Chapitre 4

5 minutes de lecture

Chapitre 4

Plus tard, à l'heure du déjeuner, chez Théo Stier qui l'avait invité. En effet, sentant son ami désemparé, Théo avait téléphoné à son travail pour expliquer qu'il ne viendrait pas cet après-midi car il avait une urgence familiale, mais que le travail serait fait pour le lendemain matin comme promis, Mercadier attablé devant un verre de bière belge, ruminait « Vingt-quatre heures ». Il est gonflé le maire. Mais pour qui se prend-il? Comment ose-t-il me menacer ainsi avec toutes les casseroles qu'il traîne derrière lui?

-Voilà de quoi te remonter commissaire ! Des steacks sauce béarnaise « maison » Annonça joyeusement Théo apportant un plat à l'air appétissant, un liteau sur le bras tel un serveur de restaurant.

Tout en dégustant sa viande, aussi délicieuse que la sauce, le commissaire ne parvenait pas à penser à autre chose. « Vingt-quatre heures pour éclaircir cette énigme. Et aucune piste à suivre ! Nous avons retrouvé le propriétaire de la BMW : ainsi que tu l'affirmais hier, un commerçant au-dessus de tout soupçon, à qui elle a été volée hier après-midi."

-Je me demande qui peut bien t'en vouloir au point de... Commença Théo, mais la sonnerie du téléphone l'interrompit. Tu permets ?

« Qui pouvait bien lui en vouloir au point de s'acharner ainsi contre lui ? » Songea Yves, continuant la phrase interrompue de Théo. Mais, devait-il vraiment se poser la question ? Ne le savait-il pas tout au fond de lui ? Ce n'était pas le maire. Ce dernier avait tout intérêt à ce que cette histoire soit enterrée. Dany Goldberg ? Mais pour quelle raison ? Il avait été acquitté. Il avait tout intérêt également à rester tranquille et à ne plus faire parler de lui. Et tout avait commencé le jour de l'anniversaire de la mort d'Axel Kramer. Axel serait-il encore vivant et chercherait-il à se venger ? Ou Harold ? Il avait disparu il y avait quelques années, incapable de se remettre de la mort de son fils. Certains le disaient mort. D'autres prétendaient qu'il s'était refait une vie à l'étranger avec sa femme. D'autres encore qu'il avait fait évader son fils et qu'ils s'étaient enfuis à deux. Mais c'était impossible. Harold faisait partie de l'Organisation. Et on ne fuyait pas ainsi l'Organisation. Elle vous retrouvait partout où vous alliez. Elle était pire que la Mafia. Et le maire qui n'hésiterait pas à lui faire porter le chapeau, sachant que oui, son père était ministre, mais qu'il ne lèverait jamais le petit doigt pour protéger son fils. Ancien SS, il l'avait élevé à la dure et lui avait inculqué le fait qu'il fallait assumer ses responsabilités. Au lieu de l'aider, si le maire le faisait tomber, son père lui en voudrait d'avoir « brûlé » le nouveau nom qu'il s'était procuré à la fin de la guerre pour ne pas être poursuivi.

Yves était bel et bien coincé.

Pendant que Théo répondait, l'enfant, apparut fugitivement à Yves, « Tu le sais qui t'en veux » Chantonna-t-elle. « Mets le à l'abri. C'est ton ami. Du moins tu le prétends... Tristan aussi était ton ami... Tu n'as pas assez de morts sur ta conscience ? » Reprit-elle, furieuse maintenant, sous l'apparence d'une jeune femme.

Yves savait parfaitement que l'apparition parlait de mettre Théo à l'abri. Seulement il connaissait son jeune ami et savait que jamais, à moins qu'il ne lui dise toute la vérité, et encore, le garçon n'accepterait de fuir le danger. Yves était trop terrifié par l'apparition que pour songer seulement à lui répondre. Mais la jeune fille lisait dans les pensées. « Il ne voudra pas je le sais, mais cherche un prétexte, envoie le en mission, trouve quelque chose. Tu me dois bien ça non ? »

-Bon Dieu, murmura Yves. Je suis en train de devenir fou. Tout ça c'était un accident. Ce n'était pas voulu... et Théo n'est pas flic, je ne peux pas l'envoyer en mission.

« Un accident ? Tristan c'était un accident ? Tu plaisantes j'espère? Et... »

Mais la fille n'eut pas le temps de terminer sa phrase, Yves avait compris. « Ce n'était pas moi la suite, je te le jure sur la mémoire de ma mère, ce n'était pas moi, j'étais parti de l'autre côté, j'avais renoncé »

« Jurer c'est mentir trois fois Yves. Et elle a bon dos la mémoire de ta mère... Tu ne sais même pas si elle est encore vivante... Et qu'est ce que tu vas jurer sur la mémoire d'une femme qui t'a abandonnée comme on abandonnerait un chien dont on ne veut plus »

Une fois de plus, Elle disparut.

Yves sentit les larmes lui monter aux yeux. "une femme qui t'a abandonnée comme on abandonnerait un chien dont on ne veut plus » Sa mère l'avait effectivement abandonné, ne supportant pas la ressemblance avec son père, le nazi qui l'avait violée dans un camp de concentration. Ah oui, il était un pur Aryen. Elle était Juive. Comment aurait-elle pu l'aimer? "Je me demande si elle pense encore quelquefois à moi", songea Yves. "Non. Pour quelle raison? Elle doit penser qu'avec mon physique et l'éducation que j'ai reçue, je suis devenu un parfait petit nazi, copie conforme de mon père..."

Quelques secondes de conversation, puis Théo, cachant le combiné de sa main le tendit à Mercadier. Pour toi commissaire.

Étonné, car personne ne pouvait savoir qu'il se trouvait chez Théo, Mercadier se saisit du téléphone.

-Allo ? Oui. Quoi !? Un cambriolage aux entrepôts HACK ? Mais pourquoi me téléphonez-vous à moi ? Faites le numéro d'urgence de la police bordel! Et ici ? Qui êtes-vous ? Répondez bordel de merde ! Mais son interlocuteur mystérieux avait déjà raccroché.

-Putain ! Il a raccroché, l'enfoiré. Tant pis pour tes steacks Théo. Nous devons filer, je t'expliquerai en route !

Théo, étonné, ne prit même pas la peine de changer son t shirt rempli de taches de cuisson et dévala l'escalier quatre à quatre à la suite de son ami.

Les entrepôts HACK, acronyme de "Harold, Axel, Christian, Kramer" il le savait, appartenaient à Harold Kramer, père d'AXEL Kramer... encore AXEL!

Assise sur la marche de l'escalier dans l'immeuble de Théo, l'ado se demandait que faire. Au fil des années, elle avait vu évoluer Théo et elle avait parfaitement compris qu'il était têtu et tenace. Il voulait VRAIMENT connaître la vérité, ses parents, sa naissance, sa vie et le pourquoi des choses. Si elle lui racontait la vérité, jamais il n'accepterait de se mettre à l'abri. Et si elle lui demandait de se mettre à l'abri sans rien lui expliquer, il n'accepterait pas non plus. Non. Cette affaire avait commencé dans le sang. Elle devrait se terminer dans le sang. D'ailleurs, se rappelait-elle, il refusait même de croire que le gouverneur était du « bon côté ». Fatalement. Ce serait comprendre et devoir admettre que les personnes qu'il connaissait n'étaient pas ce qu'elles semblaient être. Elle eut un sourire. Rien que si Théo apprenait qui était en réalité son ami Nikko, il en serait horrifié. Serait-il capable de le tuer ? Probablement, s'il avait hérité ne fût ce qu'une toute petite partie des gènes de ses parents...

Elle soupira. Et pourtant il faudrait qu'il l'apprenne un jour. L'Histoire était enclenchée maintenant. Elle ne pouvait plus s'arrêter. Plus rien ne pouvait l'arrêter. Que pouvait-elle faire pour essayer d'éviter l'affrontement ? La réponse était claire : rien. Pas même essayer d'entrer en contact avec Mark Winston. Et pourtant...

« Nikko » Lui souffla son cerveau. Non. Elle ne pouvait pas faire ça. Il était trop imprévisible. Il n'y avait eu qu'à voir sa réaction lorsque... Non, décida-t-elle. Pas Nikko. Pas encore. Plus tard peut-être.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire FrancescaCalvias ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0