Sur le qui-vive

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Le lendemain matin, dès mon réveil, je mets un certain temps à réaliser que je suis dans mon nouveau foyer.  

« Qu'est-ce que j'apprécie ce silence. »

Lentement, la porte du salon s’ouvre. Ils viennent vers moi, ma maîtresse me prend dans ses bras, pose un bisou sur ma tête, me caresse, puis me repose au sol. Je les regarde à tour de rôle, pendant qu’ils énumèrent le programme, de cette première journée de vie ensemble.

Le petit déjeuner consommé, mes maîtres s'approchent avec mon collier rouge. acheté lors de ma venue, dans cette folle meute de chiens et de chats.

« Chouette nous allons sortir dans le jardin. Enfin, c'est ce que je crois. »

La porte d’entrée s’ouvre, je m’apprête à faire quelques pas dehors, lorsque ma maîtresse s’abaisse pour m’attacher à la laisse.

« A la quoi ? Au secours, qu’est-ce qui se passe ? Au secours, que me font-ils ? Au secours, je dois absolument me débarrasser de cette chose qui m'entrave. »

J'use de toute mon énergie, pour me dégager de ce lien. J’ai beau tirer, me secouer dans tous les sens, rien n’y fait. Affolée par mon comportement, ma maîtresse essaie de me calmer du mieux qu’elle peut.

« Faut me comprendre, j’ignore totalement ce que peut être une laisse, je n’en n’ai jamais eu auparavant. Passé cet épisode stressant. J’en tremble encore rien que d’y penser. » Nous descendons l’allée de la maison et sortons de la propriété pour faire ce qu’on appelle, d'après mes maîtres, “ une promenade."

« Encore un terme que j’ignore. »

Petit à petit, Je m’habitue à cette laisse et marche le museau en éveil, afin d'analyser les diverses senteurs. Je prête l’oreille au moindre bruit suspect, quand à mes yeux, ils voyagent dans tous les sens, pour repérer d’éventuels menaces.

L'automne se pare doucement de ses couleurs, les arbres perdent peu à peu leurs feuilles qui, virevoltent au moindre souffle de vent, émettant un faible bruit en tombant sur le sol. Lorsque mes pattes les frôlent, je m’écarte aussitôt, pour bondir de frousse en voyant passer l'une ou l'autre devant mon museau. Je suis apeurée et très inquiète, je ne cesse de regarder autour de moi, me retourne sans cesse dès que j’entends la végétation bouger aux alentours.

Tout à coup, je perçois un son retentissant qui s’approche de plus en plus vite de nous. Le sol vibre sous mes coussinets, je me colle littéralement, contre la jambe de ma maîtresse sans bouger, quand un truc énorme, apparaît du virage dans un bruit assourdissant, faisant tourbilloner des dizaines de feuilles sur son passage.

— Pas de panique, ce n'est qu'un camion benne, on va se mettre sur le côté. Dit ma maîtresse en s'écartant. D’accord, il a ralenti son allure à notre hauteur, mais je fais 26 cm de haut et voir surgir ce camion machin sur la route étroite. J'étais tétanisée. Enfin, le reste de la promenade se poursuit sans autre choc émotionnel et de retour à la maison, j'ai hâte de regagner mon beau panier.

L’après-midi, nous partons en ville faire quelques achats, dont un passage dans une animalerie. « C'est super ! Les chiens y sont admis. » J’accompagne mon maître, qui parcoure plusieurs rayons de long en large avant de dénicher un objet bizarre. Tandis que ma maîtresse achète des nouvelles croquettes, conçues spécialement pour ma race. « Il paraît que c’est bon pour mes dents, afin d’éviter le tarartre. Moi, chais pas ce que c’est ce truc de tarartre ? »

En soirée, mon maître me montre cet objet bizarre, acheté au magasin. Il le fait tournoyer devant mes narines, puis le comprime, “couin, couin“, émet celui-ci. D'’un coup, je détale en allant me réfugier dans un coin de la pièce, toute tremblante.

« Ouille, Ouille, c’est quoi ce bidule ? »

Doucement, il vient vers moi en parlant calmement, s’accroupit, me montre ce “machin“, que j’ose à peine regarder, le pose au sol, prend une de mes pattes qu'il place dessus, en me maintenant serré contre lui. « Non ! je ne veux pas voir ce qui va se produire ! » Je tourne la tête au maximum. Mais rien, pas de réaction. Là, je constate que c'est inerte et donc sans danger.

« Or, cette chose a bien crié, je ne rêve pas ! »

Il la reprend alors en main, la pince et de nouveau, une sorte de cri aigu en sort.

« Hé hé, vous voyez bien que c’est vivant ! ». Dis-je en aboyant fortement, mais ils ne me comprennent pas ! D'emblée, il me la met directement sous le nez et je ne peux faire autrement que de la renifler.

« Tiens, ça n’a pas d’odeur, ça n’a pas l’air fort vivant, ça bouge pas. Ok, j’ai paniqué trop vite. D'après mon maître, c’est une peluche pour jouer, mais qu’est-ce que j’en sais moi ! »

Passé l’examen minutieux du sujet, je me mets à la mordre, elle couine de plus belle, mais je m’en fiche, elle ne me fera aucun mal et je mords, mords, la secoue dans tous les sens, la lance en l’air, elle retombe plus loin et je coure la chercher, pour recommencer de plus belle. « J’ai une revanche à prendre sur mes peurs et je me défoule à fond, nom d’un petit nonos, que c’est bon de décompresser. »

Le soir venu, je sors dans le jardin pour mes derniers petits besoins. « Je peux bien l’avouer, je ne suis pas très à l’aise dans l’obscurité. » Je reste donc autant que possible dans la lumière qui filtre des fenêtres. « C’est bizarre que la nuit on entend toujours plus de bruits étranges que dans la journée. »

Il me semble percevoir de l’eau couler tout près, mais je préfère ne pas m’aventurer, certaines ombres semblent se mouvoir en s'avançant vers moi, je rase donc littéralement les murs de la façade.

Un hululement se fait entendre tout près.

« Oooh, c’est quoi ce cri ? » mon inquiétude est telle que j’angoisse dans cette ambiance. Je dois sûrement mettre un temps fou à rentrer, car mon maître vient me retrouver.

« Ah, là je sens que ça va aller. » Je me dépêche et réintègre mon panier pour une bonne nuit de sommeil.

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