Chapitre 8

7 minutes de lecture

Chapitre 8

Un peu plus tard, au bar du luxueux Snooker Palace, lieu de rendez-vous de tous les truands de Kerwaremm et plus précisément de l'ancienne bande d'Axel Kramer, Ben, le barman semblait très embarrassé

-Joe ? Heu... Je ne sais pas s'il est là commissaire... Je n'ai pas fait attention... Vous savez, les clients, ça va, ça vient...

-Il n'y a pourtant pas tant de monde ! Ragea Yves. Tu dois bien savoir s'il a loué une table ou non ?

Mais par derrière, Schuller arrivait en annonçant

-Il est là-bas, chef...

Yves s'élança en clamant ses ordres.

-Garde l'entrée Martin et appelle du renfort! Vite Théo.

Puis, plongea sur le truand.

-Tu t'es encore fait avoir Joe ! Tu es en état d'arrestation. Tu n'as toujours rien appris on dirait. Tu sèmes toujours les indices comme le Petit Poucet ses cailloux...

Le cambrioleur se retourna, l'air manifestement dérouté, vêtu d'un jeans, T shirt sur lequel était posé un blouson de cuir, cigarette « pétard » au bec.

-Hein ? Sursauta-t-il, l'air de tomber des nues.

-Tu vas nous accompagner bien gentiment à...

Mais Mercadier n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Voyant Luan apparaître ensanglantée devant lui, le truand avait repris ses esprits et ses réactions. Plongeant violemment sur Yves, avant même que ce dernier ou Théo n'ait pu réagir, il frappa et assomma à moitié le policier avant de prendre la fuite. Aidé par Ben.

-File par la porte de côté Joe ! C'est la seule issue... Fonce !

L'athlétique Joe s'enfuit, paniqué, mais cigarette toujours au bec, de toutes la vitesse de ses jambes vers la sortie donnant sur la cour, qui donnait elle-même sur un complexe de garages.

C'était compter sans Théo qui, se saisissant d'une queue de snooker, prit tout son élan pour sauter au dessus d'une table et la fracassa de toutes ses forces sur la tête du truand, qu'il projeta violemment à terre. Pétard y compris cette fois.

- Avoue que ma façon de jouer au snooker est plutôt créative ! Se moqua Théo.

Trop vite, car il ne remarqua pas Ben, le barman shooté aux stéroïdes, complice de Joe qui s'apprêtait à l'assommer proprement avec une autre queue de billard.

Yves, se relevant péniblement après le choc de la confrontation avec Joe, et Schuller arrivant en courant, à la vue de la situation de Théo se mirent à crier

Yves

-Théo

Schuller

-Attention !!!

Par chance, Théo avait d'excellents réflexes, et, comprenant tout de suite d'où venait le danger, se retourna plus vite qu'il ne faut pour l'écrire et décocha un koko-tsuki au truand, qui en laissa tomber sa queue de billard... Tandis que Luan, apparue une fois de plus d'on ne sait où, visible pour Théo mais pas pour Ben dont elle tordit les testicules de toutes ses forces.

-Ouiiiilllle ! Hurla le truand surpris et incapable d'encore bouger.

Profitant de cette diversion, en étant de panique intense à la vue de Luan pleine de sang, Joe tenta de s'éclipser vers la porte fenêtre, mais Yves veillait au grain.

-Reste où tu es Joe, hurla le commissaire en pointant son arme sur le bonhomme qui s'arrêta net. Joe était courageux, mais prudent. Il n'avait pas vraiment envie de se faire tirer dessus. Surtout sans savoir pourquoi et après avoir vu un fantôme.

Téléphone à la centrale Schuller, qu'ils envoient des renforts. Continua-t-il. Alors, on braque les entrepôts HACK, on a pas peur des réactions de papa Kramer ?

Le complice, ayant repris ses esprits et Joe qui ne pouvait s'empêcher de trembler, non pas à l'énoncé des accusations lancées par Yves mais par la vision de Luan, se regardèrent d'un air à la fois étonné pour l'un et apeuré pour l'autre.

-Ça-y-est ! Mercadier est devenu fou là! Ironisa Ben. Mais Joe n'avait pas envie de rire.

-C'est ça ! Riposta Yves furieux, fais l'ahuri. En attendant, dis moi où tu étais entre 13 et 14 heures ?

-Entre treize et quatorze heures ?! Ha ben elle est bonne celle-là, ricana nerveusement Joe. Figurez-vous commissaire, que j'ai été ramassé, ce matin, pour ivresse sur la voie publique et pour avoir été impliqué dans une bagarre... et j'ai seulement été relâché à quatorze heures.

Un silence se fit.

Yves regarda Théo.

-Théo... Je sens que je deviens fou !

-Si vous ne me croyez pas, continua Joe, passez donc un coup de fil au commissariat du quartier.

-Si vous êtes innocent Joe, intervint Théo, pourquoi avez-vous cherché à fuir ?

Jo haussa les épaules, désabusé. Que répondre ? La vérité ? Qu'il venait de voir le fantôme de Luan enfant, les habits tâchés de sang, comme lorsqu'on l'avait retrouvée percutée par la voiture de... Non. Là ce n'était pas en prison qu'on risquait de l'envoyer, mais à l'asile.

-T'es con ou quoi petit ? Rétorqua le truand. Je fume un pétard. J'ai de la drogue sur moi. Tu pensais que j'allais rester là à me faire arrêter encore une fois ? Et qu'est ce que tu fous avec un flic toi ? Me dis pas que tu es rentré là-dedans ? Toi ?

-Et pourquoi pas moi ? Riposta Théo. Mais non je ne suis pas flic, seulement je ne vois pas en quoi ça vous regarde. Vous me connaissez ?

-Tu te fous vraiment de moi toi... commença le truand, mais Yves s'interposa pour lui passer les menottes en lui intimant de la fermer s'il voulait avoir une chance de ressortir libre du commissariat.

-Mais bordel commissaire, réfléchissez un peu ! Si j'avais vraiment cambriolé l'entrepôt d'Harold, non seulement je serais dingue parce que je ne vivrais plus longtemps. Il a disparu mais s'il n'est pas mort, il n'est certainement pas loin. Et je ne serais pas venu après jouer un petit snooker.

-Oh tu en as fait d'autres, je dois te les rappeler tes conneries qui t'ont menées en prison je ne sais combien de fois ?

Le truand regarda machinalement vers Luan, qui cette fois riait franchement en regardant Joe, qui lui, devenait de plus en plus vert...

Calmé, Théo s'aperçut que Joe regardait en direction de Luan. Cette histoire devenait de plus en plus folle. Jusqu'à présent, jusqu'à hier exactement, il était ou se croyait le seul à voir Luan. Son grand-père avait presque réussi à lui faire croire qu'il s'agissait d'une «amie imaginaire ». Lui-même commençait à se demander s'il n'était pas schizophrène ou autre. Et voilà que ces deux derniers jours, il s'apercevait que des personnes aussi différentes que des flics et des truands parvenaient à la voir et à lui parler également. Pour un garçon qui se targuait d'avoir les pieds sur terre et de ne pas croire en les légendes de Castelmirail, cela devenait beaucoup. Et ces conversations par télépathie entre Tony et lui. Et l'attitude bizarre de Dany Goldberg et maintenant celle de Joe ? Mais que se passait-il à la fin ?

Soudain quelque chose tilta « Mais tous les gens qui voient ou semblent voir Luan ont été mêlés à l'affaire Kramer... »

« Bravo mon grand, tu commences à réfléchir. Alors ? Tu as toujours envie de rester ici en danger ou tu vas finalement te décider à quitter ce pays pourri pour t'installer à Malemort ? »

C'était Luan bien sûr.

« Oh non, j'ai moins que jamais l'intention de quitter Nirgends. Je veux savoir ce qui se passe et ce que j'ai en commun avec ces gens là. Et avec toi. Et ce que toi tu as en commun avec ces gens là. »

« Je ne saurai pas toujours te protéger. Il y a des gens bien plus forts que nous... »

« Alors explique-moi... »

« Je ne peux pas. A la fois pour des raisons dont je ne peux pas te parler et à la fois parce que ça te pousserait encore plus à rester ici. Ici où il ne t'arrivera rien de bon. »

« Alors tant pis. Je reste. »

« T'es un con.... » Cette fois c'était Joe qui lui parlait par télépathie. « Mais ça ne m'étonne pas, t'es bien le fils de ton père et de ta mère... » Il n'avait pas fini de parler que Joe tomba soudain à terre et se mit à hurler de douleur, puis à convulser. Du sang coula par sa bouche, son nez, ses oreilles.

-Bon sang, mais qu'est-ce qui se passe ? S'écria Yves, suivi par Schuller, livide à la vue de tout ce sang. Il faut une ambulance vite. Mais qu'est-ce ce qui lui est arrivé ?

Théo aurait été bien incapable de répondre. Joe n'avait été touché par personne. Il était tombé tout seul au moment où il commençait à parler des parents de Théo...

« Luan ! » Hurla Théo télépathiquement. « Luan, revient, réponds, qu'est-ce que tu lui as fait ? »

Mais Luan ne reparut pas cette fois.

Et Joe se releva comme s'il ne lui était rien arrivé, le sang ne coulait plus et ses vêtements souillés l'instant précédent étaient parfaitement propre, au point où les personnes présentes se demandaient si elles n'avaient pas rêvé.

Pendant ce temps, Schuller annonça que les renforts arriveraient dans deux minutes. Et Théo se demandait une fois de plus pourquoi un truand avait l'air de le connaître. Celui-ci était plus loquace que Dany Goldberg. Il serait peut-être capable de se rapprocher de lui et de le faire parler. Parce que Joe savait qui étaient ses parents.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire FrancescaCalvias ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0