d’ailleurs pas fait à ma demande, ni à la demande de personne, ni de lui-même. Ce n’est pas un assassin et Yves, tu te trompes. Tu as été trompé par la panique, par une ressemblance ou une tentative de ressemblance, tu étais blessé. Tony est un flic, pas un assassin. Et moi, si j’avais voulu tuer Yves, ce qui n’est pas le cas, j’aurais utilisé d’autres moyens. Mais ce n’est pas le cas.

L’homme se leva après avoir signé sa déposition et se retrouva face à Théo. Ils avaient sensiblement la même taille. C’était la première fois que Théo voyait face à lui la fameuse « légende» Harold Kramer. Ce dernier ne ressemblait pas du tout à ce que Théo s’était imaginé. Sur photos de presse, il n’y avait pas beaucoup de ressemblance entre son fils Axel et lui. Dans la réalité, ils avaient le même sourire. Il avait l’air d’un homme tout ce qu’il y avait de plus convenable, d’une soixantaine avantageuse, bien conservé, plutôt bel homme. En le voyant ainsi, Théo ne se serait jamais douté qu’il se trouvait devant l’un des plus puissants truands au monde. Harold lui tendit la main, qu’étonné lui-même, Théo serra. «Théo. Comme tu ressemble à ton père… mais tu as les yeux de ta mère. » Fit il d’un ton nostalgique. A bientôt peut-être, j’espère… Viens me voir quand tu veux, tu seras toujours le bienvenu. Oh, et puisque tu aimes fouiller partout, essaie de savoir qui a vraiment essayé de tuer Yves. Puis il tourna les talons et quitta le commissariat.

Resté seul face à la porte, Théo se sentait mal à l’aise. Harold Kramer, truand, ancien braqueur, pédocriminel organisateur de ballets roses et bleus, dirigeant le jeu et le sexe lui avait semblé sympathique. Il avait, à sa grande honte, envie de mieux le connaître. Était-ce uniquement parce que l’homme était sympathique ou parce que manifestement il avait connu ses parents et ne s’en cachait pas ? Théo n’osa pas se retourner vers les policiers. Il avait déjà fait sa déposition. Il ne pouvait que donner l’heure à laquelle Tony et lui s’étaient rejoints et rien de plus pour innocenter le policier. Il était furieux contre Yves, bien qu’il se doutât que son ami s’en voulait à mort d’avoir dénoncé Tony même en étant persuadé qu’il avait tenté de le tuer. Furieux contre Nikko qui n’était pas présent pour tenter d’innocenter Dufour même si cela n’aurait servi à rien, tout reposait sur l’accusation d’Yves qui ne savait plus où il en était. Furieux contre Luan qui semblait aimer Harold. Furieux contre Harold parce que l’homme était sympathique malgré ses activités qui auraient du le mener en prison. Et furieux contre lui-même d’apprécier Kramer et d’avoir envie de le revoir et d’apprendre à le connaître.

Il n’osa pas se retourner vers Yves et les autres policiers, qui, pourtant ne semblaient pas étonnés, et se dirigea vers la sortie du commissariat. Il ne pouvait plus rien faire. Dufour serait condamné à tort.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire FrancescaCalvias ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0