L’air froid et sec piquait toutes les parties de peaux mises à nu. La neige crissait sous les pas des raquettes et le soleil tentait de percer dans ce ciel de nuages blanc brumeux.

« — Alors les filles, on n’est pas bien ici ? dit Ophélie en sortant de sa poche une perche a selfie afin d’y insérer sa caméra Go Pro ! »

Le groupe acquiesçait avec une énergie débordante.

« — Venez, on va immortaliser le moment ! »

Elles se mirent toutes les quatre groupés derrière Rachel afin de rentrer dans le cadre de la caméra.

Une fois la photo prise, elles se remirent en marche. Derrière elles, une pancarte faite dans un bois de sapin indiquait : Olsha 3 869m —> 278 Km.

Quand elles avaient atterri, quelques jours plutôt, le groupe d’amies avaient suivi à la lettre l’organisation qu’elles avaient mie au point. Taxi, bus et enfin nuit dans l’auberge. Le trek devait débuter le lendemain matin.

Au réveil, les filles étaient prêtes, sac et tenues chaudes. La gérante de l’auberge leur avait préparé un ragoût de viande d’un quelconque mammifère local. Rachel avait réussi à faire comprendre à la femme, qu’elle ne voulait pas de viande restante fidèle à ses choix moraux et gastronomiques.

Le début du trek fut parfait, le temps était radieux, froid évidemment, mais il n’y avait pas de chute de neige ni de grosses bourrasques qui auraient pu entacher l’ascension. Elles avançaient profitant de la splendide vue qu’offraient les montagnes enneigées. Plusieurs heures plus tard, elles creusaient un petit décrocher dans la neige et posaient leurs affaires.

« — Bon, les filles on casse la croûte ? Je meurs de faim ! Pas vous ? S’exclama Teresa.

— Ah ouais, j’ai trop faim ! Crièrent simultanément Rachel et Ophélie en se regardant, surprises. »

Les filles s’organisaient sortant réchauds et plats lyophilisés, chacune dans son coin préparait son repas. Seul le bruit des couverts et des aciers des popotes résonnait quand Manon cassa le silence :

« — Et voilà, qui en veut ? on va trinquer à notre petit séjour ! Dit elle en sortant le saucisson et la conserve a l’intention de Rachel .

— Et j’ai aussi ça ! Compléta-t-elle en brandissant une bouteille de vin

— Waouh ! Manon ! Bordeaux 1994 ? super année ! Acclama Ophélie surexcitée.

— Et ouais, un bon petit pinard, perdues dans les montagnes ! souriait Manon. »

La soirée passait tranquillement et elles avaient discuté de tout et rien mais la fatigue les avaient peu à peu atteint. Au moment de dormir, Manon regarda sa montre pour voir l’heure, 21h43, assez tard déjà .

Elle s’était installée dans son duvet et prit sa lampe qu’elle avait coincée dans un mousqueton, transformant sa lampe frontale en lustre de fortune. Elle sortit sa carte de randonnée et se repassa l’ascension. Suivant des doigts la ligne qu’elle avait faite plusieurs mois auparavant, elle s ‘arrêta sur un cercle, le lieu de leur bivouac.

« BIP » mode altimètre : la montre donnait 2 456m. D’après la carte, le nombre était le bon. Un sourire se dessina sur le visage de Manon.

« BIP » mode baromètre : Chute libre ! Elle s’interrogea, quelque chose n’allait pas . Elle regarda encore sa montre, le baromètre avait diminué drastiquement en peu de temps.

« — Bizarre…, Pourquoi d’un coup… ? »

Seule dans sa tente, elle réfléchissait à ce détail qui la tracassait. Elle tendit l’oreille, pas de bruit, ni de vent.

« — Peut-être un défaut ? On verra demain avec les autres. »

Elle ferma sa lumière et la coinça contre son torse dans son sac de couchage.Le sommeil la gagna rapidement et elle s’endormit comme ses amies.