Chapitre 12

Au bar-tabac, Théo retrouva Mercadier qui avait repris connaissance après sa chute brutale dans la cave du magasin.

-Commissaire tu es blessé ? S'inquiéta le garçon.

-Rien de grave. Juste un peu sonné et je m'en tire avec une bosse supplémentaire. Je commence à prendre l'habitude. Le braqueur t'a filé entre les pattes ?

-Ben oui, fit Théo réprimant mal un geste de colère en pensant à cette ordure. Il fonçait comme un malade avec sa moto. J'ai brûlé deux feux rouges, mais il s'immisçait mieux que moi dans la circulation avec sa moto.

-Quelle coïncidence de m'être trouvé justement ici pour surprendre ce cambrioleur, fit Yves.

-Oh ! Regardez ce que je viens de trouver à terre, chevrota le vieux buraliste, tenant une feuille pliée en quatre entre ses mains encore tremblantes suite à l'agression.

-Bordel de merde ! S'exclama Yves en la lui prenant des mains et la montrant à Théo : à nouveau ce fameux prénom AXEL en lettres majuscules.

Un peu plus tard, dans la Golf de Théo.

-Quelle putain d'affaire, marmonna le commissaire.

- « AXEL » a signé cette nouvelle action, et pourtant Dany et Joe sont en tôle... Oh !!!! Ma tête va éclater.

-Ils n'ont tout de même pas pu s'évader ? Émit Théo.

Yves finissait par croire n'importe quoi et par douter de tout.

-File immédiatement en direction de la prison ! J'ai besoin de savoir là !

-Certainement commissaire, assura le gardien chef de service, ces deux messieurs sont là, tous les deux sous les verrous. Souhaitez-vous les voir ?

-Heu... non... Inutile, bonsoir. Grogna Yves.

- Mais qu'est-ce que c'est que mystère ! Explosa Yves en sortant du dépôt. Pourquoi remonter l'affaire Kramer au goût du jour ? Qui a intérêt à faire une chose pareille ?

-C'est qu'on s'amuse vraiment à nous embrouiller. A nous envoyer sur des mauvaises pistes. Qui est ce « on », je me le demande... Marmonna Théo. Je songerais bien à Harold Kramer. On le disait disparu, mais rappelle-toi tout à l'heure, l'inspecteur Dufour savait comment le joindre. Ce serait peut-être une bonne idée de l'interroger ou de les interroger tous les deux.

Yves était épuisé. Oui. Qui était ce « on ». Axel. Non, ce n'était pas possible. Pas possible. Axel était mort il en était sûr. Quant à interroger Harold Kramer...

-Personne n'interroge Harold Kramer. Personne ne l'interroge plus. En revanche, oui, je vais en toucher un mot à Tony. Je vais aussi devoir téléphoner au maire, ronchonna-t-il, qu'est-ce qu'il va me passer après ce que j'ai raconté à la presse ?

-Attends ! Intervint Théo. Ne le préviens pas encore de ce qui se passe exactement. Organise demain dans ton bureau une réunion avec tous les protagonistes de l'affaire, ainsi qu'avec le maire.

-Avec le maire ? Mais pour quelle raison veux-tu le mêler à cette affaire ? Tu sais très bien qu'on se déteste tous les deux et qu'il ne t'aime pas beaucoup non plus.

-C'est pas grave. Répondit Théo. L'important c'est qu'il soit là. Cette affaire touche de près à l'affaire Kramer et le maire y est mêlé, de près ou de loin.

-C'était il y a longtemps. Tu ne crois tout de même pas qu'un politicien va s'amuser à faire des blagues de ce genre. Au contraire, il a envie que tout le monde oublie cette affaire et justement, tout ce remue ménage ne fait pas son affaire.

-Oh je ne dis pas qu'il a quelque chose à voir avec ce qui se passe en ce moment, mais j'aimerais beaucoup voir sa réaction, ça pourrait être intéressant.

-Bon, murmura Yves dépassé. Mais qu'est-ce que tu as derrière la tête ? Tu crois que ça donnera quelque chose ?

-Qui sait... Fit Théo qui commençait à se poser de plus en plus de questions. Son vieil ami lui ferait-il des cachotteries ? Aurait-il comme certains flics un « cadavre dans son placard » ? Non. Pas lui, ce n'était pas possible. Yves était trop honnête, trop droit pour cela.

Et pourtant quelque chose clochait dans cette histoire.