7 - Dans les cachots (2/2)

4 minutes de lecture

En effet, il avait déjà une retenue avec Kowalsky demain et il se retrouva ce soir là hors des dortoirs au delà du couvre feu en vigueur. S'il se faisait pincé par un fantôme de la SOIF, il sera probablement renvoyé dans l'heure qui suivra. Cependant, le fait de se retrouver dans un mauvais coup avec Beaufort et Daril le rassura un peu car il se sentit moins seul au cas où l'opération tournerait mal. Seulement, à cet instant, il ignora totalement que la nuit qu'il allait passé sera sans doute la pire de l'année scolaire.

Ils marchèrent pendant plusieurs minutes à pas feutrés dans les couloirs du château plongé dans la pénombre. Édouard se demanda où ils pouvaient bien l'emmener avec les jumeaux intellos totalement paralysés dans les bras de Daril. Ils bifurquèrent à gauche dans un étroit couloir qu'Édouard n'avait encore jamais emprunté. Ils débouchèrent finalement dans l'aile Ouest du château puis, après quelques détours pour échapper à la SOIF, ils arrivèrent dans les toilettes des filles du cinquième étage. Beaufort ferma soigneusement la porte avant de parler à voix haute.

— Nous y voilà, dit-il en se frottant les mains. Frère et sœur « binoclard » souvenez-vous bien de l'aspect de votre coiffure idiote car ce soir, elle va définitivement changer.

— Qu'est-ce que tu..., commença Édouard de plus en plus inquiet de se retrouver dans un tel coups sans le vouloir.

— Observe et amuse-toi, Vittel !

Ainsi, Beaufort se saisit d'Eugénie par les cheveux tandis que Daril tenait toujours son frère sous son bras, et plongea sa tête dans la cuvette des toilettes avant de tirer la chasse. Daril éclata de rire puis fit de même avec Eugène. Édouard assista impuissant au spectacle.

Tandis qu'ils accomplirent leur méfait, Édouard ne reconnu plus ses amis. C'étaient devenus des monstres emplis de haine et de cruauté. Ils riaient devant l'humiliation que subirent les jumeaux. Certes Édouard avait du mal à trouver de la sympathie pour eux, mais jamais il ne leur aurait fait une telle chose. Il prit conscience alors que Beaufort, son garde du corps et les filles qui le suivaient comme des fans hystériques n'étaient pas la bande d'amis dont il rêvait. Il s'était trompé à leur sujet et commença à reprendre la liste fictive qu'il avait établit lors du dîner de la rentrée afin d'y rayer les noms de Tibius, Daril, Rose et Laura.

Il était là, impuissant face à cette mauvaise blague provoquée par Tibius, sans se douter que son cas allait dangereusement s'aggraver. Dans quelques instants, il allait payer chèrement le fait d'avoir voulu devenir aussi populaire que son frère et respecté que Kevin. En effet, tandis que Tibius ricana en laissant Eugénie, à peine libérée du maléfice du saucisson, suffoquée sur le carrelage des toilettes, trempée jusqu'aux os, une présence inattendue vint interrompre la farce.

— En garde manants ! Hurla une voix derrière Édouard, des élèves hors de leur chambrée en cette heure tardive ? Expliquez-vous fripouilles !

Pris de stupeur, Édouard se retourna pour voir qu'un fantôme de la SOIF aux allures de chevalier sans tête, se tenait face à lui, son heaume sous le bras et une épée dans l'autre. Sa voix était étouffée par le casque dans sa main. Ainsi, elle avait une résonance métallique caractéristique qui lui donnait un air encore plus menaçant.

Édouard fut paralysé un peu comme Eugène lorsqu'il fut frappé par le sortilège de Beaufort un peu plus tôt. Impressionné par la masse flottante et vaporeuse du chevalier sans tête, il laissa le soin à Beaufort d'expliquer la situation. Cependant, au lieu de soutenir son ami, ce dernier va préférer sauver sa peau en trahissant Édouard.

— C'est lui ! accusa-t-il sur un ton plutôt convaincant en montrant Édouard du doigt, Il a jeté un sort sur les jumeaux Loizeau et les emmené ici pour les humilier !

— Mais c'est faux ! Réagit enfin Édouard en comprenant les mauvaises intentions de celui qu'il prit pour son ami, qu'est-ce qu'il te prend ?

Aussitôt, Daril, captura Édouard comme pour l'empêcher de se défendre ou de s'enfuir. Il resserra son étreinte sur ce dernier qui eut la circulation du sang coupée au niveau du bras.

— Silence, maraud ! ordonna le chevalier fantôme, vous serez châtié pour vos péchés car on ne se moque pas du chevalier Coeur de Dragon !

— Quoi ? s'indigna-t-il tandis que Beaufort eut un rictus mesquin, mais je...

— Suffit ! Messieurs, gente damoiseaux, dit-il à Beaufort et Daril, vous avez fait votre devoir. Il sera châtié...

Édouard n'en revint pas, il se retrouva entre les mains d'un membre de la SOIF, trahi par ceux qu'il crut être ses amis. Ainsi, le chevalier Coeur de Dragon le conduisit dans les sous-sols ténébreux du château avant de le jeter dans un cachot sombre et lugubre.

— La vermine de votre espèce, on les enferme jusqu'à ce qu'ils comprennent leur faute ! fit-il en verrouillant la porte dans un cliquetis de clés avant de s'éloigner en lévitant dans le couloir sombre et froid des catacombes.

Il laissa donc le pauvre Édouard seul dans le froid et la pénombre d'une cellule de prison, avec pour seul couverture, un morceau de carton humide et gelé. Comment a-t-il pu se retrouver dans cette situation ? Comment a-t-on pu le trahir de la sorte ? Qu'est-ce qu'il lui a prit de suivre un être aussi odieux que Beaufort ? Pourquoi vouloir devenir ami avec une personne aussi méchante que lui ? Lui qui souhaitait faire partie d'une bande aussi populaire que celle de son frère. Lui qui voulait être aussi populaire et respecté que Kevin à l'école, il se retrouvait au fond d'un cachot lugubre et totalement seul.

Il n'a même pas pensé à sortir sa baguette pour se défendre. Mais de toute façon, à quoi ça lui aurait servi, lui qui ne sait toujours pas jeter un sort. Il ne sait pas voler sur un balai non plus.

Décidément, lui qui pensait avoir trouvé le monde rêvé auquel il a toujours voulu appartenir, le voilà revenu à la réalité. Peut-être aurait-il été plus heureux au collège David d'Angers, malgré la présence de Ludovic et Kevin ? Pour le moment, il était plus malheureux qu'il ne l'a jamais été. Il s'allongea sur le sol e se recroquevillant sous le carton humide et pleura à chaudes larmes. La nuit allait de nouveau être difficile.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Athéen Crédule ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0