Chapitre 2: Le pacte.

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Yanz vivait une vie paisible comme tous les aristocrates de son âge. Puis cette fameuse nuit arriva, et il se retrouva orphelin en quelques heures, devant affronter des zombies sans savoir comment, on tuait des êtres qui étaient déjà morts. De plus, son esprit était focalisé sur la seule personne encore vivante dans ce manoir, à part lui, qu'il pensait devoir protéger des zombies. Malgré son apparence démoniaque, l’envoûtement que provoquait chez lui les charmes féminins de Marianna le poussaient à la voir comme une jeune femme qu'il se devait de protéger. Qu'il l'abandonne aux créatures qui ravageaient le domaine lui paraissait impensable, même si elle avait égoïstement suggéré laisse les gens du manoir à leur sort. Mais quand Yanz se tourna vers elle pour s'assurer qu'elle était en sécurité, il fut alors surpris de ce qu'il voyait, car la succube lui apparut comme irréaliste. Étant dans l'ignorance concernant la nature de Marianna, il lui posa directement la question malgré la menace des zombies :

- Mais, qui es-tu vraiment?

- Je suis une jolie Marianna rien qu'à toi mon mignon.

- Ne me dis pas que tu as un lien avec la présence de ces créatures? s'inquiéta Yanz.

- Moi ? s''étonna Marianna d'une voix enfantine. Mais enfin, pourquoi j'aurais fait ça ? Se priver volontairement de câlin c'est vilain.

- Dans ce cas-là, pourquoi es-tu là?

- Je te l'ai dit, je suis venue uniquement pour toi. D'ailleurs je n’en ai pas fini, je n’ai toujours pas vu ce que tu caches sous ton pantalon, et ça me rend toute triste.

Marianna affichait un air boudeur, mais elle avait une gestuelle nonchalante, comme si elle se fichait bien des questions qu'on lui posait. Malgré les dires de la succube, Yanz occulta volontairement les provocations osées de la diablesse.

- Pour moi? Pour quelle raison?

- Ça, tu n'as besoin de le savoir. Tu ce que tu dois faire, c'est me satisfaire si tu veux être un bon garçon. Et puis à ta place, je ferais un peu plus attention, sinon je n’aurais jamais mes petites faveurs que j’attends de toi.

Marianna semblait dire vrai concernant la vie du jeune homme, car les zombies étaient à présent à quelques mètres de lui. Heureusement, leurs muscles en pleine décomposition les rendaient très lents, ce qui laissa suffisamment le temps à Yanz pour sortir sa lame. Il attaqua l'adversaire le plus proche de lui en plantant sa lame dans son cœur, puis retira immédiatement pour reprendre ses distances avec le reste des assaillants. Cependant, sa cible n'avait eu aucune réaction, comme si ce coup ne lui avait jamais été porté.

Yanz tenta une nouvelle attaque et trancha le bras d'un zombie à sa gauche. Mais là encore, aucune réaction à la perte de son membre et le mort-vivant continua à avancer machinalement, comme si rien ne s'était passé. Le jeune homme reprit à nouveau ses distances avec les cadavres ambulants. Il se retrouvait complètement déstabilise par la situation, devant affronter des adversaires insensibles à la douleur. Tandis qu'il cherchait une solution à ce problème, il ne remarqua pas le zombie à sa droite. Quand il s'en rendit compte, il attaqua sans réfléchir pour se défendre, et frappa en direction de la tempe gauche de son adversaire. La lame bien affûtée de l'épée passa nettement à travers son crâne putréfié, lui faisant sauter toute la partie supérieure. Cette fois-ci, le zombie se stoppa sur le coup et tomba au sol.

Yanz, qui devait sa découverte à la chance, avait tout de même trouvé leur point faible. Il finit ce qu'il avait commencé en éliminant le zombie auquel il avait tranché le bras, puis il se débarrassa de la dizaine d'ennemis qui restaient dans le couloir. Il examina alors les corps pour savoir comment ils étaient devenus ainsi. Ils avaient tous pour point commun des parties de leurs membres couvertes de taches sombres, et des traces de bubons, symptômes de la peste noire. En voyant cela, Yanz pensa que le fléau n'avait peut-être pas seulement tué un tiers de la population, mais qu'elle avait aussi pu les transformer en morts-vivants.

Il se décida à retourner près de Marianna, qui pour raison inconnue était restée dans le couloir malgré qu'il ait découvert sa véritable apparence. Il pensa que si elle était toujours là c'était qu'elle devait avoir un plan en tête, mais cela arrangeait bien le jeune homme qui voulait des réponses à ses questions. Et puis, une autre chose l'avait interpellé : à aucun moment les zombies n'avaient donnés l'impression à Yanz de prendre Marianna pour cible. Il se tenait face à elle, et il avait de nombreuses questions à son sujet.

- Maintenant, comme tu le vois je suis toujours en vie, et tu vas donc pouvoir me parler de ces horreurs.

- Ce qui est une bonne chose, car j'aurais eu de gros ennuis si tu étais mort, avant que je n'en aie fini avec toi.

- Que veux-tu dire par là?

- Rien d'important. Maintenant si on reprenait où on avait arrêté ?

- Tu avais promis de répondre à mes questions, tu as déjà oublié ? insista Yanz.

- Mais tu fais erreur, car certes, je t'ai dit ce que je savais, mais je n’ai jamais pris l'engagement de te révéler des informations. Comment aurais-je pu te dire ce que j'ignore? Alors rien ne me force à parler. Mais si tu tiens tant que ça à me faire user de ma voix, il va falloir donner de ta personne.

La succube commença à retirer la bande de tissus couvrant sa poitrine, tout en se rapprochant du jeune homme. Yanz se sentait tellement idiot d'avoir cru Marianna et de s'être fait rouler aussi facilement, qu'il s'énerva contre la succube en la repoussant violemment en arrière. Elle ne se laissa pas abattre, et insista sautant sur lui, s'accrochant de nouveau à son corps. Mais le jeune noble en sentant ses sens s'emballer, et échapper à son contrôle, il entailla sa main, la douleur lui faisant reprendre ses esprits. La diablesse afficha alors un visage vexé :

- Espèce de tricheur ! C'est pas bien de vouloir fuir ta Marianna. En plus, je fais l'effort de te montrer une très très jolie vue.

- Comment tu peux penser à ce genre de chose à un moment pareil ?

- Bah, c'est normal. Je suis une vilaine Marianna, c'est dans ma nature. Et puis, te regarder vaincre ces monstres ça m'a donné très envie de toi.

La succube grimpa à nouveau sur Yanz, puis se mit à lécher la main blessée du jeune homme, faisant disparaître la plaie. Cette fois-ci, il ne chercha pas à la repousser, car il avait bien compris que cela était vain face à elle. Cependant, il ne se laissa pas séduire pour autant, s'enfonçant un de ses ongles dans la paume pour rester lucide, demeurant impassible vis-à-vis de la diablesse. Il pointa ensuite sa dague à quelques millimètres de la nuque de Marianna, prenant ainsi l'avantage sur elle.

Même si Marianna était à nouveau serrée contre Yanz, elle était privée de tout mouvement de repli, la plaçant alors dans une position de captive. Yanz pouvait désormais reprendre son interrogatoire et cette fois-ci il espérait bien obtenir des réponses à ses questions, même si la succube ne semblait pas prête à lui parler. Malgré la lame qui la menaçait, la créature se frottait contre le jeune homme. Il décida alors de la repousser pour l'empêcher de faire autre chose que discuter :

- On va recommencer depuis le début, qui es-tu et que me veux-tu? .

- Je te l'ai dit, je suis une Marianna qui veut des câlins. Je suis ici rien que pour toi et tes beaux yeux.

- Je me suis mal exprimé peut être, mais je veux savoir ce que tu es, et pourquoi tu es là pour moi.

- Ça tu n'en as pas besoin, surtout que tu ferais mieux de faire joujou avec ta Marianna. Vu la situation, un peu de réconfort te ferait du bien.

- Pourtant, l'idée que ce monde va disparaître n'a pas l'air de t'effrayer. Alors j'en conclus que tu y es pour quelque chose.

- C'est faux ! Marianna Vilaine à cause de ses pensées perverses. Elle mérite juste la fessée. Mais je n’ai rien à voir avec ces trucs tout moches qui t'ont attaqué.

- Comment peux-tu prétendre ça alors que les zombies semblaient t'épargner et t'éviter ?

- Moi non plus je ne comprends pas. Peut-être qu'ils avaient peur de moi et de ma beauté. Regarde-moi, ne suis-je pas tellement jolie que tu vas m'emmener ton lit ?

- J'ai plutôt l'intention de t'arracher la vérité! Puisque tu te crois suffisamment innocente et peu concernée par la situation, je ferais tout pour te forcer à la subir.

- Comme si tu pouvais me forcer à rester ici, déclara Marianna en hurlant de rire. Donc si tu veux me garder avec toi, va falloir me satisfaire.

- Ce serait pourtant une belle vengeance de te condamner à rester ici avec moi! Je vendrais même mon âme au diable pour ce simple plaisir.

- Ton vœu est exaucé humain !

Si la voix venait de Marianna, ce n'était pourtant pas la sienne, mais celle d'une autre femme. Un pentacle couleur rouge sang apparut sur le cou de Yanz, tandis qu'un deuxième se traçait sur la poitrine de la succube. Puis, un cercle de flamme se forma autour d'eux, la voix de la mentor se mit à résonner dans le couloir, afin de leur expliquer les faits. Sans le savoir, Yanz avait réellement vendu son âme au diable pour s'acheter une Marianna insupportable. Bien que ce n'était pas ce qu'il voulait, le jeune homme s'était fait piéger.

La démone de son côté n'arrivait pas à croire la situation actuelle: elle venait ainsi d'être vendue par son propre camp, comme une vulgaire marchandise. Pour Yanz, sa revanche sur la succube avait un goût des plus amer, et il était encore sous le choc. Non seulement, il ne savait pas combien de temps il lui restait avant de succomber à son tour, au mal qui était sur le point de faire disparaître l'humanité. Mais en plus, son âme serait damnée pour l'éternité après sa mort, sans qu'il ne puisse s'y opposer. Pour lui, c'était comme devoir vivre l'enfer deux fois de suite, et sans pouvoir échapper à ce destin.

Le pire pour lui, c'est qu'il devrait supporter Marianna jusqu'à la fin de sa vie, même si celle-ci risquait d'être bien courte. Elle était liée à Yanz jusqu'à la mort de celui-ci, ne pouvant rejoindre les enfers tant qu'il vivrait, elle était ainsi donc coincée à la surface.

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