Chapitre 6: Le prix du changement.

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Les yeux luisants, la gueule dégoulinante de bave, la créature guettait sa proie. Son dernier sous-vêtement dans la mâchoire, la cible en était nue et sans défense. Marianna avait repris ses anciennes habitudes, harcelant le pauvre Yanz. Mais cette fois-ci, elle ne le faisait pas pour un moment d'affection, ni pour assouvir ses désirs charnels, mais pour comprendre mieux les inquiétudes du jeune homme :

- Mais reviens ! Ta Marianna veut juste t'examiner !

- Laisse-moi tranquille ! T'avais besoin de m'enlever mon pantalon pour ça ?

- Mais oui, comme ça je suis sûre de pas rater de détail important.

- Tu parles, tu essayes juste de profiter de la situation !

- Non, Marianna vouloir aider c'est tout. Et peut-être se nourrir un peu avec sa bouche, mais ça on verra après avoir vérifié le Yanz sous toutes ses coutures.

Marianna décida alors de s'approcher du jeune homme, lui sauta dessus pour l'immobiliser. Elle commença ensuite à examiner minutieusement son corps de près de haut en bas, malgré ses protestations frénétiques. Elle alla même jusqu'à étudier son membre contre sa volonté, ainsi que son fessier, afin de voir s'il n'allait pas avoir une queue comme elle. Mais elle n'en trouva ni traces, ni au aucun signe d'une apparition future. Il la repoussa brutalement, ne comprenant pas ce qu'elle cherchait à faire. Si elle devinait légèrement la nature des changements du jeune homme, elle avait besoin d'en savoir plus sur cette situation. Elle devait découvrir pourquoi ces changements s'étaient produits, car pour elle, ils n'auraient pas du arriver aussi tôt. De ce qu'elle connaissait en tout cas, cela n'aurait pas dû arriver du vivant de Yanz. Ayant vendu son âme au diable, il aurait dû se transformer en démon à sa mort, après être passé par les cercles de l'enfer tout comme ce fut le cas pour elle. Remarquant que la situation le perturbait, la succube y perçut une occasion de le consoler et d'avoir des moments d'intimité avec lui sans effort. Elle se décida donc en enfoncer un peu plus le clou, en lui expliquant ses conclusions :

- Je crois que j'ai déjà vu ces dessins sur les gens de là d'où viennent les Marianna. Peut-être que tu vas finir comme eux.

- Tu veux dire,  comme toi ?

- Mais non gros bêta. Les Yanz, ça devient pas des Marianna. T'as pas ce qu'il faut entre les papattes pour ça. Tu devrais le savoir à force de voir ta jolie Marianna toute nue.

- Je ne parlais pas ça idiote, mais de ton engeance ! Et je pense que tu mens, j'ai encore du temps devant moi.

- Mais pourquoi faire ?

- Pour trouver une solution à ce pacte maudit ! Je ne deviendrais pas comme toi !

- T'as pas droit de faire ça ! T'as passé un accord et puis, tu en as bien profité de mon corps, hein?Petit coquin, va ! Tu peux pas tricher avec le monsieur en bas. En plus tu y gagnes dans l'histoire, au lieu d'avoir Marianna jusqu'à la fin de ta vie, tu l'auras pour l’éternité.

- C'est pire que tout ! Cette situation devait se terminer à ma mort ! Et si j'ai fait certaines choses avec toi, c'est parce que tu m'as certifié que je n'avais pas le choix !

La succube ne répondit rien, mais en réalité, elle se posait la question du décès de Yanz. Celui-ci aurait-il survécu plus longtemps que ne l'avait prévu le diable? Pourtant, le pacte n'incluait aucune limite de temps, ce qui signifiait que dans ce cas, Yanz fut dupé bien plus qu'il ne l'aurait pensé. Le grand cornu s'était offert une garantie sur l'âme du jeune homme. Cependant, elle manquait encore d'éléments pour valider son hypothèse, et elle décida alors d'observer patiemment la suite des événements pour confirmer ou non ses soupçons.

Mais si Yanz changeait physiquement, bien que légèrement pour l'instant, il en fut de même pour certains aspects de sa personnalité. C'est ce qui se passa avec sa volonté de tenir la diablesse à distance dont il avait toujours craint une certaine proximité corporelle. Avant, il pouvait consciemment repousser la succube malgré ses désirs charnels pour elle. Mais sa nouvelle nature naissante lui donnait désormais l'appétit de la diablesse. Alors qu'elle était naturellement disposée à faire des hommes ses jouets.


Cette nuit-là ce fut lui qui inversa les rôles, poussés par ses instincts. Marianna avait pris beaucoup de plaisir à vivre cette étreinte charnelle, bien que le prit comme une offense à sa nature de succube. Ce fut pour elle n moment usauvage et bestiale, mais aussi une des meilleurs qu'elle eut avec lui. Elle trouva cependant un point positif à la situation, elle n'aurait plus besoin de courir derrière le jeune homme, c'est lui qui lui sautait dessus pour la satisfaire.

Yanz eu beaucoup de mal réaliser ce qu'il avait fait cette nuit, et à accepter son comportement. Cela fit ressurgir la peur qu'il avait, concernant ces changements qu'il ne parvenait ni à comprendre ni à éviter malgré tout sa volonté. Il passa la journée à y réfléchir, profitant que ce moment de paix le lui permet. Puis, à tombée de la nuit, il en arriva une fois de plus à soupçonner Marianna d'être responsable de cette situation. Regardant la diablesse se prélasser dans le lit, il fut à nouveau pris d'une colère qu'il ne maîtrisait pas, interpellant brutalement la jeune femme :

- Tu as fini pas avoir ce que tu voulais, hein ! Quel genre tu maléfice tu m'as lancé pour en arriver là ?

- Marianna pas comprendre. Pas faire de magie. Je sais pas de quoi tu parles.

- Vraiment ? Tu n'y es pour rien concernant la nuit dernière ? Je ne me serais jamais jeté sur toi pour te faire certaines choses en temps normal ! C'est toi qui es derrière tout ça !

- Mais enfin, qu'est-ce que tu racontes ? Marianna pas sort pour te forcer à lui faire du bien, hi hi. Juste avoir pouvoir d'être très très jolie, douce, adorable et affectueuse.

- Tu mens ! C'est impossible que le problème vienne de moi !

- Marianna t'avoir déjà expliqué, non ? Mais à ce quoi je vois, toi pas être bien dans ta tête. Avoir besoin d'un gros câlin de moi pour te remonter le moral.

Pour toute réponse, Yanz repoussa la succube sur le lit, mais lui tourna le dos, alors que celle-ci écartait déjà les jambes avec impatience, persuadée qu'il allait lui sauter dessus. En plus de la colère, son front perlait de sueur, ses membres tremblaient. Il refusait d'admettre que la diablesse était innocente. Oui, c'était forcément elle qui lui faisait subir tout ça. Elle lui mentait, il ne se transformait pas en démon.

- J'ai encore du temps, tu m'entends ? Jamais je ne deviendrais comme toi !

Yanz prit la fuite, sortant brusquement de la maison. Marianna ne put que le laisser faire, se recouchant l'air boudeur du fait qu'il l'ait repoussé malgré ses pronostics. Afin de se calmer, il préféra une ballade au clair de Lune, plutôt que rester auprès de la succube, et sortie marcher dans les rues de la ville. A sa grande surprise, la distance qu'il pouvais mettre entre lui et la succube semblait plus grande qu'avant, malgré un pacte toujours actif. Il tomba sur cinq gardes qui, profitant de l'abus de pouvoir dont ils usaient, tentèrent de violer une jeune fille sans que celle-ci n'ait la possibilité de se défendre ni résister. À ce moment-là, Yanz devint alors fou de rage, tandis que pendant ce temps, la démone qui était allongée paisiblement entendit la voix de sa mentor, qui résonna à nouveau dans sa tête.

- Marianna, réveille-toi vite et dépêche-toi de retrouver Yanz pour le stopper! Il est sur le point de commettre une grave erreur!

La succube se leva précipitamment, n'enfilant que ses sous-vêtements de cuirs malgré la discrétion que le jeune homme avait exigée d'elle. Arpentant les rues au pas de course, elle finit enfin par lui mettre la main dessus, mais trop tard. Au pied de Yanz, gisaient cinq cadavres dans une marre de sang, découpé, démembré, tranché brutalement. Le guerrier, bien qu'il souriait d'un air satisfait, ne semblait pas plus apaisé pour autant. Son corps tremblait toujours d'une fureur insatiable, mais il débordait à présent d'une puissante force chaotique.

Par chance, il n'y avait aucun témoin de la scène. Le seul encore vivant était la jeune femme que Yanz avait voulu sauver, et qui s'était évanouie avant le massacre. Marianna savait comment gérer la situation, elle l'avait déjà fait. Elle l'attrapa et le tourna face à lui. Puis, d'un vif baiser passionné, elle aspira entièrement l'énergie démoniaque du bretteur. Mais contrairement à la fois précédente, tout ne se passa pas comme elle l'espérait. Sa consistance de démon novice ne pouvait supporter un tel flot de puissance. Elle ressentit comme un feu intérieur lui brûlant les entrailles, et son corps se contracter si fort, qu'elle avait l'impression d'être écraser. Chacun de ses os, muscle, et tendon la faisait souffrir, au point qu'elle en tomba au sol pétri de douleur.

Peinant à se relever, la succube se retrouva alors à genoux devant Yanz. Mais pour la première fois, elle ne tentait pas de charmait le jeune homme ou de lui faire une gâterie :

- Pitié ! Toi aider ta Marianna ! Faire trop trop mal. Marianna n'en peut plus. C'est trop dur !

Il la regarda différemment, comme une femme fragile et non comme un monstre. Elle l'implorait, les larmes aux yeux. Lui, n'éprouvait pour elle que compassion en cet instant. Malgré sa nature démoniaque, combien de fois l'avait-elle consolé, même si ce fût avec des arrières pensées perverses ? N'avait-elle pas toujours été près de lui quand il en avait besoin, même si ce fut par obligation ? Elle l'avait souvent dorloté, protégé, amusé, et montrer tant d'affection envers lui dans les moments difficiles depuis la nuit qui avait bouleversé sa vie. Et maintenant, s'il avait retrouvé ses esprits, une conscience et de l'empathie, c'était grâce à elle. Mais Marianna souffrait terriblement de l'avoir sauvé de lui-même.

Il lui apparut que s'il pouvait éprouver des sentiments humains comme ceux-là, alors il l'était encore. Il la regarda le visage plein de pitié et de tendresse :

- Je vais t'aider, ne t'inquiète pas. Je vais te sauver. Nous sauver tous les deux.

Oui, Yanz avait pris sa décision. Il allait la soulager du mal qui la faisait souffrir. Il allait l'en libérer, et lui aussi par la même occasion. Il n'avait besoin que d'une chose : un seul et unique coup bien placé dans le cou de la succube. Elle ne ressentirait plus aucune douleur. Lui, ne deviendrait pas un démon de son vivant, car il mourait en humain. Il leva son épée, hésita un instant, puis fendit les airs en l'abattant sur Marianna. Tandis que la lame allait atteindre la diablesse, un bruit sourd, un flash lumineux lui fit manquer son geste.

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