CHAPITRE 35 : Terra

5 minutes de lecture

À bord du vaisseau de cette dernière, une effervescence avait conquis l’équipage depuis l’appel providentiel de Larck. Assise dans son fauteuil, elle distinguait la coque allongée du destroyer de son ami qui devait faire plus d’une fois et demi la taille de son cargo. Le Peacemaker alluma pendant un court instant son moteur subluminique et se rapprocha rapidement du blocus. Il lui fit ensuite feu dessus, prenant une simple frégate pour cible. La réponse fut sans appel : plusieurs croiseurs tirèrent sur le destroyer sans arriver à le toucher.

— Franchement, Zee est presque plus douée que moi ! s’exclama Tooms en voyant les manoeuvres d’évitements effectuées par le Peacemaker.
— Te dévalorises pas. lui répondit Tiana en souriant. Tu es exceptionnel à ton niveau, Ash.

Fry vit alors le destroyer de Byron prendre la fuite et entraîner plusieurs vaisseaux dans son sillage. Comprenant la manoeuvre effectuée par Larck, elle ordonna à son pilote de s’élancer dans l’ouverture dégagée :

— Ash, c’est notre ticket d’entrée ! s’écria-t-elle. Fonce !

Le pilote s’exécuta et entreprit de passer la rangée de croiseurs tandis que ceux-ci se repositionnaient. Aux quatre coins du vaisseau, les membres de l’équipage retinrent leur respiration alors que Tooms les faisait passer le barrage. Ils n’osaient pas faire un seul bruit, comme si le moindre son pouvait se propager dans le vide.

Cependant une autre pensée vint à l’esprit de Tiana lorsqu’elle constata que sans Byron Larck et les siens, ils n’auraient pas pu aller jusque là. Avec le silence radio qu’ils s’étaient imposés pendant la descente jusqu’à la surface de la planète artificielle, elle n’eut que ses pensées pour émettre un voeu de félicité pour le corsaire et son équipage. Elle ne doutait pas de son talent mais, depuis ses dernières confrontations avec Atlan, elle avait tendance au pessimisme.

Ayant passé le blocus, la prochaine étape était la fastidieuse descente vers la surface de Terra. Fastidieuse, oui, car il fallait être assez rapide pour éviter la moindre détection de la part de l’Alliance, mais également ne pas trop l’être pour ne pas être désintégré par l’atmosphère de la planète.

Aux commandes du cargo, Tooms était plus que tendu, la longueur de la manoeuvre risquant toujours plus de les exposer, lui et ceux qu’il avait à bord, à un feu nourri des vaisseaux en orbite. Cependant, ce n’était pas le pire : lorsque le pilote eut terminé de traverser les couches externes de l’atmosphère, il découvrit avec horreur que cette dernière était entièrement chargée électriquement. Voyant la situation critique dans laquelle ils étaient, le timonier mit toute sa dextérité à profit pour éviter les arcs de foudre qui zébrait le ciel.

De son côté, Tiana avait prévenu l’équipage qu’il allait y avoir quelques turbulences et ne fut pas surprise de voir arriver précipitamment Sarina. La Synthétique, autant inquiète qu’intriguée, était venue aux nouvelles et ne semblait pas le moins du monde dérangée par le pilotage chaotique de son frère.

— Ça y est. déclara-t-elle, comme soulagée d’un poids. Nous y sommes…

La Capitaine la regarda et remarqua qu’elle ne trahissait aucune expression excepté celle de la détermination. Inquiète, elle demanda à la Synthétique :

— Ça te rappelle quelque chose ?
— Par moment, oui. Mais pas grand chose, je dois bien l’avouer.

Puis soudain, un bip de plus en plus rapide indiqua une imminente décharge d’ozone juste au-dessus du Charon : l’éclair était attiré par la coque métallique du cargo qui fonctionnait comme un immense paratonnerre.

— Attention ! prévint Tooms. Celui-là, il va faire mal !

La secousse qui suivit fut d’une telle violence que même l’adroite Sarina dut s’accrocher à quelque chose pour ne pas tomber. Voyant sa soeur en difficulté, le pilote lui présenta ses excuses :

— Désolé, petite soeur. J’ai pas pu l’éviter, celle-là.
— C’est pas grave. répondit cette dernière. Mais je crois qu’il va falloir trouver un abri et vite si nous voulons éviter d’être complètement grillés en plein ciel.
— Bonne idée. acquiesça Tiana. Des suggestions ?

— Pourquoi pas une grotte ? lança Daniels qui, lui aussi, venait d’arriver sur le pont principal.

Tiana hocha la tête et donna l’ordre à son timonier de chercher une telle ouverture assez grande pour pouvoir y loger le vaisseau. Au même instant, Sarina s’installa à l’une des consoles adjacentes et rechercha un bâtiment similaire à celui qu’elle avait dans ses souvenirs. Elle le trouva rapidement et transmit l’information :

— J’ai trouvé notre destination, Capitaine. Un complexe de l’Alliance, j’imagine. Dans une dizaine de kilomètres.

L’ancien Sergent se tourna alors vers son pilote, qui s’écria :

— Moi aussi j’ai trouvé ! Une grotte à quelques kilomètres de tes bâtiments. Je vais m’y poser et on ira avec la Hover-Car…

— Dans ce cas, je vais prévenir Mei. On va avoir besoin d’un truc ou deux pour passer cet orage.

La Capitaine acquiesça et l’artilleur se retira vers la salle des machines. Quand celui-ci arriva enfin là-bas, il trouva Mei en compagnie d’Ethan. Celle-ci était préoccupée :

— Qu’est-ce qui se passe, gamine ? lui demanda Jack.

— Elle est stressée par le traitement qu’Ash fait subir au Charon

La jeune alien n’était cependant pas disposée à discuter. Aussi elle lui fit savoir :

— On a quelques problèmes avec nos boucliers et j’ignore totalement ce que je vais pouvoir faire pour arranger les choses.
— Pourquoi ne pas essayer de les polariser ? Si ce n’est que de l’énergie, on pourrait y charger un courant électrique pour que les...
— … éclairs arrêtent de nous frapper ! C’est brillant, Ethan ! s’exclama Mei en embrassant son compagnon avec fougue.

Choquée par sa propre audace, la jeune Azrienne se recula d’elle-même. Puis elle se remit au travail et s’agrippa aux tuyaux qui couraient le long de la salle et commença à mettre en branle son plan d’action.

* * *

À bord de son vaisseau, Atlan fixait l’immensité sidérale de l’Espace à travers la vitre de son bureau. Il s’était mis à songer à sa prochaine affectation et espérait qu’elle serait des plus calmes comparée à la poursuite de la Synthétique dénommée Sarina Rem.

Soudain, un signal sonore lui indiqua qu’on souhaitait lui parler sur la passerelle. Il se dirigea sur un piédestal sur lequel était posé son casque et le prit. Le Commandant passa ses doigts sur les fissures qui ornaient la visière sombres. Bien sûr, elles avaient été réparées mais les stigmates de la grenade de Daniels étaient encore visibles.

Après une énième sonnerie, il enfila ledit casque et s’écria :

— Entrez !

Le Caporal Rhys fit alors son entrée : il bombait le torse et semblait particulièrement fier de lui, ce qui n’échappa point au Commandant qui lui demanda :

— Vous avez trouvé quelque chose, n’est-ce pas ?
— Oui, Commandant. répondit l’autre, toujours aussi fier.

— Montrez-moi.

Rhys tendit alors à son supérieur une tablette avec quelques renseignements inscrits dessus. Ce dernier s’empara de l’objet et lut avant d’éclater de rire. Le Caporal, quant à lui, était interloqué.

— Monsieur ? Tout va bien ?

— Oh, ça oui, Caporal. Tout va très bien.

Ils étaient tellement prévisibles. Grâce à lui, ils avaient découvert qu'elle les avait trahis. Malgré cela, ils avaient choisi de la sauver et maintenant ils cherchaient à savoir d'où elle pouvait venir. Cette bande d’idiots aurait tellement mieux fait de la lui livrer comme il le lui avait ordonné...

— Je peux faire quelque chose de plus ?
— Non, Caporal. Je vais m’occuper de cette nuisance moi-même. déclara-t-il.

Annotations

Vous aimez lire Alexander Williams ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0