Chapitre 18

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Depuis son dernier échec, Yu se reposait. Sa poitrine avait besoin d’un temps mort, alors il offrait son lait lorsque ses seins devenaient douloureux et pas avant, à un rythme tendre et délicat, sans jamais chercher la performance.

S’il était perpétuellement en tête du classement, l’Akoutie l’ignorerait-il à tout jamais ? Il le pouvait sans doute, par contre, le corps du petit Oom ne parviendrait pas à maintenir cet exploit de manière constante. Il aurait pu s’avouer vaincu, mais il décida de chercher une autre stratégie. Que pouvait-il faire pour être remarqué positivement ? Il s’agissait d’être malin et intelligent. Si la laiterie de part les difficultés physiques et émotionnelles qu’elle faisait vivre à ses membres étaient un endroit craint et isolé, elle était également des plus centrales. La quasi-totalité du lait qui était donné aux petits venait de leurs seins. Les personnes qui maternaient et nourrissaient au sein n’étaient pas les plus courantes et elles ne pouvaient pas gérer l’afflux de nouveaux nés en termes de production de lait. S’il connaissait parfaitement cette donnée, il ne savait pas encore quoi en faire.

L’importation de ce liquide vitale était possible, mais il n’arrivait qu’en piètre qualité, dégradé par le transport. La couveuse était donc auto-suffisante dans cette ressource. Tout en errant tranquillement dans cet endroit qu’il aimait tant, en visitant des espaces qu’il n’avait pas vu depuis longtemps, Yu finit par se dire que l’auto-suffisance signifiait certaines choses. Il pouvait avoir accès à la totalité de leurs stocks. Il pouvait interroger les interfaces sur ce stock pour mieux en connaitre les spécificités.

S’il ne savait absolument pas où cela pourrait le conduire, découvrir plus de choses sur le fonctionnement de la couveuse lui plaisait toujours autant. Il se retrouva donc dans une petite salle d’affichage où d’autres viendraient prendre leurs ordres pour demander à la machine quelles étaient leurs capacités de stockages et quelle était la consommation journalière. Cela représentait un nombre très important de litres consommés. Egrenant les statistiques une par une, il eut soudain une idée.

- Quel est … le lait le plus rare ?

C’était une question idiote, mais s’il pouvait parvenir à se démarquer en proposant une rareté, son incapacité à tenir un haut rendement ne serait plus un problème. Il resterait remarquable et donc, sélectionnable. Malheureusement, ce fut un lait de très mauvaise qualité qui apparut. Alors il compléta sa question en ajoutant :

- Le plus rare et le plus demandé ?

La réponse mua sur l’écran, lui tirant un frisson d’effroi parce qu’il sut immédiatement qu’il le ferait. Il allait se briser en tentant cette expérience, mais pour avoir accès à l’Akoutie, il le ferait, encore et encore. Yu déglutit et se sentant soudainement faible, il se laissa glisser au sol, les yeux toujours rivés sur l’écran où danser un seul et unique mot. Colostrum. Le premier lait. D’une voix faible, il demanda d’autres statistiques et découvrit qu’ils étaient perpétuellement en manque de ce lait, rendant les réponses immunitaires des jeunes moins évidentes. Ce n’était pas surprenant, personne dans la laiterie n’avait envie de perdre ses œufs ou de laisser son lait se tarir volontairement car ces deux pratiques faisaient mal, moralement et physiquement. Or il n’y avait qu’au début de la grossesse que ce fameux lait était produit par le corps.

Pour la première fois depuis très longtemps, il se mit à pleurer, car il allait le faire. Son envie de plaire à leur Akoutie, son envie d’être avec lui, son envie d’aider toute sa couveuse était simplement trop forte. Cette obsession idiote serait sa perte, mais il réussirait ou se détruirait en essayant. Du bout des doigts, il caressa sa poitrine comme pour lui demander pardon et tira sur son mamelon pour en extraire quelques gouttes. Elles vinrent et il soupira tout en étalant le liquide gras sur sa peau fatiguée. Tarir le lait n’était pas si évident que ça, mais il le ferait. Il ferait tout ce qu’il faudrait pour réussir.

Les larmes continuèrent de couler librement sur son visage et il l’accepta sagement, préférant laisser ressortir toutes ces émotions terribles qui le secouaient. C’étaient des larmes d’angoisses face à ce qu’il accepterait de subir. C’étaient des larmes de déceptions que tous ces efforts aient été vain jusqu’à présent. C’étaient des larmes de ressentiments envers cet être tout puissant qu’il avait toujours aimé et qui semblait le détester en retour. C’était des larmes de tristesses pour ces œufs qu’il avait perdus et pour ceux qu’il perdrait. C’étaient des larmes de colères de devoir en arriver à de telles pratiques. C’étaient des larmes abondantes et chaudes qui ravinaient sa peau jusqu’à la rendre douloureuse. Lorsqu’il les essuya enfin, son visage était toujours marqué par le chagrin liquide qui s’y était répandu, mais il se releva et redressa le menton. Il était Yu et il ne laisserait personne l’écraser ou l’oublier dans un coin. Il serait magnifique, brillant et remarquable tel qu’il l’avait toujours été. Si Roch’mey refusait de le voir, alors il le lui montrerait encore et encore jusqu’à ce que l’Akoutie n’ait plus d’autres choix que de l’admettre.

Pour que son lait se tarisse, le mieux restait d’enlever toute stimulation. Ce jour-là, il ne passa pas par la trayeuse. Le lendemain ses seins gorgés le faisait souffrir, alors il s’accorda une seule et unique prise, lente et douce, cherchant à se stimuler le moins possible. Si jusque-là, il avait toujours été énormément soutenu, les choses évoluèrent car personne ne parvenait vraiment à comprendre sa volonté. On disait qu’il voulait faire une grève, qu’il refusait de continuer à produire du lait, et c’était outrageant car les bébés, eux, avaient besoin de boire. D’autres étaient inquiets que ce soit sa première ponte qui l’ait un peu trop blessé mentalement.

Si Yu sentit progressivement les soutiens se retirer, il n’y fit pas attention. Il n’aimait pas s’expliquer ou demander pardon, il préférait montrer des actes et pour cela, il fallait être patient. Ses exercices drastiques pour couper le lait se passèrent dans la douleur d’une absence de soulagement. Il changea son régime alimentaire pour limiter la production et finalement, ses seins furent vides. Il devait encore patienter car il ne s’agissait pas de relancer la fabrication de son lait, mais de recommencer de zéro. Alors, il attendit que ses seins reprennent leur volume initial, redevenant deux petits globes de chairs mignonnets quoique fatigués et ce fut son signal pour relancer la machine.

Aucune aide ne fut demandée. Aucune explication ne fut donnée. Un matin, il se prépara simplement. Il appliqua un corps gras à son anus rigide. Il le massa doucement. Durant tout le sevrage, il s’était interdit les contacts sexuels. Ses seins avaient retrouvé leurs gabarits et son intimité, elle, s’était tonifié. Ça ne serait pas une partie de plaisir, se dit-il, tout en l’acceptant. Son poignet se tordit un peu plus entre ses jambes pour atteindre les recoins de son intimité afin de se lubrifier profondément. Le contact était surprenant, étrangement agréable. Cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi sensible et il en profita pour s’offrir quelques caresses qui lui firent tourner littéralement la tête sous le plaisir. Lorsque son corps tolérant la présence de trois de ses doigts sans douleurs, il s’estima prêt. Alors, il se rendit simplement dans la salle aux trayeuses et autre machines infernales, grimpa dessus et laissa le programme se dérouler. Ce n’était pas bien compliqué.

A l’arrière de son corps, la machine se mit en mouvement. Il ne la vit pas et ne chercha pas non plus à y jeter un coup d’œil. Il savait pertinemment, pour l’avoir déjà vu et vécu, ce qu’elle faisait. C’était un appendice lourd et épais dans laquelle des œufs pourraient transiter qui s’approchait de son corps. Elle arriva finalement au contact de son intimité, un peu de travers, n’épousant pas parfaitement ses parois. Si elle poussait ainsi, il faudrait que son corps se plie pour la laisser passer, ce qui serait douloureux. Heureusement, elle recula et revient au contact. L’angle était un peu mieux choisi sans être parfait, mais elle appuya légèrement, le forçant à s’ouvrir partiellement avant de reculer de nouveau. L’engin recommença par trois fois, rapidement, sans offrir un temps de pause ou chercher une confirmation, puis elle revient et la pression forte ne cessa pas, amenant son corps à s’ouvrir dans une seule et longue pénétration. Le gland de l’engin, si tentait que l’on puisse désigner la pointe de ce qui la constituait ainsi, ouvrit la voie à travers ses muscles, le dilatant de force, se faisant une place jusqu’au plus profond de lui. S’il était aisé d’envisager la pénétration, Yu poussa un cri sous sa franchise et sa vitesse. Il avait à peine eu le temps de comprendre que la calibration était terminée que déjà la machine allait tout au fond de lui, l’envahissant totalement.

Cependant le travail n’était pas terminé et la machine reprit ses mesures pour la porte suivante. Ce n’était plus son petit anneau de chair fermement clos, ça se passait à présent bien plus profondément. Pour cette mesure, la machine se retira, s’extrayant presque entièrement de son corps avant de revenir tamponner sa matrice sous un angle légèrement différent. Les mouvements brutaux secouaient tout son corps, rendant la précision d’autant plus difficile à obtenir.

C’était étrange de se sentir ainsi possédé. A cet instant, Yu n’était qu’un objet, difficilement malléable, dont on cherchait la porte d’entrée. Il n’était plus vraiment vivant, il n’était plus que l’un des engins multiples et variés qui composaient la couveuse. Ce n’était qu’un équipement de plus ou en tout cas, ce fut la sensation, étrangement apaisante, qu’il ressentit.

Lors de sa première insémination, une sans nom était venue l’aider en le conduisant dans des affres du plaisir qui avait rendu la perception même de ces sensations un peu différentes. Cette fois-ci, il était seul. Il ne porta pas ses mains à sa poitrine et ne tenta pas de remuer pour solliciter son petit pénis quémandeur. S’il voulait réussir, il fallait qu’il apprenne à gérer cette épreuve et pour ça, rien de mieux que de se concentrer dessus et d’apprendre exactement ce qui lui était demandé.

Les chocs étaient brutaux, la machine semblait peiner à trouver l’emplacement souhaité alors il se cambra un peu plus pour améliorer l’accès et souffla doucement pour inviter son corps à se détendre. Ce n’était qu’une recherche simple, il y eut un très léger arrêt et un bourdonnement provenant de la machine, qu’il n’avait pas remarqué la première fois. Juste après le bourdonnement, un retrait, presque rien, à peine de quoi prendre de l’élan et le temps de comprendre, la machine s’était jetée en lui, brisant la paroi fine de sa matrice et lui tirait un cri.

Les sensations se bousculèrent alors que tout le conduit de l’appendice changeait de formes sous le passage des œufs, se frottant à lui de la plus intime des manières. Dans sa matrice ouverte de force, un premier œuf tomba. Il se sentit nettement tout comme il perçut la contraction de son corps en réponse. Ce n’était qu’un petit œuf mais il fut rapidement rejoint par un second puis un troisième. Combien en prendrait-il ? Intellectuellement, il savait que ce chiffre était variable. Il dépendait de la taille de sa matrice, principalement, mais après en avoir compté huit, il se mit à gémir sous l’angoisse. La machine l’ignorait, mais il déclencherait le second protocole pour obtenir la taille définitive des œufs en quelques minutes à peine et au plus il y en aurait, au plus ce serait difficile.

L’insémination fut longue et il perdit le compte alors que son cœur battait la chamade sous l’angoisse et ce ne fut qu’au bout de ce qui lui semblait être une petite éternité, qu’elle se retira enfin. Tout son corps se rebellait contre cette intrusion, mais sa matrice, sagement, se referma, se contractant violement pour ne faire de la déchirure qu’une petite ligne sanglante et infranchissable. C’était ainsi qu’ils étaient faits, pour ne pas perdre leurs petits.

Durant quelques minutes, il resta pantelant. Il était seul cette fois-ci et il faudrait qu’il appose sa main sur la machine pour réclamer la suite. Son corps était couvert d’une sueur froide et il tremblait comme une feuille avec la sensation étrange d’avoir une pierre dans le ventre. C’était presque ça. Une pierre.

Se redresser fut difficile, ses muscles peinaient à lui obéir, demandant une véritable pause, mais il avait parfaitement conscience que son courage s’amenuisait de minutes en minutes et qu’il ne pourrait pas réussir son objectif sans s’imposer la suite. Alors il finit par le faire, il se releva, toucha l’engin et se recoucha en essayant d’amortir sa chute pour ne pas cogner sur son ventre si douloureux. C’était un peu ridicule au vu des souffrances qu’il venait de demander, mais autant s’en imposer le moins possible.

Dès qu’il fut en position, un tube fin se jeta en lui, forçant ses muscles à s’ouvrir, pour atteindre sa destination. Le tube était flexible, alors la poussée fut aussi brutale que rapide, poussant l’engin et son corps à se plier l’un à l’autre. Il n’y eut aucune hésitation, aucun retrait, rien à part la plus brutale des pénétrations qui alla s’empaler sur sa matrice, la perçant dans un seul et grand mouvement. Il cria. Le son était encore en train de se propager lorsque le liquide se jeta en lui. C’était presque un litre et demi qui frappa sa matrice de l’intérieur, faisant virevolter les œufs sous sa puissance.

Chacun des œufs factices étaient une petite machine à la surface très légèrement poreuse. Les liquides du corps habituellement et parfois, cette injection précise, les conduisaient à enfler prenant petit à petit un gabarit plus important. Ce n’était qu’un tissu interne qui prenait de l’ampleur en se gorgeant, mais puisque la totalité des œufs en firent autant, ce fut son ventre qui se tendit et grossit. La peau de son abdomen se mit à tirer alors qu’il arborait, petit à petit, l’allure d’un prétendant engrossé.

Comme la première fois, les contractions de plus en plus violentes le secouèrent, mais cette fois-ci, il sentit clairement les ajouts d’eaux à forte pression. En avait-il eu autant la fois précédente ? Peut-être pas. Il l’ignorait. Mais les contractions le brutalisaient trop pour qu’il puisse y réfléchir sereinement. Il était encore perdu, secoué par son corps qui tentait d’expulser les intrus alors que sa propre matrice s’était refermée pour refuser cette échappatoire, lorsque l’engin se retira tout à fait, mettant un terme à la procédure.

Accroché fermement au cheval d’arçon sur lequel il reposait, Yu se glaça en pensant au nombre de saillie similaire qu’il allait se faire subir pour réussir ce tour de maître. Une contraction violente lui coupa le souffle un instant. Son ventre douloureux semblait l’appeler au secours et cette idée, terrifiante, qu’il allait faire de sa vie un enfer ne le quittait pas. Pourtant, il se mit à rire, d’un de ces rires tristes qui ne trahissent que du désespoir.

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