Chapitre 9

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Lundi

6h30 :

Réveil, douche, café. Angus est encore couché, il a repoussé son réveil, encore une fois. Je l'envie un peu car je sais qu'il a toujours un sommeil lourd et réparateur, tandis que le mien est toujours agité et fatigant. Je me demande comment je tiens avec aussi peu d'heures de sommeil... Je me souviens de tous mes rêves, qu'ils soient agréables ou non, et j'aimerai parfois pouvoir n'en avoir aucun souvenir.

Les événements de ces derniers jours se mélangent dans mon subconscient. J'aime à croire que c'est cette zone-là qui s'agite et qui cogite durant mes nuits. Et une chose en particulier m'a tenue en éveil une bonne partie de la nuit, c'est la « Petite Porte » qui se trouve dans ma Salle de Création. Si la Grande donne accès à mon monde imaginaire, où donc peut bien mener la Petite ?

Je suis sur le parking et j'hésite à monter dans ma voiture. Que va-t-il se passer aujourd'hui ? Je n'ai pas osé regarder mon téléphone portable, que j'ai mis en mode « avion ». Pourtant il faudra bien que je désactive cette fonctionnalité si je veux rester joignable. Alors je le fais, je remets le réseau et apparaissent presque dans les secondes qui suivent cinq notifications d'appels inconnus en absence...

Mon cœur fait un bond extraordinaire dans ma poitrine, je crains le pire tout à coup.

Je monte dans ma voiture et démarre. J'active aussi le système Bluetooth. J'ai des tremblements qui me secouent tout le corps et je grelotte. Je roule tout en scrutant l'écran tactile de mon tableau de bord, est-ce que Synalco va m'appeler mais surtout, est-ce que mon histoire a pu les aider Giacomo et lui ?

En parlant de ce dernier, je me demande si je serai capable de le reconnaître au moment où je le verrai, pas comme pour Alex et Camille. Ces deux-là mon presque fait peur. Il faudra que je m'applique à mieux décrire certains personnages à l'avenir...

Je roule toujours et j'arrive au niveau de l'endroit où j'ai vu Synalco pour la première fois, soudain le reçois un appel. Je sursaute, c'est Angus.

-Allo ouiii ? Je miaule.

- Coucou Choupinoute, tu es déjà loin ?

- Heu, non, pas tant que ça, pourquoi ?

- Eh bien... je crois qu'il faut que tu reviennes.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Disons que c'est mieux si tu reviens, je t'expliquerai...

- Non, dis-moi je ...

- Reviens dès que tu peux, fais attention à la route. Bisous !!

Et il raccroche. Il raccroche en me laissant comme ça, dans cet état d'angoisse et de curiosité mêlés.

Je fais demi-tour et je tente de me calmer car j'ai le cœur qui s'emballe, et surtout, l'imagination qui déraille.

Finalement j'arrive devant la porte de l'appartement, et avant même que je ne pose ma main sur la poignée, elle s'ouvre : Synalco se tient devant moi !

- Bonjour !

Il me regarde en souriant et s'efface pour que je puisse entrer. Je reste sans voix, complètement éberluée. Synalco est dans mon appartement, jusqu'ici, me direz-vous, il n'y a presque plus rien d'extraordinaire, mais, il est EN PRESENCE D'ANGUS !!!

Je respire un grand coup et j'entre enfin. Je vois Angus debout contre l'enfilade de la salle à manger. Il me regarde avec une sorte d'air surpris et amusé à la fois.

Je me précipite vers lui et comme si nous étions seuls tout à coup, j'exulte en le secouant par les épaules :

- Alors, je ne suis pas folle !!! Il est bien réel !!!

- Oui, j'ai remarqué figure-toi !

Soudain je me mets à chuchoter en me collant à lui pour lui parler à l'oreille :

- Est-ce qu'il est toujours là ?

- Oui je suis là. Dit alors une voix au ton grave dans mon dos.

Je me retourne et je fixe Synalco. Est-ce qu'il est fâché ?

- Non, je ne le suis pas. Répond-t-il en m'adressant un petit sourire en coin, et un clin d'œil.

- Mais comment... je veux dire, pourquoi es-tu là ?

- C'est bien ce que tu voulais non ? Une preuve de mon existence...

Je regarde Angus, il n'a pas l'air choqué, je dirai qu'il est plutôt sur la réserve. J'espère qu'il ne s'imagine pas que j'ai embauché un acteur pour tenir le rôle de Synalco !

- Il est arrivé juste après ton départ.

- Juste après ? Donc vous avez un peu parlé, non ? Dis-je la voix tremblante.

- Un peu. J'avoue que je suis un peu perdu... mais je préfère ne pas trop réfléchir.

Il est au contraire très compréhensif et patient. Lui qui est si cartésien, je suis très impressionnée par sa capacité à accepter ce qui nous arrive en ce moment.

Mais la situation est ubuesque. Pourquoi ai-je le sentiment qu'il s'est passé quelque chose qui ne va pas me plaire ou qui va me gêner au plus haut point ?

- Non, rien de tout ça, me rassure Synalco. Je sais que tu as rencontré Alex et Camille et que tu as vu ton Antre.

- Oui, j'ai été là-bas. Ils m'avaient dit que tu nous rejoindrais, mais tu n'es pas venu.

- Je sais, mais c'est parce que l'histoire que tu as modifiée ne s'y trouvait pas, c'est pour cela que je suis venu ce matin.

- Tu en es sûr ? Depuis hier elle n'y est pas ?

- Si c'est le cas, on ne l'a pas trouvée, et pourtant Alex et moi avons fouillé partout.

- Et vous avez regardé là où la Petite Porte donne accès ? Propose soudain Angus.

- Non. Nous n'avons pas été voir.

- Pourquoi ?

- Parce que ... cet endroit nous est interdit. C'est un autre recoin de ton esprit, me dit Synalco, et nous ne pouvons pas y entrer.

- Est-ce que cela pourrait vous détruire ? Je ne comprends pas... Qu'est-ce qu'il y a derrière cette Petite Porte. Il faut qu'on y aille !

- Que tu y ailles ou que vous y alliez ensemble Angus et toi, mais moi, je ne peux pas y entrer.

Angus pose une main sur ma nuque et m'oblige à le regarder.

- Je ne sais pas si je suis prêt pour ça ma chérie...

Je le regarde et je peux tout à fait comprendre ses réticences à cet instant précis. Toute la nuit dernière, cette Petite Porte m'a hantée. Il faut que j'en aie le cœur net surtout s'il est possible que Giacomo y soit retenu.

- D'accord. Mais, tu vois, je ne t'ai pas raconté de bêtises, ce qui m'arrive depuis vendredi est réel...

- Oui, je le vois bien. Mais je ne vois pas ce que je peux faire pour t'aider.

- Etre présent, me soutenir...

Angus me prend dans ses bras et me serre très fort. Je sens qu'il tremble, il ne le montre pas, pourtant il est bouleversé. Je me dégage de son étreinte et je me tourne vers Synalco :

- Est-ce que tu peux m'emmener là-bas ?

- Oui.

Je me retourne vers Angus et je lui demande inquiète :

- Quand je reviens, tu seras là ?

- Combien de temps cela va prendre ? Demande-t-il à Synalco.

Je suis aux anges, mon Chéri qui parle à mon personnage imaginaire, je ferme les yeux pour me recentrer, ne pas défaillir, et j'entends la réponse :

- Tout dépendra d'elle.

Il s'avance vers nous en tendant une main et je me sens vraiment mal à cet instant. Je suis en train de réaliser que nous parlons de faire un saut dans mon esprit, que nous allons explorer des recoins que je ne connais pas moi-même, je sais qu'il faut que j'y aille pour que le cours de ma vie, de nos vies, redevienne normal, et ça me gêne.

Angus m'embrasse tendrement et me rassure en me disant qu'il n'ira nulle part avant que je ne sois revenue, puis il s'adresse à Synalco :

- Comment ça va se passer ?

- Juste comme ça...

Et il prend ma main. Comme la première fois, la nausée et les sueurs froides m'ont secouée mais je savais à quoi m'attendre. Quand le tourbillon s'arrête enfin je reprends mes esprits et regarde autour de moi. Synalco est toujours là. Nous sommes dans la Salle de Création et rien n'a changé depuis hier. Je vois les deux portes au fond de la salle et une crampe au ventre me fait grimacer.

- Tu es prête ?

Il m'adresse un regard doux, presque compatissant, à croire qu'il sait ce qui va m'arriver.

- J'ai peur, j'espère que je ne vais rien empirer...

- On ne peut pas le savoir tant que tu n'y entres pas.

Je plante mon regard dans le sien, quelque chose a changé chez lui d'un seul coup, mais je ne parviens pas à savoir quoi.

- Allons-y.

Je prends une grande inspiration et me dirige vers le fond de la salle. Synalco m'accompagne et comme convenu, il s'arrête à quelques pas de la fameuse porte.

- Je t'attends ici, je ne vais pas plus loin.

- OK.

S'il peut lire mes pensées, moi je peux percevoir ses ressentis, et c'est dans un même élan que nous nous étreignons pour rester soudés un long moment.

Quand il me libère je vois que ses yeux sont embués de larmes, et cela ne m'aide pas du tout, pourtant, je me retourne et sans hésiter, j'ouvre la Petite Porte...

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