15 - L'Epsilon Oméga (2/2)

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Ainsi, il se rendit au deuxième étages de l'aile Est afin de rejoindre la salle de cours du professeur Odilon. Son bureau se trouvait derrière une porte en bois, au bout de l'amphithéâtre. Édouard frappa trois coups avant d'être invité à entrer. Il poussa la porte grinçante pour pénétrer dans une petite pièce remplie de trophées et de cadre photos.

Édouard ne put s'empêcher de poser les yeux sur chacune des coupes et des différents prix qu'arborait le vieux professeur à la robe miteuse. Sur les murs, les photos montraient surtout des équipes de Quidditch et des joueurs qui devaient avoir bien vieillis depuis. Édouard remarqua même un joueur apparaissant souvent dans chacun des cadres. Il était souriant jeune et plutôt grand. Ses sourcils noirs et broussailleux rappelèrent immédiatement quelqu'un à Édouard.

— Est-ce que c'est vous ? demanda-t-il en montrant les cadres accrochés au mur.

— Oui, fit-il avec nostalgie, assis derrière son petit bureau en bois, cela ne me rajeunit pas. Je t'en prie, installes-toi.

Édouard s'exécuta sans quitter des yeux les différentes photos.

— Avant d'être professeur ici, commença-t-il en nettoyant ses lunettes, je jouais au Quidditch. J'ai même joué en équipe de France. On a été champion du monde il y a quarante ans !

— Wouah ! s'exclama Édouard impressionné

— Oui mais malheureusement, ma carrière s'est interrompue après une chute de balai lors d'un match contre les Corsaires de Nantes. À l'époque je jouais pour les Tapesouafles de Quiberon.

Édouard écoutait attentivement le discours d'Odilon et fut surpris d'apprendre qu'il était un grand joueur de Quidditch.

— Si je vous ai convoqué c'est parce que j'ai un présent pour vous, poursuivit-il en se levant de son fauteuil rouge. J'ai entendu dire que vous vous plaigniez de ne pas avoir votre propre balai.

— Et bien c'est à dire que...

— Ne vous inquiétez pas, je sais ce que c'est, coupa-t-il en se dirigeant vers une malle entre deux étagères de coupes. Voler avec un balai qui ne vous appartient pas, c'est comme jeter un sort avec une baguette qui ne vous obéit pas. C'est presque impossible.

Il ouvrit la malle avec délicatesse sans qu'Édouard ne puisse en voir le contenu. En tout cas, il semblait comprendre la détresse d'Édouard.

— Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais ce que vous avez réalisé lors du premier match contre les Tentacules était remarquable avec un balai comme l'Astiqueur. Je pense donc que vous méritez de posséder cette petite merveille.

Ainsi, il sortit de cette malle, un magnifique balai flambant neuf et entièrement blanc. Du manche jusqu'aux brindilles, il étincelait de blancheur. Édouard n'avait encore jamais vu cela. Il semblerait-même que ce balai n'était pas mentionné dans son livre de Quidditch. Odilon posa délicatement le balai sur le bureau pour qu'Édouard puisse le voir en détail.

Il n'y avait aucune inscription sur le manche. Le bout était finement sculpté comme la plupart des objets décoratifs elfique. Édouard était comme hypnotisé. Il voulu le toucher, sentir le bois contre sa paume. Lorsqu'il fut assez près, il sentit comme un pouls à l'intérieur des veines du manche.

— Jeune homme, présenta Odilon, je vous présente l'Epsilon Oméga. C'était mon balai, j'ai gagné la coupe avec les Canaris il y a près de 80 ans avec ce balai. Il est temps qu'il trouve un nouveau propriétaire...

— Quoi ?... mais... je ne peux... bégaya-t-il, incapable de trouver les mots

— Aujourd'hui encore, ce balai déchaine les passions. On ne sait pas de quand date sa création. On ne sait même pas s'il existe un autre exemplaire. C'est un balai qui n'a pas de valeur. Je le tiens d'un très vieux joueur qui le tient lui même d'un autre joueur etc. Et ce depuis des générations !

— Vous êtes en train de me dire que ce balai pourrait être encore plus vieux que l'Astiqueur ? demanda Édouard qui se demanda soudain si ce cadeau valait vraiment le coup.

— Évidemment qu'il est plus vieux, réagit Odilon, mais il est aussi très mystérieux. Je dirais que ce balai est comme le bon vin : il s'améliore en vieillissant. En fait, je pense qu'il réagit en fonction de son propriétaire.

— Que voulez-vous dire ?

— Ce balai est passé de mains en mains, monsieur Vittel, de nombreux sorciers ont pu apprécier son aérodynamisme et sa vitesse. Mais très peu ont su le maitriser convenablement. Cela dépend vraiment du caractère et de la personnalité du propriétaire.

— Un peu comme les baguettes magiques ? Demanda Édouard avide d'en savoir plus

— Exactement, répondit Odilon en se rasseyant dans son fauteuil. De nombreux sorciers et sorcières s'en sont débarrassés, jugeant que c'était le pire balai de course ayant existé. Mais moi je pense totalement le contraire. C'est le plus mystérieux, certains pensent qu'il est même vivant !

— Et vous pensez que je pourrais le maitriser ?

— Je ne pense pas, admit-il, j'en suis sûre !

Édouard n'en revenait pas de recevoir un tel cadeau. Dès qu’Odilon le libéra, il se précipita vers le dortoir pour montrer son balai à Charles.

— Wouah ! S'exclama ce dernier en découvrant le manche blanc finement sculpté, je ne savais pas qu'un tel balai pouvait exister !

— Moi non-plus, affirma Édouard qui ne cachait pas sa joie, j'ai hâte de l'essayer contre les Tentacules !

Il ne dut pas attendre bien longtemps avant de l'enfourcher. C'était donc le jour de Noël et les Pégases se retrouvèrent au stade d'entrainement pour cette rencontre non-officielle. Peu de monde s'étaient déplacés pour cette rencontre. D'une part parce qu'il faisait très froid dehors, et d'autre part parce que les élèves ignorait qu'une rencontre avait lieue ce jour là. Seul Charles et quelques élèves se déplacèrent. Mais dans les vestiaires, l'ambiance était autrement plus excitée.

— C'est formidable Édouard ! s'exclama Jérémy qui avait retrouvé son sourire. Je compte sur toit pour rivaliser avec les éclairs de feu des poursuiveurs adverses !

Ainsi, les joueurs se retrouvèrent au centre du terrain enneigé. Pour cette rencontre, c'est un élève de terminale, joueur des Dragons rouges qui arbitrera. Les deux capitaines se serrèrent la main dans cette atmosphère glacée. Les équipes avaient revêtue leurs tenue pour pouvoir revivre le match d'il y a quelques jours.

Édouard avait fière allure avec sa tenue de Pégase assorti à son nouveau balai. Tandis qu'il empoigna le manche pour enfourcher l'Epsilon Oméga, il vit Odilon s'assoir aux cotés de Domptin pour suivre la revanche. Le vieux professeur de protection à la magie noire adressa un clin d'œil amical afin de soutenir Édouard. Rassuré et impatient de décoller, il sentit son cœur battre la chamade, en rythme avec les pulsations de l'Epsilon.

Édouard sentit que le balai était impatient de s'envoler à son tour. Il devait attendre depuis une éternité dans cette malle. Édouard s'élança alors en ressentant une explosion de joie dans ses entrailles. Il avait l'impression de voler avec une telle légèreté et une telle fluidité qu'il se sentit presque en apesanteur. Malgré le froid giflant son visage, il arborait un large sourire qui amusa ses coéquipiers.

— Ça va Ed ? plaisanta Gaëlle lorsqu'il se positionna à ses cotés, tu as l'air radieux

— C'est indescriptible, Gaëlle, lui répondit Édouard, j'ai le sentiment qu'on va les pulvériser !

Elle sourit de plaisir, impatiente à son tour d'en découdre. Le terminal siffla en lâchant les cognards et le souafle. Aussitôt, le capitaine des Tentacules se jeta sur la balle rouge avec son éclair de feu pour filer vers les anneaux d'Helena.

Lors du match allé, Édouard était incapable de rivaliser avec les éclairs de feu. Mais aujourd'hui, il se sent en pleine confiance et s'agrippa fortement au manche dans l'intention de rattraper François. L'Epsilon répondait incroyablement à tous les ordres d'Édouard. Ce dernier avait même l'impression de fusionner avec lui. Il ne lui fallu que quelques secondes pour atteindre le poursuiveur adverse. Lorsqu'il parvient à son niveau, il échangea un regard avec lui pour lui faire comprendre que ce match n'aura rien à voir avec celui disputé le jour de ses onze ans.

Édouard se positionna juste au dessus de lui avant de manœuvrer sévèrement pour récupérer la balle rouge. Il parvient à secouer l'élève de première qui lâcha le souafle au profit de Rémi qui attendait en contrebas.

Édouard exécuta un virage serré pour revenir dans la course et soutenir Rémi qui file vers les anneaux des Tentacules. Édouard parvenait à se démarquer et Rémi, le réunionnais, le remarqua si bien qu'il lui fit une passe puissante afin d'être sûre que personne ne viendra l'intercepter.

Édouard s'empara du souafle en se retournant comme s'il était à bords d'un canoë qui vient de chavirer. Reprenant sa position initiale, il se fait soudainement attaquer par un cognard envoyé par un batteur adverse. Instinctivement, Édouard tira sur le manche pour esquiver brillamment la balle noire.

Une fois libre de tout mouvement, il se décala vers la gauche pour pousser le gardien des Tentacules à libérer le but en or. Édouard n'hésita pas une seconde de plus, il arme son tir et frappe au but.

— 10 à 0 ! Bravo Ed ! s'exclama Jérémy, ravi de voir que son jeune protégé maitrise parfaitement son nouveau balai.

C'était le premier but d'Édouard depuis ses essais au mois d'octobre. Il était ravi mais le match était loin d'être terminé. La rencontre n'avait plus rien à voir avec celle d'il y a quelques jours. Les Pégases se sentaient plus à l'aise et en totale confiance. Édouard marqua trois nouveaux buts dont deux en or, l'autre en argent. Gaëlle en inscrit cinq en bronze et Rémi huit en argent !

Les Tentacules ripostaient tant bien que mal mais Helena était très efficace. Elle laissa malheureusement échapper plusieurs tirs mais sans parvenir a réduire l'écart. Cette fois, les Pégases menaient 148 à 35.

Édouard parvint à effectuer plusieurs passes décisives et autres gestes de très grande classe. Gaëlle marqua un but en frappant le souafle par la queue de son balai. Les Pégases ne semblaient plus être la même équipe. Ils étaient transfigurés, au grand soulagement de Jérémy.

Le match se termina tout de même par la capture du vif d'or par l'attrapeur des Tentacules. Mais cela n'enlèvera pas la victoire aux Pégases qui remportèrent le match par 245 à 175.

Lorsque les élèves se retrouvèrent pour le dîner ce soir là, le capitaine des Tentacules ne put s'empêcher de féliciter Jérémy.

— Bravo Jérémy, fit Pierre en allant serrer la main de son homologue à sa table. J'avoue notre défaite, vous avez été les meilleurs. Bonne chance pour le championnat.

— Merci, vous aussi, fit Jérémy rayonnant.

Édouard se coucha l'esprit apaisé. Charles n'avait cessé de le complimenter sur sa prestation et ajoutait qu'Enola et Armand avait manqué un grand match.

Désormais, l'Epsilon Oméga ornait le bord du lit d'Édouard. C'était son balai et il avait bien l'intention de l'utiliser du mieux qu'il pourra. C'était sans aucun doute la chose dont il était le plus fier depuis l'achat de Panache au marché des sorciers.

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