Chapitre 14

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Chapitre 14

Et le lendemain matin, dans la Golf de Théo en direction du Faoüet dans le Morbihan, le commissaire Mercadier, rageait ferme.

- Quelle humiliation, me retirer l'affaire. Soi-disant pour me protéger... Mon œil oui ! C'est pour que le maire puisse prendre seul la direction des opérations comme il l'a fait au moment de l'affaire Kramer, et qu'il sait très bien que Navenec obéira sans rechigner...

- Allons, imagine plutôt les balades à vélo ou à cheval que tu vas faire. Lança Théo, tout en essayant de décoder les propos de son ami. Propos vraiment bizarres. Bien sûr, grâce à Nico il était au courant des ragots qui couraient sur le maire et de ses participations aux ballets roses et bleus. Peut-être même pire, mais il n'existait aucune preuve. Que des « on-dit » et des témoins que l'on faisait passer pour des fous.

- Le vélo ! Le cheval ! Je m'en moque rétorqua Mercadier qui ne décolérait pas. Si tu t'imagines que j'ai la tête à ça... Enfoiré d'Axel, il gagne sur tous les plans. Même mort il me pourrit encore la vie.

- Ne t'inquiète pas comme ça. Répliqua Théo. Je le démasquerai, quel qu'il soit. Un mort ne revient pas de l'au-delà et il n'y a pas grand-monde qui aurait envie de prendre des risques pour venger ce type-là...

- Comment ? Bégaya Yves. Tu sais qui ?

Une fois de plus Théo fut étonné de l'inquiétude qui perçait dans la voix de son ami. Il savait que c'était lui qui dirigeait l'enquête sur la bande d'Axel Kramer il y a une vingtaine d'années. Il savait aussi qu'il y avait beaucoup de dysfonctionnements ou ce que l'on avait appelé comme tels. Mais Yves était son héros depuis l'enfance. Son chevalier en armure. Un policier honnête et droit. Même si de temps en temps il se posait des questions à son sujet. S'il mentait ou plutôt s'il cachait des choses à son ami au sujet de ses propres parents, qu'il avait bien connu, pourquoi ne mentirait-il pas au sujet d'une ténébreuse affaire ayant eu lieu bien avant sa naissance et où il n'avait peut-être pas toujours été très net ?

- Je ne connais pas son identité, mais le cercle est très restreint. Et effectivement, tu es bien trop éprouvé pour traiter cette affaire calmement. Bientôt « Axel » ou qui que ce soit qui se fait passer pour lui, sera démasqué, je te le promets.

- Trop éprouvé pour mener cette affaire calmement ? Fit Yves choqué. Bientôt tu me dira que je ne suis pas objectif ou que je suis un ripou... Mais qu'est-ce qui t'arrives ?

Un ripou... songea Théo, mais il se reprocha immédiatement cette supposition et répondit

- Arrête d'être parano, il se passe des choses très bizarres et pas mal de gens réagissent bizarrement ces derniers jours. Je n'imaginerais pas un seul instant que tu sois un ripou. En revanche tu as été mêlé à toute l'enquête il y a vingt ans et on pourrait très bien envisager qu'un rescapé, un revenant, un membre de la famille ou autre puisse avoir une dent contre toi.

Yves ne se dérida pas pour autant.

Théo poursuivit sa route, jusqu'à un embranchement où Yves lui indiqua de prendre le petit chemin sur la droite d'un petit calvaire.

- Au bout du chemin, là, c'est ma longère.

Et de fait, elle était jolie avec ses hortensias de diverses couleurs, maison en pierres apparentes dans un écrin de verdure. Même le temps était de la partie. Il faisait un soleil éclatant. Assez rare en Bretagne que pour être souligné.

Pour être isolé, Yves était isolé, on n'avait pas rencontré trois maisons après le village du Faouët, puis on sétait engagé dans un sentier en terre qui menait à la propriété d'Yves. C'était vraiment magnifique. L'endroit idéal pour passer des vacances, créer un nouveau programme ou lire ou écrire quelques romans policiers.

Théo gara sa voiture à côté de la porte et se mit en devoir de vider le coffre des bagages d'Yves, qui n'apprécia pas...

- Tu me prends pour un vieux gâteaux proche de la retraite ou quoi ? Tu penses que je ne sais plus porter quelques sacs de voyage ? Grommela-t-il.

Théo sourit sans répondre, à quoi bon ? Yves ne redeviendrait lui-même que lorsque cette affaire serait terminée. Et le jeune garçon avait le sentiment qu'elle était malheureusement loin d'être terminée.

Un peu plus tard, à l'intérieur de la longère, pendant qu'Yves ouvrait les fenêtres pour aérer, Théo faisait le tour du propriétaire.

- Ah je vois que tu as le téléphone, je pensais que quand tu venais ici c'était pour fuir la société...

- Oui, mais depuis que j'ai eu une promotion, je dois être joignable à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Sinon tu penses bien que je n'en n'aurait jamais fait placer un. Je vais te donner mon numéro, répondit Yves.

- A part moi, interrogea Théo, qui sait que tu es au Faouët ?

- Le maire de Kerwaremm seulement, et malheureusement car je n'ai aucune confiance en lui. Voilà, je t'ai noté le numéro.

- Merci. Prends patience commissaire. Pendant qu'il te croit sur la touche, notre « Axel » se méfiera moins. Je vais le pousser à la faute et à se dévoiler, ensuite, je le coincerai... promis Théo.

- Si tu as besoin d'un renseignement à la PJ ou d'une aide quelconque, adresse-toi à Dufour.

- Tony Dufour ? S'étonna Théo. Je ne comprends pas. Je pensais que tes meilleurs amis étaient Navenec et Gimenez...

- Ne pose pas de questions s'il te plait. Il est hors de question de mêler Gimenez à cette affaire. Quant à Navenec, ce n'est pas une bonne idée non plus. Dufour est le meilleur pour ce genre d'affaire.

- Mais c'est le meilleur ami de Navenec... Il risque de lui en parler. Et, je ne comprends pas... tu n'as pas l'air de t'entendre au mieux avec Dufour...

- Les apparences sont parfois trompeuses Théo et je t'ai demandé de ne pas me poser de questions.

Mais Théo ne pouvait pas s'empêcher d'insister.

- C'est parce qu'il a lâché qu'il pourrait contacter le père de Kramer, qui donc ne serait pas mort ?

- Non Théo, ce n'est pas ça du tout. C'est même bien plus compliqué que cela. Je t'expliquerai quand l'affaire sera terminée. S'il te plaît, fais-moi confiance.

- OK commissaire, j'espère que tu es dans le bon.

- Ne t'en fais pas, je sais ce que je fais.

Les deux hommes se serrèrent la main et Théo retourna à Kerwaremm.

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