Chapitre 2

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Cela faisait une semaine que j'étais alitée. Ma reconstruction était compliquée, mais je m'accrochais de toutes mes forces à la nouvelle chance que l'on me donnait. Depuis que je m'étais réveillée, plusieurs personnes se succédaient à mon chevet. Chacune à leur manière m'aidait à me reconstruire en me confiant des informations, parfois anodines, qui avaient une grande importance à mes yeux.

Grâce à elles, j'étais moins perdue. Je m'adaptais malgré la peine et la douleur qui m'habitaient.

Je restai sceptique face aux explications de ma résurrection. Néanmoins, je n'en avais pas d'autres.

J'étais morte il y avait de cela cinq ans... J'avais atterri ici car justice n'avait pas été rendue. Mon âme n'était pas en paix.

Personne n'avait fait lumière sur mon assassin. Il vivait en tranquillement alors que moi je souffrais.

Ça aurait été tellement plus simple si j'étais tout simplement morte...

De toute manière chaque assassiné était passé par là. J'allais m'adapter un point c'est tout. J'y étais obligée.

Nous étions aussi nombreux que les habitants de notre ancienne planète, la Terre, à l'exception près que nous formions un panaché hétéroclite de plusieurs civilisations. Moi qui rêvais de rencontrer un homme préhistorique, c'était possible !

Ce fut compliqué à admettre, mais j'étais une σκότωσε. Il ne me restait plus qu'à me venger pour devenir immortelle. C'était plutôt un bon dédommagement.

J'avais à peu près tout assimilé concernant ma nouvelle espèce. Cependant, j'avais un mal fou avec leur fonctionnement !

D'après mes informateurs, Il y avait quatre cercles, chacun dirigé par une prêtresse et je devais me contenter de ça pour le moment. Le reste était beaucoup trop alambiqué.

D'ailleurs on devait m'initier aujourd'hui. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'ils voulaient dire par là, mais ce n'était qu'une question de temps.

Deux prêtresses (du moins c'était l'image dont je me faisais d'elles) attendaient patiemment dans un coin de la chambre qu'on m'avait attribuée.

Je ne distinguai pas leurs visages, il était couvert d'un long voile transparent bordé de minuscules motifs identiques à ceux qui recouvraient le bas de leurs longues capes, chacune de couleurs différentes. C'était grâce à cela que je pouvais distinguer ces longues silhouettes filiformes.

Deux autres femmes à peu près vêtues de la même manière entrèrent quelques minutes plus tard aussi silencieusement que des spectres.

Elles étaient vraiment glaçantes à leur manière.

Je les regardais placidement en attendant de voir ce qu'elles me voulaient car honnêtement, je n'avais rien d'autre à faire. Elles représentaient mon divertissement du jour. C'était moins agréable que le délicieux gâteau au chocolat qu'on m'avait servi hier, mais elles allaient sans doute m'aider.

Sans demander mon consentement, la femme la plus proche — habillée d'un bleu aussi profond que l'océan— posa sa main sur mon front. C'était désagréable de se faire tripoter ainsi, mais je ne bronchai pas et la laissai faire.

J'attendis que quelque chose se passe. Je ne ressentais qu'un picotement désagréable, déboussolée, je levai la tête vers son visage pour observer ses réactions. Malheureusement, une nuée de geai indigo m'empêchait de voir ses traits.

Au bout de plusieurs minutes d'attente, vaine, elle se détacha et déclara solennellement :

— Le cercle de l'oiseau bleu rejette cette οπαδός.

Eh bien , qu'ils me rejettent pensais-je sarcastique. Ça devait être un de leurs projets de réinsertion. La suivante, toute de noir vêtu, exécuta les mêmes gestes que sa compère. Une fois encore rien ne se produit... Elle se redressa donnant ainsi l'impression que les aigles imprimés sur sa cape prenaient leurs envols.

— Le cercle de l'aigle noir rejette cette οπαδός.

Plus que deux, pensai-je lascivement en me préparant au prochain contacte.

A l'inverse de ses sœurs de cultes, dont les habits brillaient par leur simplicité, cette dernière était littéralement luminescente. Les émeraudes qui parsemaient son voile captaient la lumière, formant un étrange halo autour d'elle. C'était très mystérieux. Elle posa délicatement sa paume au même endroit que les deux autres.
Pour mon plus grand étonnement, celles-ci étaient moites ce qui démontrait une certaine angoisse. Pourquoi l'était-elle ? J'avais peut-être l'apparence d'un chien enragé, mais je n'allais pas la mordre si cela l'inquiétait...

Qu'attendaient-elles en me dévisageant de la sorte ? Mais ce manège était vraiment pesant.

— Le cercle de jade rejette cette οπαδός.

Géniale, je n'aurai pas à supporter cette mégère excentrique !

La dernière s'imposa dans une sombre aura sanguinolente, c'était de loin la plus effrayante. Sa longue toge carmin aux éclats argentés imposée le respect. A la seconde où sa paume d'une froideur maladive entra en contacte avec moi, tout bascula.

Je me retrouvai dans l'espace, à la dérive. Pour la première fois depuis mon réveil, je ressentis quelque chose d'authentique, de vraiment humain. J'avais peur. Comme une vielle amie, elle s'insinua dans mon âme, suintant de chacun de mes pores.

Je ne comprenais pas comment une chose aussi folle pouvait être réelle. De toute manière j'étais bien placée pour savoir que tout était possible dans cet étrange monde. Coupant court à mes réflexions, une tache rouge se démarqua dans la noirceur ambiante. C'était la seule couleur à plusieurs kilomètres à la ronde. Je n'avais aucun point de repère, c'était le seul endroit où je pouvais me rendre.

Rien de tout ceci n'était rationnel, mais je réussis à nager dans le vide interstellaire...

Essoufflée, j'arrivais enfin à destination ! La tache n'était autre qu'une étoile. Une étoile pourpre...

Intriguée par cette étrange couleur pour un astre, je voulus la toucher. Cependant, quand ma peau entra en contact avec, je fus immédiatement de retour dans ma chambre.

La prêtresse toujours penchée se redressa avec rigidité, et me tendis la main pour que je me lève à mon tour.

— Le cercle de l'étoile pourpre admet cette αστέρι.

Les trois autres femmes s'approchèrent à leur tour, afin de former un cercle autour de moi.

— La voix de la nuit a choisi la vingtième étoile pourpre. Que sa désignation amène honneur et prospérité, proclamèrent-elles en cœur.

Sans plus attendre elles quittèrent la pièce à l'exception de la prêtresse écarlate. Bon débarra !

Quand je me tournais vers celle qui était restée, ses j'émis un hoquet de stupeur.

Sur le coup de l'émotion je n'avais pas réalisé que je la connaissais.
C'était la personne qui m'avait accueilli à mon réveil ! Difficile de la reconnaitre dans cet étrange accoutrement, mais elle s'était présenté comme étant la prêtresse du cercle de l'étoile pourpre. A moins qu'il y en ai deux, ça devait être elle.

— Je vois que vous êtes remise, dit-elle, confirmant ainsi son identité.

Détendue, je souris faiblement en demandant d'un ton pince sans rire :

— Qu'elle était le but de tout ce cirque ?

— Nous devions vous trouver un cercle pour vous sortir d'ici. Nous pouvons ainsi entamer les choses sérieuses !

— Je pensais que j'allais vivre ici...

— Allons, nous n'allions pas te laisser à l'hôpital indéfiniment, pouffa-t-elle.

— Ça ne ressemble pas à un hôpital, marmonnai-je irritée.

C'était un simple bâtiment en verre constitué d'au moins vingt chambres, une cafétéria, et une salle de douche collective. Le tout en verre. Bonjour l'intimité.

— Trêve de bavardage ! Il me semble opportun de vous expliquer à quoi servent ces fameux cercles.

— Je vous écoute, jugeai-je bon de préciser.

— En réalité ce sont des conseils, mais nous avons pris la mauvaise habitude de les nommer autrement étant donné qu'ils sont constitués de plusieurs cercles de personnes.

Elle fit une pause, se racla la gorge et poursuivie :

— Tu dois sûrement t'en douter, nous sommes trop nombreux pour que tout le monde participe aux réunions. C'est pourquoi chaque conseil répartit ses adeptes en plusieurs groupes. Il y a d'abord les cercles extérieurs, la plupart des Revengiens en font partie, ils se contentent d'exercer un métier relier à leurs aptitudes

— Leurs aptitudes ? Je vous avoue ne pas comprendre où vous voulez en venir.

— Ah oui, c'est vrai on ne vous l'a pas expliqué ! s'exclama-t-elle. C'est très simple ! Le conseil de l'aigle noir gère tout ce qui a trait de loin ou de près au domaine scientifique. C'est grâce à eux si notre planète est si développé ! Ensuite, il y a le cercle de Jade qui a pour charge de faire marcher l'économie.

Elle allait poursuivre mais je la coupais encore une fois :

— L'économie est-elle comme sur Terre ?

— Sûrement pas ! s'offusqua-t-elle. Plus votre place dans les conseils est élevée, plus vos ressources sont élevées. Mais il n'y a pas de salaire ici ! Chaque habitant vie aisément, c'est notre priorité.

Ce n'était pas totalement égalitaire, mais au moins ils ne souffriraient pas de la faim comme des milliards de terriens. C'était déjà ça.

— Poursuivons, nous sommes déjà assez en retard comme ça !

En retard pourquoi ? pensai-je mais je n'osais plus la couper.

— Le conseil de l'oiseau bleu s'occupe de faire respecter l'ordre. Cependant, certains membres d'autres cercles peuvent également servir à ces fins, mais ils sont rares. Enfin, passons à ton conseil ! Le cercle de l'étoile pourpre. Nous œuvrons dans tous les domaines qui touchent à l'insertion des assassinés. Organiser leur vengeance, permettre de se confier à nous et bien d'autres choses encore. Des questions par rapport à tout ça ?

Voyant qu'elle voulait que je réponde par la négative, je m'exécutai la laissant poursuivre son marathon oral :

— Avant que tu ne m'interrompes, dit-elle en me lançant un regard courroucé. Je te parlais de l'organisation circulaire de nos conseils. Tu as la chance d'avoir été choisi pour être le vingtième membre du cercle intérieur de notre cercle. Tu serras donc amener à participer aux réunions.

— Pourquoi ? Je n'ai rien de plus intéressant que les membres des cercles extérieurs...

— C'est toi qui l'as décidé, l'étoile de notre cercle t'a reconnue comme étant la vingtième étoile pourpre. Tu aurais très bien pu choisir un autre cercle, mais tu ne l'as pas fait.

Je ne comprenais toujours pas mais la laissais parler.

— Eh bien j'ai fait le tour. Nous pouvons enfin y aller. Je ne te demande pas de préparer tes affaires étant donné que tu n'en as pas...

— Où voulez-vous m'emmener ? lançai-je suspicieuse.

— Dans ton nouveau chez toi, affirme-t-elle mystérieusement.

Elle ne contait pas m'éclairer plus que ça... Il ne me restait plus qu'à la suivre pour découvrir où j'avais atterri.

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