7 - Dans les cachots (1/2)

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C'était finalement le dernier jour de la première semaine d'Édouard dans sa nouvelle école. Malheureusement, elle ne s’était pas du tout déroulée comme il l'espérait. Pire encore, elle était loin d'être terminée car il eut un nouveau cours de potion avec Kowalsky aujourd'hui et une retenue le lendemain.

Il rejoignit Beaufort et les autres au réfectoire pour prendre son petit déjeuné, les yeux encore marqués par une courte nuit. Il avait totalement oublié l'étrange conversation qu'il avait surpris la veille entre ses deux colocataires. Il préféra se concentrer sur la difficile matinée qui allait débuter.

— Salut Vittel ! fit Beaufort en pleine forme. Alors, t'es-tu décidé à nous faire un peu de magie aujourd'hui ?

Daril et les filles se mirent à rire mais Édouard ne trouva rien d'amusant dans cette plaisanterie.

— Allez, fais pas la tête, poursuit-il avec impertinence, ce qui agaça de plus en plus le pauvre Édouard. Tu n'as pas encore redoublé ta sixième !

Finalement, Édouard préféra ne pas se laisser intimider par les réflexions blessantes de Tibius et resta silencieux jusqu'au début du cours de potion. Évidemment, le cours de Kowalsky se déroula comme il le pensait : pénible.

Ils devaient réaliser une potion pour soigner les ongles incarnés. Cependant, Édouard fut un des rares à ne pas obtenir le résultat attendu. Et bien sûr, comme un bouc émissaire, c'est sur lui que Kowalsky s'acharna à humilier en public.

Les réflexions acerbes de l'imposant professeur barbu fusèrent sous les rires de la classe. Édouard resta silencieux tout en contenant sa colère afin de ne pas craquer et verser une larme de dépit. Il gardait les yeux rivés sur son chaudron dont la potion avait une texture pâteuse au lieu d'être liquide.

Comme pour remuer le couteau dans la plaie, Kowalsky ordonna à Édouard de lire le mode opératoire inscrit sur le tableau afin de lui faire prendre conscience qu'il a de nouveau échoué sur un exercice basique.

Cependant, Édouard se trouvait au fond de la classe avec Tibius et, de là où il était, il ne voyait absolument pas ce qui était écrit sur le tableau sans ses lunettes.

Il les avait laissées dans le fond de son sac à dos usé en espérant ne jamais avoir à les utiliser car il avait subit bien trop de raillerie à ce sujet lorsqu'il était à l'école l'année dernière. Il en avait tellement souffert, qu'il se jura de ne plus les porter vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Seulement, dans une situation comme celle-ci, il fallait mieux les sortir pour éviter une nouvelle retenue de la part de Kowalsky.

— Eh bien, M. Vittel, s’impatienta le gros professeur barbu avec sa voix rauque. On n'a pas appris à lire ?

La classe ria de plus belle, même Beaufort trouva la plaisanterie amusante. Il est vrai que de voir un de ses amis se faire humilier de la sorte a quelque chose de très divertissant. Mais Édouard ne riait pas, loin de là. Il était tiraillé entre l'obligation de sortir ses monstrueuses lunettes pour éviter une retenue ou bien improviser une lecture sur le tableau situé à l'autre bout de la pièce.

Il regarda autour de lui afin de trouver une solution mais la classe se tut dans un silence pesant. Il espéra obtenir du soutient de la part de Beaufort ou des filles, mais, ils ne comprirent pas sa détresse et le laissèrent seul dans son désarroi. Résigné, il plongea la main dans son sac en espérant que personne ne remarque le « Walt Disney » inscrit sur la monture.

Il les posa sur son nez et put lire le tableau.

— Verser soigneusement l'essence de Myosotis, dit-il alors que Beaufort chuchota à l'oreille de Daril en riant. Remuer avec une baguette magique trois fois, puis porter le chaudron à ébullition...

Édouard fut de plus en plus déconcentré par Rose et Laura car il les entendait glousser dans son dos à cause de ses lunettes. Beaufort lui donnait des coups de coudes provocateurs en pouffant de rire tandis qu'il devenait de plus en plus rouge, tout en serrant le poing sous la table pour ne pas craquer.

— Incorporer les graines de bouchitrou...

À cet instant, il aurait voulu quitter la salle en courant ou bien jeter un sort à Kowalsky malgré le fait qu'il ne sache toujours pas utiliser sa baguette. Pourquoi s'acharne-t-il contre lui ? Qu'est-ce qu'il lui veut, à la fin, pour l'humilier de la sorte ?

— Retirer du feu et remuer de nouveau.

Cette fois, c'est toute la classe qui se mit à pouffer de rire tandis qu'il poursuivit sa lecture. Tout le monde à put constater que ses horribles lunettes lui donnait un air niai et enfantin, surtout avec la marque « Walt Disney » sur la monture.

Lui qui voulait à tout prix éviter qu'on le voit avec cette horreur sur les yeux, le voilà servit. Il avait hâte que le calvaire s'arrête afin qu'il retire ses lunettes et les enfouisse dans son sac pour ne plus avoir à les ressortir de l'année. Pour les prochains cours de potions, il se mettra tout devant, sans ses amis s'il le faut afin que Kowalsky ne vienne plus lui chercher des noises.

— Vous devez obtenir une potion liquide et bleuâtre qui peut rendre sourd quiconque la boira, finit-il en retirant ses lunettes aussitôt.

Lorsqu'il les rangea dans son vieux sac à dos noir, il se fit tout petit sur sa chaise. Si petit qu'on ne vit bientôt plus que son épi rebelle dépasser de la table. Il avait échappé à la deuxième retenue que Kowalsky lui promettait s'il ne lisait pas ce foutu mode opératoire de la potion de surdité, en revanche, il n'échappa pas à l'humiliation devant toute la classe.

Ce midi là, Beaufort n'arrêta pas de reparler de cet épisode honteux, ce qui finit par agacer sérieusement Édouard.

— Mais qu'est-ce qui vous a fait rire à la fin ? demanda-t-il exaspéré, au bord des larmes tandis que ses camarades se resservaient de la purée. Vous allez m'appeler « Mickey » vous aussi, comme le faisait mon pire ennemi chez les moldus ?

— « Mickey » ? fit Tibius interloqué. pourquoi on t'appellerait « Mickey » ? Et puis, c'est qui d'abords ce « Mickey » ?

Édouard savait pertinemment qu'il ne connaissait rien au monde magique, mais il ignorait encore que le monde magique ne connaissait rien au monde moldu dont il est originaire. Ainsi, les sorciers n'ont jamais entendu parler de cette fameuse souris aux oreilles caractéristiques qui a bercé de nombreux enfants avant lui. Mais alors, si ce n'était pas pour cette raison qu'ils se moquèrent de lui, de quoi s'agissait-il ?

— Pourquoi vous vous êtes tous moqué de moi tout à l'heure si ce n'était pas pour l'inscription « Walt Disney » sur la monture ? demanda-t-il toujours rouge de colère.

— C'est juste qu'avec tes lunettes tu as une tête de risonome boiteux, répondit Beaufort entre deux bouchées de purée.

— Un riso... quoi ?

— Laisse tomber Vittel, admet-il tandis que Daril et les filles éclatèrent de rire après la réflexion d'Édouard. Tu ne viens pas du monde des sorciers, tu comprendras plus tard.

Il commençait à en avoir par dessus la tête des réflexions désopilantes de Tibius. Il en avait marre qu'on lui rappel sans cesse qu'il ne vient pas du monde magique et qu'on se moque de lui parce qu'il ignore ce qu'est un risonome machin chose ou encore le Quidditch. Il voulait qu'on le considère comme un sorcier et pas comme un étranger. On était encore au début d'après midi et il sentit que la journée allait être longue.

Il s'imagina se coucher juste après le dîner ce soir là, mais avant cela, il devait assister à un cours de soins aux créatures magiques, dirigé par le professeur Domptin, un grand sorcier vêtu d'une robe de sorcier en cuire épaisse et marron, avec un fouet toujours accroché à sa ceinture noire. Il était très intéressant et parlait des créatures magiques avec passion. Il avait l'air d'un aventurier sorti d'un film de western avec son chapeau de cow-boy et ses santiags noires.

Ce jour là, il leur avait parlé de l’Abraxan, l'immense cheval qui avait conduit les élèves du 21ème arrondissement de Paris jusqu'aux portes en chênes du château en tirant les carrosses de l'Académie. D'après Domptin, ces animaux ne buvaient que du whisky pur Malt, il disait aussi que c'était l'unique élevage d'Europe et que ces animaux étaient très intelligents mais difficile à domestiquer. Pas étonnant que Domptin parut très fier de ces animaux.

Le professeur avait donc fait son cours dans l'immense écurie, derrière les jardins à la française du domaine et les avait laissé caresser le doux crin doré des équidés géant et ailés faisant la fierté de l'Académie. Le cours se passa plutôt bien dans l'ensemble pour Édouard. Il n'eut aucune réflexion humiliante de la part de son ami et il put observer de très près ces créatures qui l'avaient fasciné lors de la rentrée.

Lorsqu'il posa la main sur le museau du mâle dominant du troupeau, il sentit une vague de chaleur provoquée par le souffle de l'animal parcourir tout son corps. L'animal imposant sembla apaiser la colère et la frustration d'Édouard qu'il retient depuis son arrivée à l'Académie.

La journée se termina enfin et malgré le cours passionnant de Domptin, Édouard ne pensa qu'à une chose : s'éloigner de Beaufort et des autres pour oublier le difficile épisode de la matinée. Il espéra qu'une bonne nuit de sommeil l'aidera à remonter la pente.

Cependant, il repensa à la punition de Kowalsky qu'il exécutera le lendemain. Qu'allait-il bien lui faire faire durant cette retenue ? Il préféra ne pas y penser et le savoir en temps voulu. Seulement, alors qu'il eut finit de dîner et qu'il se prépara à monter aux dortoirs pour se coucher, Beaufort le rattrapa au détour d'un couloir.

— Attends, Vittel, dit-il en lui prenant le bras pour le retenir, ne soit pas pressé comme ça, la soirée ne fait que commencer...

— Écoutes, Tibius, j'ai passée une très mauvaise semaine, avoua-t-il en se dégageant gentiment de l'étreinte de Beaufort. S'il te plait, laisse-moi aller me coucher. En plus, j'ai une retenue avec Kowalsky et je ne voudrais pas avoir d'autres problèmes

— Eh Eddy, continua-t-il alors que Daril les a rejoints. J'ai remarqué que tu avais passé une sale journée, alors on a préparé quelque chose qui pourrait bien te remonter le moral.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? fit Édouard en se méfiant du ton mesquin de Tibius.

— Je veux dire qu'après cette soirée mémorable, je suis pratiquement sûr que tu pourras enfin jeter un sort à qui tu veux !

— Qu'est-ce que vous avez manigancés ? demanda-t-il en dévisageant ses deux compagnons avec inquiétude.

— Tu vas voir, lui répondit simplement Beaufort qui força Édouard à entrer dans le foyer menant au dortoir.

Cette grande pièce commune était un lieu uniquement réservé aux élèves de l'Académie. Elle était situé au dessus de la grande salle d'étude de l'aile Est, juste avant l'accès au dortoir. Cette salle permettait aux élèves de se retrouver en groupe afin de discuter tranquillement autour d'un bon feu de cheminée l'hiver ou assis au fond d'un fauteuil ou d'un pouf moelleux et confortable.

Cette immense salle était pour la plupart, l'occasion de se retrouver en dehors des cours avant d'aller se coucher. Pour d'autre, c'était un lieu de travail où l'on pouvait trouver de nombreux ouvrages sans avoir à se rendre dans la bibliothèque située dans la cathédrale à l'autre bout du domaine.

Les différents coins aménagés permettaient d'assurer l'intimité de tout le monde et la décoration de style baroque offrait une ambiance en accord avec le reste du château. Il y avait, notamment dans cette salle, des tableaux de sorciers et sorcières célèbres dans des cadres en bois dorés et finement sculptés qui donnaient souvent des conseils plein de sagesses aux élèves qui leur passaient devant. Sur un autre pan de mur, on pouvait admirer une gigantesque tapisserie verte émeraude arborant des motifs floraux très chic.

Ainsi, Édouard fut forcé de s’asseoir dans un coin avec Beaufort et Daril avant de pouvoir enfin aller se coucher. A cette heure-ci, la salle était encore bondée. De nombreux lycéens ont élus leur quartier ici afin d'imposer leur loi aux petits nouveaux. Édouard aperçu notamment un de ses camarades de classe dont il ignorait encore le nom se faire enrôler par des terminales pour tenter de récupérer une sorte de boule puante confisquée par Pète-sec plus tôt dans la journée.

Mais Édouard ne comprit pas tout de suite pourquoi Beaufort voulait qu'il reste un peu avec lui. Ce fut lorsqu'il surprit Tibius, le regard fixé sur les jumeaux Loizeau qui étudiaient tranquillement à l'autre bout du foyer qu'il saisit les mauvaises intentions de son ami.

— Attends, Tibius, commença Édouard méfiant. Tu veux t'en prendre aux Loizeau ?

Beaufort n'eut que pour seule réponse un clin d'oeil furtif à l'adresse d'Édouard et resta silencieux jusqu'à ce que la salle se vide entièrement. Lorsqu'il ne resta plus qu'eux et les jumeaux, Tibius se leva et pointa sa baguette magique sur Eugène.

— Petrificus totalus, prononça-t-il tandis qu'un filet de lumière bleue frappa le frère Loizeau de plein fouet qui se figea sur place et tomba lourdement sur le sol.

Surprise par l'attaque soudaine, Eugénie se leva d'un bond en regardant son frère allongé sur le tapis persan du foyer, les bras collés le long du corps et la mâchoire fermement close. Beaufort n'hésita pas une seconde de plus et lui jeta le même sort.

— Qu'est-ce que tu leur as fait ? s'inquiéta Édouard surpris lui aussi.

— Le maléfice du saucisson, expliqua Beaufort en souriant. Ils sont bâillonnés et ne peuvent plus bouger. Tu pourras peut-être apprendre à lancer ce sort, Vittel. Lorsque tu sauras enfin métamorphoser une aiguille en lingot d'or !

Daril ricana suite à la nouvelle réflexion humiliante de Tibius. Mais Édouard n'y prêta pas beaucoup d'attention puisqu'il venait d'assister à une attaque de sorcellerie totalement déloyale. Daril prit sans trop d'effort, les corps des jumeaux avant de sortir du foyer suivit de près par Beaufort et Édouard bien malgré lui. La situation était critique pour ce dernier.

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