Chapitre 6

5 minutes de lecture

Chapitre 6

Surpris, les deux hommes se retournèrent. Yves reconnut la voix de l'un de ses hommes.

Assise sur une poutre du plafond, l'enfant, le visage ensanglanté, riait comme pour se moquer d'eux.

-Que fais-tu ici Tony ?

Un policier en civil, ressemblant plus à un dealer qu'à un flic. Cheveux longs, bouclés, châtain foncés lui tombant presque sur les épaules, teint mat, arme à la main, bafouillait, visiblement très ennuyé et regardant manifestement vers la poutre où Elle se trouvait assise.

-Oh, Tony ! Hurla presque Yves. Tu veux bien arrêter de regarder le plafond et me dire ce que tu fais ici et accessoirement pourquoi tu me braques avec ton flingue ?

La petite fille lança un sourire narquois à Tony et Théo eut l'impression que le policier aussi pouvait la voir. Mais comment était-ce possible ? Pouvait-elle ainsi se montrer à qui elle voulait ou seulement à certaines personnes ? Et Yves ? La voyait-il aussi ? D'accord cela le rassurerait. Si c'était le cas, il n'était pas fou et cette enfant n'était pas son « amie imaginaire », mais quand même... Il avait toujours eu les pieds sur terre. Il ne croyait pas aux fantômes, revenants et autres immortels dont il avait, au cours de son enfance à Kerwaremm, très souvent entendu parler. La fameuse légende de Castelmirail... Qui ne la connaissait pas à Nirgends et principalement dans la capitale ? Le château, le fameux château de l'Organisation du Cercle de Tollwut... Pour lui, ce n'était qu'une légende de plus dans ce pays inséré au milieu de la Bretagne aux milliers de légendes. Une organisation mafieuse surnaturelle dominant le monde et installée à Nirgends depuis des siècles et dont le fondateur, Vladimir Borsky, né au 16ème siècle, serait encore vivant ? Non. Il y avait des limites. C'était comme la légende du Chien Noir qui hantait les étangs, la chaîne qui avait servi à l'attacher à un bloc de pierre pour le tuer, toujours attaché à son cou ? Non plus...

-Tu en es bien sûr Théo ?

Encore elle ! Elle était devant lui maintenant, à quelques mètres du petit groupe formés par les deux policiers et le jeune garçon. Et en quelques secondes, elle prit l'apparence d'une petite fille ensanglantée tenant dans ses bras un Nounours et une bombe, une petite fille un peu plus grande, toujours ensanglantée munie d'une ceinture d'explosifs, puis d'une jeune adolescente munie d'une hache, et enfin d'une jeune adulte à l'air triste... Si triste...

Théo ne put s'empêcher de frissonner.

-Il te voit ? Le policier qui vient d'arriver ?

Elle sourit tristement.

-Toi chef ? Fit Tony. Et Théo ? Je... Je ne vous avais pas reconnu tous les deux. J'ai reçu un coup de fil complètement débile signalant un vol, et... commença t'il. Mais son chef ne le laissa pas aller plus loin. « Mais c'est quoi cette histoire à la fin ! ».

-Oui je la vois ! Répondit le policier par télépathie à Théo qui sursauta, ne s'attendant absolument pas à cela. Depuis des années elle ne lui apparaissait qu'à lui... du moins il le croyait. Il en était moins sûr à présent. Il regarda en direction de la petite, elle riait comme si elle lui avait joué un bon tour, mais ce regard triste qu'il ne remarquait finalement qu'aujourd'hui était toujours présent. Il avait toujours été présent depuis son arrivée dans sa vie.

-Qui êtes-vous ? Demanda Théo à Tony silencieusement.

-Pourquoi tu es venu seul Tony ? Interrogea le commissaire qui ne se doutait de rien.

-Ben parce que Jimmy est en pause déjeuner, il avait un rencart avec son frère au resto et j'ai pas été invité. Je ne suis pas assez bien pour le commissaire divisionnaire Navenec senior. Je ne suis pas une fréquentation pour son frère. Lança Tony désabusé.

-Je suis l'inspecteur Tony Dufour, tu me connais au moins de vue non ? Répondit-il par transmission de pensées.

-Tu connais JP, sourit Yves.

-Ouais. Il a un graaaaaaand respect de la hiérarchie et un zeste de racisme. Je suis trop basse classe pour lui. Il aime pas les Costaverdiens et encore moins trop près de son précieux ptit frère pour qui il a de si hautes ambitions !

-Costaverdien ? J'ai déjà entendu ça... Vous venez du Costa Verde ? Mais votre nom...

-Quand tu auras fini ta crise de jalousie et puisque tu es là, Tony, tu vas prendre l'enquête en mains. Avertis le gérant de HACK pour voir s'il y a eu vol.

-OK chef, acquiesça Tony. J'avertis Harold aussi ?

« Mon vrai nom est Antonio Valderama, j'ai été adopté, mais laisse ta curiosité au placard petit... Je te conseillerais de te tenir aussi éloigné de cette affaire que possible »

Le commissaire crut qu'il allait s'étrangler. Théo aussi.

-Qu'est-ce-ce que tu viens de dire Tony ?

Son subalterne le regarda étonné.

-Ben je te demande si je dois avertir Harold aussi. Il n'apprécierait peut-être pas d'être mis au courant par son gérant et non par la police d'une tentative de cambriolage dans son précieux entrepôt... Qu'est-ce qu'il y a de si bizarre à ça ?

-Quand tu dis « Harold », tu parles de Harold Kramer ?

-Ben, tu connais beaucoup de mecs dans le coin qui portent ce prénom toi ? Rétorqua Tony.

-Parce que tu vas me dire que tu SAIS où se trouve Harold Kramer ? Tout le monde le croit mort...

-Je ne sais pas où il est en ce moment. Je sais le contacter, nuance. Mais il n'est pas plus mort que toi et moi!

« Par télépathie ? » interrogea Théo. « Harold Kramer n'est pas mort ? »

La fillette intervint « Arrête de lui poser des questions Théo ! Écoute les conseils, fiche le camp, mets toi à l'abri, va à Malemort »

-Mais comment... Interrogea Yves. Oh et puis peu importe, ce n'est pas le moment des explications. Théo et moi sommes sur une piste sérieuse, daigna tout de même expliquer Yves à Tony qui leur souhaita bonne chance avant de s'en aller chercher le gérant de HACK.

Mais pourquoi diable était-ce Tony qui était venu sur place, et tout seul, alors que c'était Navenec qui était de garde ? Ils travaillent toujours à deux. Même au restaurant Navenec aurait reçu l'appel sur son portable et serait venu. Jamais son frère JP ne l'aurait empêché de se rendre sur une mission. Et surtout, surtout, comment diable Tony pouvait-il avoir gardé contact avec Harold Kramer, que la plupart des gens, et des flics, croyaient mort ?

-Ecoute-là et va t'en ! Lança Tony à Théo. Tu es en danger.

Ensuite le policier descendit l'escalier en courant et ne répondit plus aux appels mentaux de Théo.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire FrancescaCalvias ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0