Epouvant'art

7 minutes de lecture

 [Texte rédigé à l'occasion du festival de fantastic'art de 2018. Rien n'est parfait, probablement beaucoup de fautes, je ne me suis pas relue depuis.]

 2 février 2018. Une journée banale, et surtout celle de la fin de semaine, débutait. Je me réveillai et commençai à me préparer pour aller au lycée. Une journée de plus passée avec mes amis à rire de tout et de rien, à écouter les professeurs qui ne m’étaient plus inconnus à présent. Je savais toujours à quoi m’attendre avant d’entrer en cours. Si ça allait être intéressant ou non. Enfin, peu importe. Je pris rapidement mon petit-déjeuner et m’en allais prendre mon bus. Quelques personnes que je connaissais depuis longtemps, mais avec qui je ne discutais plus, étaient assises dans l’abri qui nous protégeait des intempéries. Nous n’échangions plus un mot depuis des lustres, et pourtant ce matin-ci, je trouvais leurs regards à mon égard plutôt étranges. Interloquée, je pris soin de regarder si je n’avais pas une tâche de chocolat sur mon pull qui aurait pus attirer leur attention, mais je n’avais rien. C’était mal à l’aise que je m’assis sur le banc encore humide. Je trouvais ça étrange, mais je n’y portai pas plus attention que cela. Après tout, tout le monde juge tout le monde, alors peu importe.

 Le bus arriva. Je laissai passer les autres personnes, puis je montai à l’intérieur en saluant le chauffeur. Je commençai à m’avancer dans l’allée, lorsque le conducteur m’attrapa le bras. Il me jeta un regard noir, et me demanda, d’une voix que jamais je n’avais entendue aussi brutale, ma carte. J’eus un moment de réflexion. Il me semblait qu’il ne l’avait pas demandé aux autres personnes. Je l’ai sortie de ma poche et lui montrai. Il me regarda, jeta un coup d’œil à ma carte. Il fit cela à plusieurs reprises, et me tendis la carte en me montrant la photo. Je fus horrifiée. Ça n’était pas moi. Ça n’était ni mon nom, ni mon prénom, ni mon adresse. Rien de tout ce qui était écrit ne me concernait. Commença alors de grandes discussions avec le chauffeur, afin de négocier ma place dans le bus. Je ne comprenais vraiment pas. J’avais ma carte hier matin, et je ne connaissais absolument pas la personne à qui appartenait celle que je possédais. Après dix minutes d’intense conversation et une boule au ventre qui ne me lâchait pas, je réussi à convaincre le conducteur que c’était une erreur. Mais lorsque je me tournai pour m’avancer dans l’allée, je constatai avec stupeur que l’ensemble des personnes dans le bus me fixait. J’eus un grand moment de solitude, et leurs yeux intensément posés sur moi me procurèrent l’effet d’un rocher qui m’écrasait au sol. Je ne me sentais pas bien. J’étais au centre de l’attention et j’avais horreur de ça. J’avais l’impression d’être une bête de cirque que tout le monde regardait. Je pris place à l’avant, et je me collais contre la fenêtre afin de leur échapper. Je pris mes écouteurs, et mis au plus fort ma musique. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Je prenais ce bus tout les matins depuis deux ans, pourquoi tout était différent aujourd’hui ? Que se passait-il ? Que leur arrivait-il à tous ? Pourquoi me dévisageaient-ils ainsi, ne m’avaient-ils jamais vu ? C’était peu probable. Je croisais la plupart d’entre eux dans les couloirs où à la cantine. Alors je ne comprenais pas leur comportement. Heureusement, la musique me fit tout oublier, mais seulement le temps d’un trajet.

 La réalité refit vite surface. Le bus s’arrêta devant la Halle des Sports afin que nous descendions pour que l’on puisse monter au lycée à pieds. J’avais vraiment hâte de retrouver mes amis. J’avais besoin de leur raconter ce qu’il venait de m’arriver. C’était tellement inhabituel, tellement étrange. Je me préparai à descendre, mais je préférai laisser passer toutes les personnes présentes dans le bus. Je voulais descendre la dernière, ce que je fis. Mais à nouveau, la sensation d’être une bête de cirque revint. J’évitai de regarder autour de moi, et m’avançai vers mon groupe d’amis, qui s’était mis en cercle. Je les saluai, mais j’eus l’impression qu’ils n’avaient pas entendu, ou alors qu’ils faisaient comme si je n’existais pas. Puis je vis qu’ils me jetaient des coups d’œil, et tous semblaient étonnés de me voir. Quelques chuchotements suivirent, et je tendis l’oreille afin d’essayer de les entendre. Mais que leur arrivait-il à eux aussi ? J’entendis alors des « Mais c’est qui celle là ? », « Qu’est-ce qu’elle vient nous parler ? On ne la connait même pas. » On ne la connait même pas ? Étaient-ils sérieux ? Mon cœur se fendit en mille morceaux. Qu’avaient-ils tous contre moi aujourd’hui ? Enervée, je lançai à contrecœur :

- ″Vous le faites tous exprès aujourd’hui de faire comme si vous ne me connaissiez pas ?″ criais-je à pleins poumons.

 Explosion de rire générale. Les larmes me montèrent aux yeux. Étais-je dans un rêve ? Ou étais-ce vraiment la réalité ? Je me pinçais à plusieurs reprises en essayant de me réveiller, mais rien n’y fis. Je montais rapidement jusqu’au lycée. Et le cauchemar continuait. J’entendais tout le monde murmurer, se poser des questions sur ma personne. Je n’en pouvais plus. J’atteignis enfin le lycée, et je me dirigeai aux toilettes avant que la sonnerie ne retentisse. Je me regardais alors dans le miroir.  Mes yeux étaient rouges, et mon mascara avait coulé. Mes cheveux étaient mouillés à cause de la neige qui tombait quand j’étais montée, et ils étaient ébouriffés. Mon visage ne reflétait qu’une expression triste. Et je l’étais. Éperdument. Je n’avais jamais ressenti une telle sensation d’abandon. La sonnerie annonçant le début des cours se fit entendre. Je sortis de la pièce, et m’engageai vers les escaliers. A nouveau, des chuchotements, partout, partout autour de moi. C’était à devenir fou. Tout résonnait dans ma tête. C’était pire qu’un cauchemar.

 Le professeur de français avec qui j’avais cours habituellement nous fit rentrer dans la classe. Je pris place à l’avant, puisque personne ne voulait se mettre à côté de moi. J’avais l’impression d’être dans une nouvelle école, un lieu où je ne connaissais personne et ou personne ne me connaissait. C’était le genre de situation que je n’aurais jamais voulu vivre de ma vie. Le professeur commença à faire l’appel. Mais mon prénom n’en sortit pas. Interloquée, je levai la main. Il me regarda comme si j’étais un extra-terrestre, et décida tout de même de me donner la parole.

- ″Excusez-moi, mais vous ne m’avez pas appelée.″ dis-je d’une voix mal assurée.

- ″Désolé mademoiselle, mais je crains que vous ne soyez sur la liste. Que faites-vous ici d’ailleurs, êtes-vous nouvelle ?″ demanda-t-il.

 Mon cœur cessa de battre. Pas sur la liste ? Nouvelle ? Mais quelle était donc cette affreuse blague ? Cela faisait deux ans que j’étais inscrite dans ce lycée ! Une paire d’élèves se mirent à pouffer de rire dans le fond de la classe. S’en était trop. Je me levai, et sorti de la salle en courant. A nouveau, les larmes se mirent à ruisseler le long de mes joues. J’allai sortir de l’établissement en pleurs lorsqu’une voix m’interpella. Je me retournai, et vis une surveillante. Un relent d’espoir surgit au plus profond de moi. Peut-être allait-elle m’annoncer que ça n’était qu’une erreur. Une semaine s’était passée, j’étais venue la veille en cours, alors pourquoi tout aurait été chamboulé du jour au lendemain ? C’était à en perdre la tête.

- ″Excuse moi jeune fille, mais que fais-tu ici, ne devrais-tu pas être en cours ?″ dit-elle d’une voix que je trouvai légèrement sévère. Puis elle eut un moment de réflexion. ″Je n’ai pas l’impression de t’avoir déjà vu. Que fais-tu ici dans ce lycée ?″ demanda-t-elle gravement.

- ″Je le voudrais bien.″ dis-je en éclatant en sanglots, ″Mais apparemment je ne suis pas sur la liste car je suis ″nouvelle″. Tout le monde me regarde de travers ou étrangement, tout en chuchotant dans mon dos. Je ne comprends pas. Je suis venue toute la semaine en cours ici s’en avoir un seul problème, et cela fais deux ans que je suis inscrite dans ce lycée. Alors que se passe t-il aujourd’hui ? Pourquoi tout est devenu ainsi ? Auriez-vous tous eus un problème de mémoire durant la nuit ?″ hurlais-je. Des personnes commençaient à se rassembler autour de nous. ″Expliquez moi ce qu’il se passe, je vous en prie.″ suppliais-je.

- ″Vous êtes folle jeune fille ! Vous devriez aller voir un médecin !″ répondit la surveillante en me regardant durement.

 Bientôt, l’ensemble des élèves et des professeurs se trouvèrent autour de nous. A nouveau, je faisais office de bête de cirque. Ce n’était pas le moment de m’écrouler devant tout le monde, et pourtant c’était trop tard. Je ne pouvais plus me retenir. S’en était trop. Puis une salve d’applaudissements commença à retentir. Je levai les yeux. Tout le monde me souriait, mes amis s’approchèrent et me relevèrent, me prirent dans leurs bras, me félicitèrent. J’étais sous le choc et ne comprenais pas ce qui était en train de m’arriver. Puis la surveillante s’approcha de moi avec un large sourire.

- ″Félicitations ! Tu as été tiré au sort pour être la victime d’une farce à l’occasion de l’Épouvant’Art 2018 ! Elle consistait à faire croire à un élève que tout avait changé dans sa vie, comme s’il se trouvait dans un nouvel endroit où personne ne le connaissait, du jour au lendemain. Nous sommes désolés si cela t’a fait du mal, et surtout très peur, mais entre nous, c’est le but du festival !″

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