Chapitre 17

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Chapitre 17

Pendant ce temps, Yves se morfondait dans sa maison de campagne. Il pleuvait à seaux. Le paysage était noyé et n’avait plus rien de romantique. Pourtant, habituellement Yves se moquait du temps qu’il faisait lorsqu’il se rendait dans sa maison de campagne. Il prenait plaisir à la compagnie d’un bon roman, allongé sur son divan devant le feu ouvert, mais aujourd’hui, rien ne lui convenait. Chaque instant qui passait lui donnait le sentiment de perdre un temps infini sur l’enquête.

- Pêcher ? Faire une randonnée ? Pffff marmonna Yves, je serais aussi trempé que les poissons.

Dehors, pendant que la pluie tombait à verse, une silhouette silencieuse s’approchait de la longère isolée.

Tout à sa mauvaise humeur de se retrouver coincer alors que sa carrière était en jeu, et peut-être même sa vie, voir la vie de Théo, car finalement que cherchait la ou les personnes qui se trouvaient derrière tout cela ? De qui s’agissait-il ? Cherchaient-ils à se venger de la police ou y avait-il autre chose derrière tout cela ? Comme Théo, le commissaire ne parvenait pas à croire que quelqu’un puisse chercher à venger Axel tant d’années après sa mort. Il songea également à Harold, dont il venait d’apprendre qu’il était encore en vie, mais c’était ridicule. Harold se serait vengé plus tôt, et devait savoir que Tony le savait encore en vie. Il avait toujours été très bien renseigné sur tout, ce n’était pas maintenant que cela changerait.

Si Harold avait voulu se venger de Dany et de Joe, il les aurait tout simplement exécuté après la mort de son fils.

Et ces visions qu’il avait ces derniers temps. Etait-il en train de devenir fou ? Il la voyait enfant, adolescente, adulte. Elle lui parlait. Mais elle était morte depuis des années. Morte et enterrée. Que se passait-il ? Etait-elle devenue une immortelle ? Une des leurs ? Etait-elle envoyée ou s’était-elle envoyée elle-même pour se venger ? Venait-elle le harceler à la demande d’Harold ? Non, cela ne collait pas. Elle l’avait prévenue. Elle lui avait sauvé la vie. Elle lui avait clairement demandé de convaincre Théo de quitter Nirgends.

Yves ne savait plus quoi penser. Peut-être était-il au bord du burn out et souffrait-il réellement d’hallucinations ? Peut-être était-ce le remord qui avait fini par exploser en lui et qui lui faisait voir ce qui n’était pas.

- Je n’aurais jamais du accepter de venir m’enterrer ici. C’est à Kerwaremm que je dois être.

Son instinct lui disait qu’il devait désobéir au maire et rentrer chez lui avant qu’un drame ne se produise. Un drame… ou une découverte malencontreuse de Théo. Dieu seul savait ce qu’il trouverait dans les dossiers de Nikko. Sa seule consolation était de savoir que, même si c’était pour d’autres raisons, Nikko n’avait pas plus envie que lui que Théo découvre certaines choses.

Yves se rongeait les sangs tout en attisant son feu ouvert. Il ne tenait pas en place. Il s’abaissait, se relevait, mettait ses mains dans ses poches, regardait par la fenêtre qui donnait sur la rivière prête à déborder à l’arrière. Éclairé uniquement par le feu ouvert, dans la pénombre, il ne vit pas la silhouette silencieuse entrer par la porte de service qui donnait sur le living. Yves réfléchissait en regardant les flammes, tandis que la silhouette s’approchait de lui dans la semi-obscurité, une main dans la poche de sa veste.

Un bruit le fit se retourner, surpris, mais pensant reconnaître son visiteur, il sourit

- Ah c’est toi ? Je ne t’avais pas entendu. Qu’est-ce que tu fais ici ? Où est…

Yves Mercadier n’eut pas le temps de terminer sa phrase, l’homme avait sortit un pistolet de sa poche, et en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, lui asséna un terrible coup de crosse sur la temps, l’envoyant immédiatement au pays des songes.

Le visiteur se mit à fouiller rapidement le living. Arrachant le fil tu téléphone, écrasant le portable d’Yves qui se trouvait sur la table basse, ramassant la paire de menottes d’Yves, il attacha le commissaire toujours évanoui, à un anneau encastré dans la cheminée.

Une petite demi-heure plus tard, alors qu’Yves gisait à terre, la tête et le visage en sang, l’homme préparait versa un bidon d’essence sur des bûches, du bois, des vieux journaux et magazines, et des meubles en bois qu’il avait réuni près des rideaux, devant une table sur laquelle se trouvaient posés un réveil remonté, relié à une bougie allumée posée sur un chandelier.

Quand Yves repris conscience, son visage était ensanglanté, il avait un mal de tête épouvantable et ne comprenait pas pourquoi il ne parvenait pas à bouger son bras droit. Puis, tout doucement, il émergea et réalisa qu’il était attaché à ses propres menottes. Ne comprenant pas pourquoi l’autre agissait ainsi, le commissaire tira violemment sur la menotte, ce qui n’eut pour autre résultat que de lui ouvrir le poignet qui lui faisait déjà un mal de chien. « Il » l’avait serré au maximum… Mais à quoi jouait-il ? Ce n’était pas possible. Il devait rêver. Pas lui… C’était une mauvaise blague. Ne voulant pas y croire, Yves regarda son agresseur. Il ne le voyait pas bien à cause de l’obscurité et du sang coulant dans ses yeux, mais il l’avait reconnu.

- Mais tu es malade ? Qu’est-ce qui te prends ? Détache-moi, mais à quoi tu joues ?

- Alors tu n’as vraiment pas compris Yves ? « Axel », c’était moi, chuchota l’homme d’une voix remplie de haine.

- Mais c’est pas possible… Pas TOI !!! Mais pourquoi ? C’est une blague et elle est vraiment de très mauvais goût…

Bon sang, il allait se réveiller et ce ne serait qu’un mauvais rêve. S’il y avait bien une personne dont il n’aurait jamais pu croire qu’il était mêlé à tout cela, c’était bien lui…

- Mais qu’est-ce que je t’ai fait ? Murmura Yves qui se sentait à nouveau très mal. Pourquoi ?

- C’est bon, assez discuté, il faut que je retourne à Kerwaremm pour m’assurer un alibi ! Un excellent alibi d’ailleurs, chuchota l’homme. Grâce à ton réveil.

L’homme chuchotait toujours mais Yves entendait à sa voix qu’il souriait. Il l’avait attaché là, visiblement pour le laisser mourir, mais il souriait… Il nageait en plein délire.

- Grâce à ton réveil, continua l’homme. Tu vois avec ta manie de garder des objets anciens… La sonnerie est remontée sur 6 heures. Moment où le remontoir se débobinera et enroulera la ficelle reliée à la bougie… qui tombera sur ce tas imbibé d’essence. Comme tes rideaux et tes lambris sont très très inflammables, en quelques secondes ta longère sera devenue un vrai brasier, et fini Yves Mercadier, terminé…

- Mais putain, toi… Je n’arrive pas à comprendre, balbutia Yves qui sentait la panique le gagner. Mais qui es-tu réellement pour me haïr comme ça ? Toi ? J’avais confiance en toi… Pourquoi ? Ne me dis pas que c’est pour venger Axel ou pour Harold ?

Yves eut un sursaut et s’éveilla tout à fait.

- C’est pour Harold que tu fais ça ? Tu es prêt à commettre un crime, à tuer un ami pour ce type, malgré tout ce qu’il t’a fait endurer ? Mais qu’est-ce qui se passe ? Il te menace ? Il menace ta famille ? Explique-toi bon sang…

- Réfléchis chef… ricana l’autre. Il te reste environ deux heures pour trouver la réponse… mais à ce moment là, il sera trop tard. Il est déjà trop tard pour toi. C’est fini. Adieu Yves, fit l’homme en jetant le téléphone cassé et le fixe arraché à quelques pas du commissaire.

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