Le cri de l'aube d'un ivrogne

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 Une seule vérité : quand les choses sont sues, il faut les dire. Je suis de cette catégorie d'êtres qui sont connus pour déclamer leur amour en soirée, pour être ivre et dire tant de simples faits gênants. J'aime. Je le dis. Et du temps où je buvais, de celui où je fis même de la prison d'avoir trop bu et d'avoir incendié une maison sans même le savoir, je hurlais l'amour que je ne recevais jamais. Quelle gageure ! Aujourd'hui, réconcilié avec la raison, ayant souffert l'enfermement, les ignominies de ceux qui profitent de votre disgrâce pour répandre des mensonges vous concernant, je ne fais plus que murmurer que j'aime plus que je ne m'aime. Car je travaille sur moi, car j'ai fait des rencontres qui se soucient de mon devenir. Aussi cela m'importe. Parmi tous les égoïsmes égotiques, tous les mensonges fait réseaux sociaux, parmi la fureur des temps modernes, et en souvenir des éthylismes passés, je déclame non plus la perdition, mais l'amour des constructions d'autrui. Que voulez-vous. L'amour d'autrui m'est une chose récente. On ne rend que peu. On reçoit.

 Je laisse ici ce flot de mots, auquel mon orgueil souverain confère sa forme et son fond. Nous sommes en pleine nuit. L'encre qui nous entoure est un baume. Elle n'assaille pas, comme le font les rayons poussiéreux d'un soleil immortel. La nuit vous laisse à vos choix, vos goûts, sans vous imposer son rayonnement. Elle n'est que réconfort, parmi les noctambules réconciliés avec une fraternité enthousiaste. Du moins, quelques heures passées parmi eux vous le font croire. Je franchis les paliers qui rapprochent, imperceptibles, de l'aube. L'homme y est encore, pour de rares secondes, le fraternel de tous. On embrasse, on sert dans ses bras. On reçoit l'émotion, et on en est le passeur. Nul ne vient contrecarrer, le temps de cette transe, l'envie que tous éprouvent de vaincre la petitesse et la solitude de tous ces quotidiens conjugués. Pour l'heure, nous ne sommes que pionniers. J'ai vu tant de poèmes. J'ai entendu tant d'émerveillements, tant de sincérités offertes dans le creux de nos heures affranchies. Ces heures méprisées par le corps des raisonnés raisonnables nous ont offert un monde. Nous sommes si peu à y être initiés. Nous sommes les gardiens d'un vent qui ne souffle plus. Nous chantons des vocalises que nul ne reprendra.

 C'était mon lyrisme. C'était ma joie. C'était mon sourire. C'est mort. C'est enterré. J'ai vécu six mois de prison, l'infamie, aussi, de fausses accusations, et enfin, surtout, le support et l'amour des gens vrais. C'était la vie, donc. Je peux la chanter comme je l'entends. C'était la vie. Et c'était drôlement puissant. Nous viendrons à mon histoire. Bien sûr. Mais avant, avant, je vous redis cela comme une profession de foi inutile : j'aime, on m'a aimé, on m'a haï, on m'a soutenu aux frontières du mal. J'ai chuté, je suis libre, je vaincs, je vis. Tout le reste, absolument tout le reste, comme un autre que moi l'a dit, n'est que littérature. C'est entendu. Laissons-la parler.

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