CHAPITRE 40 : Savoir enfoui

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Sarina était terrorisée. Son ravisseur, celui qui la pourchassait depuis maintenant plusieurs mois, était, tout comme elle, un synthétique.

Pourtant, elle ne comprenait pas pourquoi il l'avait poursuivie aux quatre coins de la galaxie, alors qu'au final, il aurait pu prendre le contrôle de son corps cybernétique à tout moment. Comme si le Pisteur avait lu dans ses pensées, il se tourna vers elle et se mit à tout lui expliquer :

— Tu te demandes certainement pourquoi j'ai passé autant de temps à te chercher, Sarina Rem. C'est pourtant simple : il y a quelques mois, quand tu as été relâchée dans la nature, tu as réussi à glaner des informations compromettantes pour l'Alliance. Le fait que tu te trouves ici et que tu aies réussi à libérer les autres montre bien qu'elles commencent à émerger. Aussi mes supérieurs directs veulent savoir ce que tu sais. De plus, il semblerait que notre lien avec toi ne puisse plus être établi, et il faut que nous sachions pourquoi… Pour éviter que ça ne se reproduise.

Comprenant que l’Alliance et Atlan n’étaient en rien responsable de la rupture du lien entre les deux Synthétiques, elle sut que la symbiose avec le Charon en avait été responsable. Que son esprit avait été ainsi libéré.

— Mais je ne sais rien… mentit Sarina, malgré le fait d’être tenaillée par la peur.

Alors qu’il se dirigeait vers la console, le Pisteur soupira et étouffa un ricanement :

— Si seulement tu pouvais savoir comme je me moque de tes affirmations. Un Synthétique peut mentir sans sourciller. Et puis, pour moi, maintenant, ça n’a aucune espèce d’importance. J’ignore comment tu as fait pour te soustraire à notre contrôle, et j’ignore comment l’empêcher. Finalement, dans cette équation, il y a bien trop d’inconnues. La solution, quant à elle, est simplissime… Mes supérieurs m’ont demandé de te questionner et j’ai horreur de décevoir. conclut-il, une lueur de sadisme sur son demi-visage humain.

Le Synthétique enclencha alors un bouton et deux armatures en métal sortirent du sol. Puis elles se hérissèrent de pointes épaisses qui vinrent se ficher dans le long du squelette de la jeune femme. Malgré la douleur simulée dans son cerveau métallique, Sarina serra les dents et lança un regard de défi à son ravisseur. Celui-ci pencha alors la tête et, comme amusé, demanda à la jeune femme :

— Tu croyais peut-être que c’était ça la torture que j’allais t’infliger ? Non, crois-moi, ça va être bien pire.

Le Pisteur tourna alors un énorme bouton et en pressa un autre. Soudain, un sifflement aigu se fit entendre et le corps de Sarina se mit à trembler, si bien que la jeune femme se fit à claquer des dents. Pendant quelques secondes la douleur fut particulièrement intense tant le courant électrique qui parcourait son corps. Voyant les larmes qui s’étaient formées au bord des yeux de la jeune femme, Atlan arrêta momentanément son appareil et reprit alors avec un large demi-sourire, satisfait par la douleur infligée :

— Tu vois, il ne s’agissait que du plus petit voltage que je pouvais infliger à ton corps et tu vois déjà à point c’est difficile à supporter. Et à chaque fois, on va monter d’un cran jusqu’à ce que ce que tu me dises tout ce que tu sais. Personnellement, j’aurais préféré te tuer tout de suite, mais on m’a donné des ordres très clairs.

Le Pisteur tourna de nouveau le bouton et enclencha son appareil. Le sifflement réapparut et sous le regard empli de sadisme d’Atlan, Sarina poussa un hurlement déchirant qui aurait percé les tympans de quiconque se serait trouvé dans la pièce.

— Je crois qu’on va bien s’amuser. lâcha alors Atlan en stoppant de nouveau son appareil.

* * *

Tiana s’installa avec difficulté sur son fauteuil tandis que Tooms essayait par tous les moyens de zigzaguer entre les tirs des croiseurs. Par chance, ils avaient à leur disposition l’invention de Mei qui les empêchait d’être touchés par le moindre éclair, réglant ainsi le problème lié au caractère agité de l’atmosphère de Terra. Cependant, si l’arrivée sur la planète avait été simplifiée par l’intervention surprise du Peacemaker et de son équipage, le départ, quant à lui, semblait voué à un destin funeste. En effet, même si le système de camouflage de la jeune Azrienne masquait la fuite du Charon, il n’en était pas moins difficile de manoeuvrer le cargo entre les tirs drus des croiseurs qui faisaient feu depuis l’Espace.

Sur la passerelle, la Capitaine serrait les accoudoirs de son siège entre ses longs doigts tant elle craignait pour la vie de son équipage. Tellement qu’à chaque secousse, le coeur de la jeune femme battait à tout rompre. Par chance, l’adresse de son pilote était sans équivalent, et même si parfois, le vaisseau était touché, les boucliers énergétiques recevaient les dommages à la place de la coque.

— Boss ! beugla Tooms, totalement paniqué. On fait quoi ? On va pas pouvoir passer !

Fry se jeta alors droit sur l’intercom. Elle savait que sa seule alternative était un coup de génie de la part de sa mécanicienne. Mais elle n’eut pas le temps de se pencher pour appuyer sur le bouton que déjà, Tooms effectuait une manoeuvre risquée. Le Charon passait près des flèches de pierre en lévitation, les utilisant comme des boucliers physiques contre les tirs émanant des croiseurs de l’Alliance.

— Mei ! hurla Tiana alors qu’elle enfonçait le déclencheur de l’intercom. Dis-moi que tu as une idée… Je t’en supplie.

À l’autre bout, la jeune Azrienne s’écria :

— Pas pour l’instant. Et j’ai moi-même des problèmes ici.

Soudain une énième secousse agita le cargo et fit valser les occupants qui ne s’étaient pas accrochés à quelque chose. Toujours sur le qui-vive, Ash s’écria :

— Boss ! Les boucliers : ils sont presque à sec. Si on fait rien…

Mais le timonier n’avait pas besoin de terminer sa phrase. Fry le savait : si un tir les touchait encore, la coque commencerait à être percée de part en part jusqu’à devenir un amas de débris spatiaux.

— Mei, essaie de donner plus de puissance aux boucliers ! Sinon on est morts ! hurla l’ancienne militaire, totalement paniquée.

La réponse de la jeune alien fut sans équivoque :

— Les générateurs envoient tout ce qu'ils peuvent. lui répondit la mécanicienne, affolée. Ça va nous claquer entre les doigts si on lui en demande encore plus…

Soudain, le vaisseau commença à virer de bord, sans que Tooms n’ait fait aucun mouvement. Il évitait de lui-même les tirs, comme si la propre conscience du vaisseau venait de s’éveiller. Un autre phénomène étrange se produisit juste après : une longue et puissante plainte retentit dans les couloirs du Charon. Un cri que Tiana ne mit pas longtemps à reconnaître : il s’agissait de la voix de Sarina, qui semblait souffrir comme jamais.

Le cri fut suivi d'un soupir, et d'une déclaration, ressemblant plus à un murmure :

— Je te dis que je ne sais rien...

Puis un autre hurlement glaçant résonna, laissant Tiana dans l'incompréhension la plus totale. Cette dernière s'adressa à Tooms qui venait de se retourner et qui la regardait le visage blème et les yeux écarquillés :

— Dis moi qu'on a tous bien entendu ça et que je deviens pas folle… demanda-t-elle à son pilote.

Le timonier acquiesça avant de se retourner vers l'avant du vaisseau. En effet, lui aussi avait entendu les cris de sa demi-soeur.

— Ça, oui je l’ai entendu. Et je peux t’assurer que ça a pas intérêt à être ce que je pense...

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