Dixième photo

2 minutes de lecture

Cette antépénultième photo est en noir et… Gris. Globalement en gris. En blanc, nous avons : la chemise, dont les manches dépassent largement de la veste, avec de superbes boutons de manchette, la pochette et les dents de l’artiste, tout sourire.

Cravate noire, très fine, sur laquelle est dessinée un logo que je ne parviens pas à distinguer correctement. Non, ce n’est pas un signe maçonnique : les complotistes peuvent retourner se coucher.

Jolie veste à larges rayures. Trois boutons à la manche.

A force de décrire les vêtements que portent les stars du blues, je vais finir tailleur…

Ah oui, car ce moustachu un poil rondouillard est une grande star du blues !

On aurait du mal à le croire, assis sur une chaise de bar, un pied sur une mallette, dans un soulier vernis, un harmonica diatonique trop grand pour sa main gauche.

Tiens, d’ailleurs, quel est donc cet harmonica aussi grand ? Peut-être un Hohner Marine Band grave (un modèle dont les notes graves sonnent une octave en-dessous des notes graves d’un harmonica traditionnel). Ou alors…

Serait-ce un harmonica chromatique ? Je crois déceler une petite barre dépasser de l’instrument, que je distingue à peine, car elle est pratiquement de la même couleur que sa veste.

Mais si c’est le cas, il tient son harmonica à l’envers, car la « tirette » - que l’on pousse – devrait se trouver du côté droit et non du gauche, comme sur la photo. A moins que ce soit la photo qui ait été retournée horizontalement. Ce qui m’étonne surtout, c’est que je ne l’ai jamais entendu jouer du chromatique, seulement du diatonique.

Devinez un peu de qui il a été l’élève…

Sonny Boy Williamson II, encore lui !

Il l’avait rencontré, alors qu’il était encore adolescent. Il était tellement fan qu’il suivait son maître partout, jusqu’à ce qu’il acceptât de lui montrer tout ce qu’il savait sur l’instrument. Persévérant, il a joué dans son orchestre et l’a même remplacé dans certains sets, permettant au maître de se reposer et de boire un coup, pendant que son poulain progressait au contact du public.

À la fois chanteur à la voix veloutée et profonde, harmoniciste et auteur-compositeur, il s’est exprimé dans des styles de blues très variés, reprenant même des chansons des Beatles ! Il faut l’entendre sur Taxman et Tomorrow Never Knows pour apprécier la qualité de l’arrangement et de l’interprétation.

Vers la fin de sa vie, il affectionnait de plus en plus les ballades, prenant modèle sur Frank Sinatra et Nat King Cole.

Comme beaucoup de ses pairs qui ont connu les jeunes artistes blancs qui découvraient les racines du blues, il a pris beaucoup de plaisir à jouer dans des concerts de blues revival. Lui aussi devait entamer une tournée européenne. Malheureusement, atteint d’une tumeur cérébrale, il est mort dans l’opération qui devait le sauver.

Comme Papa Lightfoot, sa vie s’est arrêtée à l’âge de 47 ans.

Il s’appelait Herman Parker, on le surnommait Junior Parker.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Bertrand Carbonneaux ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0