Chapitre 20

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Chapitre 20

Pendant que Nikko conduisait à toute vitesse, Théo tentait de joindre Yves, mais son fixe ne répondait pas et son portable était sur boîte vocale. Ce n’était pas normal.

- Putain, Yves est en danger, ragea Théo, il faut que je prévienne l’autre flic là, comment il s’appelle encore ? Dufour, Tony Dufour, Yves m’avait dit de l’appeler en cas de soucis. Il faut que je retrouve son numéro de portable. Le jeune homme se mit à fouiller dans ses poches, trouvant enfin le numéro du policier. Rapidement il lui expliqua que le commissaire devait être en danger. Ne pouvant pas lui expliquer d’où lui venait cette intuition, il répondit vaguement aux questions du policier qu’il avait fouillé des dossiers et qu’il avait trouvé des éléments troublants qu’il lui expliquerait plus tard, mais qu’il fallait le rejoindre de toute urgence à la maison de campagne d’Yves. Heureusement, Tony ne posa pas de question et promis d’y être en même temps qu’eux.

Pendant ce temps, dans la longère d’Yves, le temps passait à une vitesse incroyable, et le commissaire se voyait mourir carbonisé. Le tic-tac du réveil lui donnait mal de tête et le rendait fou. Son poignet avait doublé de volume, tandis que le sang coulait le long de son visage. A plusieurs reprises il avait manqué perdre connaissance.

Le téléphone sonna dans la poche de Théo. C’était Tony.

- Tu penses qu’Axel ou celui qui se fait passer pour lui s’est rendu à la maison de campagne d’Yves ?

- J’en ai bien peur… Je crois qu’il a accès aux dossiers de la police. Si ce n’est pas un policier.

- C’est bon, je suis derrière toi, si tu connais le chemin dit à ton conducteur d’accélérer à fond, je vous suis. T’inquiète, je suis armé. Vous êtes deux ? Questionna Tony.

- Oui, répondit Théo, on est deux et on est armés aussi. Fonce Nikko.

« Tic-Tac » « Tic-Tac »

- Oh ce réveil, ragea Yves, c’est à devenir fou. Si au moins il m’avait tiré une balle dans la tête, ç’aurait été plus simple… Bordel, jamais je n’aurais cru qu’il aurait été capable de faire une chose pareille.

Les deux voitures se suivaient. Tony conduisait également une BMW. Les conducteurs prenaient des risques, Il n’y avait qu’une vingtaine de km, mais il fallait arriver à temps. Si « Axel » était encore sur place… ou pire s’il avait tué Yves. Pour une fois, Théo était content de ne pas conduire lui-même. Ses mains tremblaient, tant par la peur d’arriver trop tard qu’à cause de la conduite de Nikko qui effectuait des manœuvres toutes plus dangereuses les unes que les autres, sans aucun souci pour les autres usagers de la route.

Derrière, Tony conduisait de la même façon. Les deux voitures dépassaient, triplaient sans savoir ce qui risquait d’arriver en face.

« Bientôt la fin… Grillé vif et sans savoir pourquoi. C’est affreux, murmura Yves pour lui-même. Enfin, soyons courageux, il paraît qu’on meurt étouffé avant de souffrir. On verra si c’est vrai... »

- On arrive, cria Théo dans la voiture de Nikko, c’est après cette côte.

Les deux voitures fonçaient à toute allure sur la route de campagne. Plus que quelques centaines de mètres et… « Oh putain non ! C’est trop tard !!! » Hurla Théo dans le portable » Il venait d’apercevoir la longère d’Yves dévorée par les flammes. Le jeune homme se jeta hors de la BMW avant l’arrêt total de celle-ci. Nikko ne prit pas la peine d’éteindre le moteur. Tony non plus. Les trois hommes foncèrent vers la porte. Il fallait parvenir à entrer dans la maison et en sortir Yves.

A trois, ils parvinrent à défoncer la porte après avoir tiré une balle dans la serrure. A l’intérieur, c’était presque un miracle, blessé, encerclé par les flammes, attaché à l’anneau de la cheminée, Yves paraissait encore vivant. Il bougeait.

- La… la clé des menottes… murmura-t-il si faiblement que les trois hommes l’entendirent à peine. La clé… sur la… cheminée…

Théo fonça vers la cheminée, où dans le noir il fouilla un peu partout et finit par mettre la main sur la fameuse clé, pendant que Tony et Nikko, tentaient d’aider Yves à s’asseoir, puis à se mettre debout dès que Théo lui eut détaché les menottes. A trois et au prix de brûlures plus ou moins légères, ils parvinrent à sortir Yves qui ne tenait presque plus sur ses jambes, de la maison.

- Théo… Nikko… murmura-t-il, il faut que je vous dise… il faut que vous sachiez… Axel… celui qui se fait passer pour Axel, c’est… c’est lui… c’est Tony…

Stupéfait par cette accusation, Tony lâcha Yves qui se laissa tomber sur l’herbe « Mais ça va pas ? Yves… t’es pas bien ? »

- Je t’ai… reconnu tout à l’heure… mais tu le sais… tu portes les mêmes fringues et tu n’as même pas pris la peine de te changer. Je ne sais pas pourquoi tu as fait ça, si Harold t’a forcé ou si tu es son complice, mais c’est toi qui a voulu me tuer !

- Mais putain, Yves ! Réfléchis un peu… Si c’était moi, tu penses vraiment que je serais venu avec eux pour te sauver ? Moi te tuer ? Mais pourquoi ?

- Parce que tu as toujours eu des relations très particulières avec Harold Kramer, lança Nikko.

- Mais c’est pas vrai… Vous êtes tous cinglés. Pourquoi Harold voudrait te tuer ? Et moi ? Quel intérêt ? C’est dingue…

Tony voulut s’approcher, mais Nikko lui envoya un direct en pleine mâchoire, lui fit une clé de bras et le désarma.

Les pompiers et la gendarmerie du Faouët venaient d’arriver. Trop tard pour la longère qui était en cendres. Mais les gendarmes menottèrent Tony et l’emmenèrent dans un combi, pendant qu’il continuait à clamer son innocence.

Assis par terre, Yves avait pris son visage dans ses mains, n’acceptant pas les premiers soins que voulaient lui donner les pompiers.

- Je ne comprends pas… Pourquoi Tony a-t-il essayé de me tuer ? Pourquoi voulait-il venger Axel ou faire comme si ?

Théo tomba assis à côté de lui, le forçant à se faire soigner. Il saignait fort, sa blessure nécessitait des points de suture, et il était brûlé assez sérieusement. « Je ne sais pas » marmonna-t-il. « Je ne parviens pas à comprendre... »

Nikko restait là, debout. L’arme de Tony en main, sans que personne ne songe à la lui reprendre.

- J’ai lu tous les articles, toute la documentation de Nikko. J’y ai lu des trucs monstrueux au sujet de Harold Kramer. Je ne comprends pas non plus. A moins d’y être forcé sous une menace quelconque, il est pratiquement impossible que Tony Dufour ait voulu venger Axel Kramer ou ait voulu aider son père à le venger. Harold Kramer n’était pas seulement le père d’un truand, c’était lui-même un truand. Et pire encore, un proxénète, un organisateur de ballets roses et bleus en plus de « tenir » toute la prostitution et le jeu. D’après ce que j’ai lu, mon Dieu c’est monstrueux, continua Théo, Tony Dufour et d’autres dont j’ai reconnu les noms étaient envoyés dans des ballets roses ou bleus quand ils étaient enfants par Kramer père.

- Mais qu’est-ce que tu lui a laissé lire ? Parvint à reprocher Yves à Nikko. Comment tu as pu le laisser fouiller dans tes documents ? Avec les risques que ça comporte ?

- Parce que refuser lui aurait fait se poser des questions… et puis… il est peut-être temps pour Théo de commencer à comprendre certaines choses. Il est majeur et il a les épaules, s’énerva Nikko.

- Parce que maintenant, tous les deux, vous pensez que je ne me pose pas de questions ? Intervint Théo. C’est Harold Kramer ou son fils qui a tué mes parents, c’est ça ?

- Oh non. Rétorqua Nikko, moitié rieur, moitié en colère. Certainement pas.

- Ils ont un rapport avec mes parents…

- C’est pas le moment de parler de tes parents. Intervint Yves, mais il ne pu continuer car son état s’affaiblissait et les pompiers insistaient pour l’emmener à l’hôpital. « Non, je n’ai pas besoin d’aller à l’hôpital, pas question que je laisse Théo seul avec Nikko »

- Vous me faites chier tous les deux ! Hurla presque Théo. Vous savez tous les deux ce qui est arrivé à mes parents et aucun de vous deux ne veut rien me dire. Nikko, j’ai lu tes dossiers, et je suis peut-être jeune mais je suis certain que ce n’est pas pour écrire un livre que tu as tous ces documents. C’est impossible, parce que si tu fais paraître ça, tu te feras tuer si ces dossiers révèlent des vérités. Qui es-tu réellement Nikko ? A part un ami de ma mère ? Et toi Yves ? Tu es flic et tu sais tout ça toi aussi. On n’en n’a pas fini tous les deux. Tous les trois. Vous aurez des réponses à me donner quand Yves sera guéri.

Luan apparut soudainement à Théo.

- Arrête. Tu vas trop loin et jamais Nikko n’aurait du te laisser fouiller dans ses dossiers. Tu es encore plus en danger maintenant. Surtout avec ton caractère de cochon et ta manie de fouiller partout. Tony est innocent. Totalement innocent. Ce n’est pas lui qui a essayé de tuer Yves en incendiant sa longère.

Par télépathie, Théo interrogea Luan qui avait l’apparence d’une jeune adulte de son âge. Il n’y avait, cette fois, pas la moindre blessure ni la moindre goutte de sang sur son visage. « Qui est-ce alors ? Si tu le sais dis le moi. Qu’on puisse empêcher Tony d’aller en prison. »

- Je ne peux pas. Ça te mettrait en danger. Ces deux connards t’ont mis encore plus en danger qu’au début de cette affaire, parce que maintenant certaines personnes ont des doutes…

- Mais un innocent va se retrouver en tôle si tu es sûre de ce que tu dis…

- J’en suis plus que certaine, mais à choisir entre toi et lui, désolée mais c’est toi que je choisis… A moins que tu ne te décides à rentrer à Malemort.

- Si je rentre à Malemort, ce que je ne ferai pas, comment veux-tu que je sauve Tony Dufour ? Et Yves et Nikko m’en voudront. Puis, une question s’imposa à lui. Non, ce n’était pas possible… « Luan… est-ce qu’Yves a menti ? Est-ce qu’il a accusé Tony Dufour à tort en exprès ? Ils sont amis, je ne peux pas croire ça. Et Yves est mon ami, s’il a fait une chose pareille... »

- Ne t’inquiète pas « Robin des Bois », ironisa Luan. Yves n’a pas reconnu celui qui se cachait derrière des vêtements similaires à ceux de Tony, il croit vraiment que c’est lui et sa rage vient plus du fait que justement ils sont amis, que du fait que Tony aurait essayé de le tuer.

- Et je ne peux pas dire à Yves qu’il s’est trompé ?

- Non, ça te mettrait en danger et ça mettrait Yves et Tony et sans doute d’autres personnes en danger. Je ne peux pas t’expliquer…

- Ça a un rapport avec la famille Kramer ?

- Tout ce qui se passe à Nirgends ou avec des hauts placés ou des truands de Nirgends a un rapport avec la famille Kramer, mais pas que…

- Et tu peux me dire maintenant si la famille Kramer a un rapport avec la mort de mes parents ?

- Non. Je ne peux pas te dire ça. La famille Kramer a un rapport avec ce qui est arrivé à tes parents, mais pas forcément ce que tu crois…

Pendant que les ambulanciers embarquaient Yves pour l’hôpital, Théo finit par perdre patience. «Pas maintenant ! » « Je ne peux pas te dire ça » « Ce n’est pas le moment ! » J’en ai marre, hurla le garçon, et sans un regard vers Yves et Nikko, il prit le volant de la BMW de Tony et démarra en trombe devant les pompiers et les gendarmes médusés.

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