CHAPITRE 38 : Conséquences

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Pénétrer à bord du Charon n’était pas extrêmement compliqué pour un homme dans son genre. Il disposait d’années d’expérience ainsi que d’une technologie hors pair, notamment un système de camouflage portatif particulièrement efficace et utile pour un Pisteur comme lui. Il avait simplement attendu que la Hover-Car transportant Fry et ses trois amis fût à bonne distance et il s’était fait transporter dans un recoin sombre de la grotte, où personne n’aurait eu la possibilité de le voir. Le plus simple dans son infiltration avait été que l’immense soute n’était même pas gardée. À croire qu’ils n’imaginaient pas qu’on puisse transporter quelqu’un d’aussi dangereux que lui aussi près du cargo. Derrière son masque fissuré, Atlan souriait :

Quelle bande de crétins arrogants !” se dit-il tandis qu’une Azrienne suivie d’un humain longiligne lui passaient devant sans le voir.

Patientant, il se mit alors à les écouter pour trouver le point faible de Tiana Fry. Car son plan était déjà au point…

— Arrête-toi deux minutes, s’il te plaît. plaida Ethan, voyant que Mei faisait tout pour le distancer. Qu’est-ce que je t’ai fait ?
— Ce que tu as fait ? Tu m’as juste laissé tomber, Ethan ! répliqua la jeune femme. On est ensemble ou pas ?

Tiens, une querelle d’amoureux. Ça peut être intéressant.”

— Je n’ai rien dit simplement parce qu’elle a raison. Tu es sans doute la meilleure mécanicienne qui soit mais tu sais très bien qui est au-dessus. Si c’est Atlan, il n’hésitera pas à tous nous faire tuer et on devra être prêt à partir en vitesse.

Au moins, cette raclure n’a pas tort. Je n’aurais pas hésité un seul instant.”

La jeune alien croisa ses bras sur son torse et fixa le sol, gênée de s’être emportée contre son compagnon.

— Tu as raison, désolée. répondit la jeune femme tandis que Seilah arrivait.

Soudain, la jeune Azrienne tourna brusquement la tête vers Atlan, comme si elle le voyait, alarmant ses deux amis par la même occasion :

— Que se passe-t-il ? demanda la Demoréenne.

Mei huma l’air autour d’elle, puis se retourna vers ses deux amis.

— Je n’en suis pas certaine. Ce n’est sûrement rien. J’avoue qu’avec toutes ces nouvelles odeurs et l’électricité dans l’air, mes sens sont un peu détraqués. Et malheureusement ce n’est pas quelque chose que je peux réparer comme cette fille-là. expliqua-t-elle en désignant le Charon.

— Bon, dans ce cas, pas besoin de s’inquiéter pour rien. déclara Tooms en arrivant depuis la passerelle.

Ouf. Ce n’est vraiment pas passé très loin, ce coup-là…”

Soudain, le ronflement de la Hover-Car où se trouvait Tiana Fry et ses trois camarades se fit entendre depuis les plaines rocailleuses de Terra.

* * *

À bord de son véhicule, Tiana se dirigeait à haute vitesse vers la grotte où était posé le Charon. Elle se posait une ribambelle de questions : sa rancoeur l’avait-elle guidé vers la bonne décision ou est-ce qu’Alistair avait eu raison ? Est-ce que la procédure allait créer une nouvelle race pacifique ou cette dernière allait-elle se retourner vers leurs créateurs humains, sans faire la distinction entre les différentes factions ? Si cette option se vérifiait, les conséquences sur la galaxie entière pourraient être désastreuses.

Fry ne s’imaginait pas vivre avec un tel poids sur la conscience. Sarina lui avait dit qu'elle doutait que les Synthétiques tentent quoi que ce soit de répréhensible parce qu'ils seraient uniquement libéré du contrôle de l'Alliance et qu'ils auraient conscience de leur véritable nature. Mais Tiana n'était pas tranquille. Elle avait déjà vu ce que le manque de liberté avait provoqué chez les Indépendantistes et craignait qu’il en soit de même avec les êtres comme Sarina.

Enfin de retour près du Charon, la petite troupe s’attendait à voir arriver l’intégralité de l’équipage restant. Mais rien. Personne n’était là pour leur souhaiter la bienvenue ou leur demander ce qu’il en était… Ce que Tiana trouvait particulièrement étrange. Aussi dégaina-t-elle son blaster et lança à ses équipiers :

— Faites gaffe. Il y a quelque chose qui cloche.

Pour toute réponse, ses trois camarades sortirent leurs calibres et les armèrent. Se disant que s’il s’était senti en danger, le reste de l’équipage se serait enfermé dans le mess, la Capitaine se dirigea précipitamment vers la salle réservée aux repas. Elle y découvrit les deux corps inanimés de Seilah et d’Ethan, au sol, ainsi que Tooms et Mei qui gigotaient. Ils avaient été attachés et étaient sous la garde d’Atlan.

Voyant arriver sa supérieure, Ash coupa l’herbe sous le pied de son agresseur, et s’exclama :

— Boss ! Alors cette virée ?
— Cauchemardesque. Mais on a réussi à créer la nouvelle race des Synthétiques.

— Pardon ? Vous avez quoi ? s’écria-t-il, choqué.

Mais le pauvre timonier ne put terminer sa phrase : le Pisteur venait de l’assommer d’un coup sec de son blaster. Le pilote tomba alors brutalement sur le sol. Pensif, Atlan déclara d’une voix presque doucereuse :

— Ainsi, vous l’avez fait. Vous avez réussi à libérer tous les Synthétiques créé par D.I.M.A.. Je dois avouer que je suis impressionné.

Puis voyant que Daniels esquissait un mouvement en avant, le Commandant se retourna vers lui, le menaçant de son arme :

— Et je vous conseille à tous de rester exactement où vous vous trouvez. Toi aussi, l'abruti.

— Tu vas me le payer. lança Fry, un air de défi sur le visage. C’est à moi que tu en veux. Pas aux autres !
— C’est là que vous faites erreur, Capitaine. D’ailleurs, je pensais que vous vous étiez fait dévorer par les Charognards sur Sieran. Dommage de voir que je me suis trompé.

— Ravie que ça vous dérange. répondit l’ancienne militaire, faussement polie.

Avec toute la condescendance dont il pouvait faire preuve, Atlan commençait à lui porter sur les nerfs, si bien que, cassante, elle reprit :

— Que voulez-vous ?

Le Pisteur répondit alors du tac au tac :

— La même chose que la dernière fois. Je veux votre amie synthétique. Et je n'hésiterai pas à vous tuer tous pour ça.

Le Commandant se tourna alors vers Mei et dégaina son sabre :

— Par magnanimité, je n’ai encore tué personne, mais vous savez que j’en serais totalement capable si l’envie m’en prenait. Maintenant remettez-la moi ou je commence à tuer chacun des membres de votre équipage en commençant par elle. dit-il en désignant la petite Azrienne.

Quelques instants passèrent pendant lesquels personne ne bougea. Puis le Pisteur, pensant certainement que Fry ne le prenait pas au sérieux, approcha la lame de son sabre de la gorge de Mei. Soudain, une voix claire s’éleva : c’était Sarina qui venait de crier.

— Non !

Derrière son casque, Atlan souriait. Il avait réussi à la faire craquer.

— Je viens avec vous mais à une seule condition : laissez-les tranquilles.
— Je crois que tu n’as pas bien compris comment ça fonctionne : je suis en position de force et donc tu n’as pas voix au chapitre. Cependant, je veux bien t’accorder cette faveur.

Le Pisteur poussa alors la jeune Azrienne du pied vers l’avant, la faisant tomber au sol.

— Avance, toi ! ordonna-t-il sèchement. Et vous autres, pas de coup en traître. ajouta-t-il à l’intention des trois autres amis qui, impuissants, regardaient la Synthétique s’avancer vers lui.

N’écoutant que sa compassion, Sarina arriva à la hauteur de Mei et la releva avant de la serrer dans ses bras et de lui murmurer quelque chose à l’oreille avant de l’embrasser sur le front. L’alien, quant à elle, écarquillait les yeux, comme troublée par ce que venait de lui dire la jeune femme.

— Dépêche-toi ! intima le Pisteur à la Synthétique qui n’avançait plus.
— Deux secondes. Je viens de lui demander d’être forte. Vous pouvez au moins nous donner ce temps, non ? tonna Sarina, énervée par la froide attitude d’Atlan.

Surpris par une telle réponse, le Commandant se tut avant de voir sa future prisonnière se diriger de nouveau dans sa direction. Quand elle arriva enfin, il la prit par l’épaule. Ce contact non-voulu mit mal à l’aise la jeune femme qui essaya de se défaire de la prise d’Atlan, sans succès. De l’autre côté de la pièce, Jack grogna, tel une bête, prêt à bondir sur l’agresseur de sa compagne. Puis Atlan reprit la conversation :

— Merci beaucoup, Capitaine Fry. Et profitez bien du temps qu’il vous reste à vivre. dit-il avant d’appuyer sur un bouton à sa ceinture et de disparaître dans un éclat de lumière.

Comprenant la menace à peine voilée du Pisteur, Tiana se rua vers Mei pour la détacher. Elle en profita également pour donner ses ordres :

— Doc, Jack, réveillez les autres. Si ce salopard nous a trouvés, c’est qu’ils savent où nous sommes et qu’ils vont pas tarder à jouer du canon orbital.

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