Chapitre 7

7 minutes de lecture

PDV Rébecca Devalois


La chaleur des rayons du soleil sur ma peau, ma tête posait sur son torse, nos corps serrés l'un contre l'autre. Quoi de mieux que de se réveiller dans ces conditions ? Je levais la tête pour admirer cet homme, qui, en si peu de temps, m'avait permis de rendre un peu de sa couleur à ma vie.


Sans m'en rendre compte, je me retrouvais submergée par mes sombres souvenirs. J'avais tellement perdu ces 6 dernières années, mon monde s'était effondré. À la mort de mon mari, j'ai été complètement anéantie, j'avais touché le fond, enfin c'était ce que je pensais. Puis, il y avait eu l'arrivée de Cassidy, notre fille. Elle lui ressemblait tellement, mon deuil avait été un peu moins lourd à porter. Je pouvais voir Marlon à travers elle, à travers ces magnifiques yeux bleux/verts que j'aimais tant, à travers sa couleur de cheveux ébène, mais surtout à travers son rire, elle avait le même rire que son père. Malheureusement, le destin avait décidé de me l'enlever également. Mon cœur s'était brisé une nouvelle fois pour ne devenir qu'un amas de cendres. Ma vie était devenue un gouffre dans lequel je tombais sans pouvoir, ni atteindre le fond, ni me rattrapais aux parois ; j'étais en chute libre. Le monde avait perdu de ses couleurs la seconde où la balle avait atteint son cœur. Il s'en était suivi une vengeance mortelle où je n'en étais pas sortie indemne. Mes deux amours me manquaient horriblement. Steve me ramena subitement dans le présent, effaçant délicatement une larme orpheline de tristesse qui dévalait ma joue.


« J'étais ailleurs, excuse-moi !

Tu n'as pas à t'excuser ! me contredit-il. Tout le monde à un passé et le tien est douloureux ! Il ne faut pas chercher à l'oublier ! Ce passé a fait de toi ce que tu es aujourd'hui ! Il faut juste apprendre à vivre avec ! Je sais, tu vas me dire que c'est plus facile à dire qu'à faire, et c'est vrai ! Mais un jour, tu y arriveras, et tu seras en paix avec lui ! raconta-t-il. Crois-moi, j'ai rencontré assez d'obstacles dans ma vie pour t'assurer que tu en ressortiras plus forte ! »


Sur ces mots, il me réconforta dans ses bras et déposa un baiser protecteur sur mon front.


« Au fait, Matt m'a appelé ! m'apprit Steve en se détachant de moi, passant du coq à l'âne.

Merde ! Je l'avais complètement oublié ! Il devait être super inquiet !

Oui, et pas qu'un peu ! J'ai dû lui dire pour hier soir et...

Tu as fait quoi ? le coupais-je interloquée.

Je te rassure tout de suite, je lui ai juste parlé de la partie “ Maggie ” ! révéla le brun, me faisant pousser un soupir de soulagement. Je ne lui ai pas dit que Rick t'avait agressé, mais il finira par le savoir en vous voyant arriver tous les deux, tout à l'heure !

Comment ça ? lui demandais-je étonnée.

Dans une heure on retrouve mon équipe ! On va avoir besoin d'un coup de main ! »


Il n'avait pas tort, à nous trois, on n'allait pas faire le poids. Je n'étais pas vraiment enthousiaste à cette idée, mais je n'avais pas le choix. Je pris rapidement une douche pendant que Steve préparait le petit déjeuner. Lorsque je descendis vêtu de ma robe de la veille, je me retrouvais devant une scène que je n'aurais jamais imaginée : Steve refilait des morceaux de bacon à Eddie en discutant football américain avec Rick. C'était comme si la frontière qui séparait l'Autorité et la Délinquance avait disparu, ne laissant plus que paraître deux hommes en pleine conversation. Ils s'interrompirent brusquement quand ils s'aperçurent de ma présence.


« Aucun commentaire sur ma tenue ! les prévins-je. J'avais pas prévu de rester dormir !

On passera chez toi et chez Rick pour que vous puissiez vous changer !

Pas la peine de passer chez toi ! dis-je à mon frère, en croquant dans une tartine de Nutella. Il est déjà 8h, et tu vis de l'autre côté de l'île, on perdrait beaucoup trop de temps ! Matt vit à la maison en ce moment, vous faites quasiment la même taille, t'emprunteras ses fringues ! »


À la fin du repas, je pris conscience d'une chose. Le mec qui voulait ma mort avait pris la peine de faire enlever la copine du gars censé m'abattre, uniquement pour lui forcer la main pour qu'il accepte de faire le sale boulot. Dans ce cas, la possibilité qu'il s'en prenne à ma famille n'était pas à écarter.


« Steve ! Tu penses que Nathalie et Mark sont en danger ? lui demandais-je inquiète.

Pourquoi Mark serait en danger ? me questionna Rick, ignorant que nous avions un lien de parenté.

À vrai dire, je n'en sais rien ! Mais on ne va pas tenter le diable ! Demande-leur de nous rejoindre ! me répondit Steve, se désintéressant de la question.

Becca ! m'interpella brusquement mon demi-frère. Pourquoi il faudrait s'inquiéter pour mon frère ? répéta-t-il, l'impatience se faisant entendre dans le ton de sa voix.

Je t'expliquerais une fois qu'on sera tous réunis ! Mais, là, il faut qu'on y aille si on ne veut pas être en retard ! lui répondis-je d'un ton ferme. »


Il comprit qu'il ne devait pas chercher à aller plus loin et obtempéra. Dans la voiture, personne ne parlait ; Steve était concentré sur la route, Rick avait l'air dans ses pensées et moi, j'essayais de trouver un plan pour sauver ma peau et celle de Maggie. Rick semblait vraiment tenir à elle. Mon entourage avait tellement changé en mon absence, ils avaient mûri. Tous avaient trouvé un partenaire, même Matt. Il ne s'était pas ouvert à moi, mais il était plus épanoui et, à l'hôpital, j'avais aperçu l'anneau qu'il portait à l'annulaire gauche. Je ne savais pas si son silence était dû au fait qu'il n'avait pas trouvé le temps de m'en parler ou s'il ne désirait tout simplement pas m'en parler. Dans les deux cas, même si ça me faisait de la peine, je le laisserais venir vers moi, je ne souhaitais pas le brusquer. Après qu'on ait fait un arrêt par chez moi, on se rendit au QG de l'unité du 5-0. À notre arrivés, tout le monde nous attendait. Steve me présenta aux autres membres de son équipe : Adam Noshimuri, Junior Reigns, Tani Ray et Lou Grover. Avant de commencer à débattre sur les derniers événements, je demandais à Steve de me laisser quelques instants afin d'avoir une petite discussion avec tous mes frères et sœurs. Il acquiesça et me permit d'utiliser son bureau pour avoir plus d'intimité. On se retrouva donc à cinq dans le bureau : Matthew, Nathalie, Rick, Mark et moi. Ils se dévisageaient tous, se demandant la raison de cette petite réunion. Je ne perdis pas de temps et pris le taureau par les cornes. Je regardais Mark et Nat, confiant à tous, qu'ils connaissaient déjà l'objet de ce rassemblement. Ensuite, je tournais mon attention vers Matt. Les bras croisés, la posture imposante, il me zieutait avec ce regard qu'il avait si souvent utilisé avec moi pendant notre enfance, le regard qui signifiait qu'il savait tout. Dans un premier temps, je fus surprise. Depuis quand était-il au courant ? Le savait-il déjà avant que je ne revienne à Hawaï ? Et pourquoi ne m'avoir rien dit ? Toutes ces questions méritaient des réponses, mais pas aujourd'hui, ce n'était pas le moment. Puis dans un second temps, je fus rassuré parce qu'il m'acceptait toujours et que rien n'avait changé entre nous. Maintenant, il ne restait plus que Rick. Assis sur l'une des chaises, il me scrutait, une pointe de curiosité apparaissant dans ses yeux. Ne sachant pas quelle réaction il allait avoir, je devais prendre des pincettes. Je lui révélais le secret que j'avais caché à tous : le lien de sang qui m'unissait à chacun d'eux. Rick avait déjà les nerfs à vif avec la menace qui pesait sur les épaules de Maggie et sur les siennes ; ma révélation fut un choc pour lui, la goutte de trop dans un vase rempli à ras bord. Durant d'interminables secondes, il ne fit rien. Nous l'observâmes, nous attendant à une brusque réaction de sa part. L'air s'appesantissait. Abrégeant enfin le suspense, il se leva lentement, me lançant un regard de déception ou de trahison, à moins que ça ne soit un mélange des deux, je ne savais pas trop. Puis, il sortit en nous annonçant qu'il avait besoin de prendre l'air. Mark comptait suivre son frère toutefois, je l'arrêtais, il risquait d'envenimer la situation plus qu'autre chose ; c'était à moi d'y aller. Je le trouvais devant le bâtiment, assis par terre, ses jambes ramenaient contre sa poitrine.


« C'est pour ça que t'es partie ! s'exclama-t-il, fixant un point à l'horizon. Pourquoi t'es pas venue nous en parler ? me reprocha-t-il relevant enfin les yeux vers moi.

J'étais jeune ! Je venais de l'apprendre et j'étais complètement déboussolée, je ne savais plus quoi pensée ! lui avouais-je.

T'avais honte de nous ? se renfrogna cet homme qui faisait désormais partie de la famille.

Quoi ? Fis-je, interloquée. Non, pas du tout ! protestais-je contrarié qu'il avait pu penser ça. Lorsque ma mère me l'a dit, j'ai passé une semaine entière où je me suis sentie complètement paumée ! J'ai eu l'impression de ne plus vraiment avoir de famille ! J'étais soudainement passé d'une Devalois, à moitié Devalois, moitié Benton ! Je ne savais plus qui j'étais ! J'avais besoin de m'éloigner pour pouvoir encaisser et réapprendre à me connaître ! Par contre, aujourd'hui, je peux t'assurer que je n'ai pas honte ! Mark et toi êtes mes frères autant que Matthew et Nathalie sont mon frère et ma sœur ! On est une famille ! Et personne n'a le droit de toucher à cette famille ! »


Mon dialogue fit son petit effet, Rick était à présent calmé et regonflé à bloc. Nous rejoignîmes les autres bras dessus, bras dessous, afin de pouvoir passer aux choses sérieuses.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Plume23 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0