Chapitre 1

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Ashley

L'angoisse fut le premier sentiment qui s'empara de mon esprit.
Elle n'était pas de celles que l'on ressent lorsque l'on perd son téléphone, ça non. Elle n'était pas seulement dans mes pensées : elle s'insinuait, tel un seau d'eau glacée, dans ma chair, dans mes os, dans les abysses les plus profonds de mon âme.
J'étais dans le néant. Je ne respirais pas. Mon cœur, j'en étais presque certaine, ne battait plus. La vie, brutalement, m'avait quittée.

Et pourtant, la première question qui me passa par la tête fut « Où suis-je ? ».
Comme une réponse aussi soudaine qu'inattendue, un éclair me transperça.
« Je suis en vie ? » m'étonné-je, alors qu'une sensation de chaleur étrange remontait de mes orteils jusqu'à mes cheveux, m'éloignant progressivement du froid dans lequel m'avait plongée la mort.

Je n'eus pas le temps de m'attarder sur la question, car une vague de souvenirs et de sensations me submergea, déroulant le court fil de mon existence passée. Cette même existence que Tchad Wolf, mon propre sang, m'avait arrachée avec fureur...

Non, ce n'est pas possible, il ne m'a pas tuée... La preuve, je suis en vie !

Mon cerveau nageait à contre-courant, se débattant avec l'énergie du désespoir, refusant d'accepter la triste et offusquante réalité. Et puis, il m'aimait tellement, alors comment y croire ?!

Malgré tout, il y avait une chose dont j'étais certaine et dont je refusais de douter, n'en déplaise à mon cerveau...

Quelques secondes plus tôt, j'étais morte. On m'avait tuée, moi, et je n'étais plus sur Terre, ou en tout cas, plus totalement.
Paradis ? Enfer ? Je n'avais jamais réellement réfléchi à tout ça. Jamais sérieusement, du moins. Dieu seul savait où j'étais. Mais encore fallait-il qu'il existe un Dieu, n'est-ce pas ?
Les sourcils froncés à cause de la curiosité, j'ouvris, quoique difficilement, les yeux. Immédiatement, la hâte de découvrir où je me trouvais se mua en une terreur muette, comme si le fait de voir rendait soudain tout plus effrayant, car plus réel.

La pièce dans laquelle j'étais, entièrement conçue de verre, me laissa comme nue et démunie. A son image, je crois. Oui, c'est ça. Nue et démunie... Elle ne contenait aucun meuble, à l'exception du lit duquel je venais de m'extraire et d'une chaise en rotin, laquelle était occupée par une femme. Âgée d'une cinquantaine d'année, celle-ci n'avait jamais dû apprendre que la curiosité est un vilain défaut. En effet, elle m'observait avec un intérêt non dissimulé, amenant à mon esprit l'image d'un singe auquel les visiteurs d'un zoo lancent des cacahuètes.
Il faut croire que ce fut le choc de trop, car mon corps fut secoué de violents spasmes, et je me mis à pleurer, cédant pour de bon à la panique la plus totale.

Bon sang... Où suis-je ?! Mais où suis-je ?!

Voyant ma détresse, l'étrange inconnue, dans un calme déconcertant, se leva lentement et, avec délicatesse, saisit mes mains tremblantes.

  • Calme-toi, c'est fini. Tu es en sécurité, déclara-t-elle d'une voix apaisante.

Je ne sais pas pourquoi, et je ne pense pas le savoir un jour, mais elle fut pour moi, à cet instant précis, comme un phare dans l'obscurité. Je m'accrochai alors à ses mains, étonnamment douces et délicates, comme si elles étaient le Saint-Graal. Pour l'instant, cette inconnue, qui m'avait d'abord plongée dans la torpeur avant de me rassurer, dissipait le brouillard qui m'entourait, la jeune femme perdue et paniquée que j'étais quelques instants plus tôt s'effaçant pour laisser place à une tout autre jeune femme.

  • J'ai raison. C'est lui. Tchad Wolf. J'ai raison. Il m'a tuée, n'est-ce pas ? demandai-je enfin.

Malgré le fait que j'avais formulé ma pensée sous forme de question, quelque chose en moi me soufflait la réponse, et j'étais sûre et certaine de ce que j'avançais, même si mourir et revenir à la vie n'avait rien de rationnel en soi. Je le ressentais au plus profond de mon être, j'avais raison... Mais devrais-je être triomphante ou désespérée à cette idée, là était tout le problème, et je ne savais pas vraiment quelle réponse je voulais entendre sortir de la bouche de cette étrange inconnue !
Elle me sourit tristement, ce qui était déjà une réponse en soi, et pourtant j'attendis qu'elle prenne la parole, le souffle court.

  • Je ne sais pas encore. Comment t'appelles-tu, mon enfant ? me questionna-t-elle.

Ne devrait-elle pas le savoir déjà ? Après tout, elle m'attendait, assise calmement sur sa chaise en rotin... et elle ne me donnait pas l'impression de ne pas savoir qui je suis !

  • Ashley... Je suis Ashley... Ashley Wensley... S'il vous plaît, répondez-moi. C'est lui ? Il m'a tuée ? Où suis-je ? Je suis un fantôme, ou quelque chose comme ça ? J'ai la sensation d'être vivante, pourtant !

Mon débit de paroles était très rapide, et j'eus très vite le souffle coupé, ce qui m'obligea à taire toutes les questions qu'il me restait à poser. Mon cœur battait à tout rompre et je ne tardai pas à éclater en sanglots, à la fois affolée et épuisée par ma terreur de l'inconnu.
Elle hocha la tête, pas le moins de monde déconcertée par mes pleurs, et saisit un magnifique collier en topaze représentant un dragon. J'écarquillai les yeux : pour tenter de me calmer et de tout rationnaliser, je fixai intensément le fabuleux bijou. Les détails étaient sculptés avec une précision à couper le souffle, conférant ainsi à l'objet une aura mystique, les extraordinaires reflets lumineux de la topaze agissant comme une amulette. Était-ce la perfection à l'état pur que je contemplais ? A n'en pas douter... et cela ne pouvait pas être l'œuvre d'un humain !

  • Μην κλαις το παιδί μου, ο ήλιος λάμπει. Το χαμόγελό σου φωτίζει το μυαλό μου, ο άνεμος τραγουδάει για εσένα, ο έπαινος των ζώων που υποκύπτουν στο μεγαλείο σου. Ω, είσαι ένα όμορφο παιδί του ήλιου και του Θεού. Είστε το φως που φωτίζει τον τάφο μας, , chanta-t-elle en grec, langue ancestrale qui avait bercé mon enfance, interrompant soudain mes pensées et faisant remonter à la surface les bons moments passés avec mes parents alors qu'ils tentaient tant bien que mal de me faire dechiffrer tout ces magnifiquent symboles.
    La pièce s'illumina alors d'une lumière turquoise et je donnai enfin sens à ce qu'elle chantait, m'éloignant de mes souvenirs pour me concentrer sur les mots qu'elle prononçait :

Ne pleure pas mon enfant, le soleil brille. Ton sourire illumine mon esprit, le vent chante pour toi, l'éloge des animaux qui s'inclinent devant ta majesté. Ô, tu es une belle enfant du soleil et de Dieu. Tu es la lumière qui illumine notre tombe.

Jamais je n'aurais pensé qu'un simple chant puisse avoir un tel effet sur moi, et pourtant, quand elle eut terminé, mes sanglots et mes tremblements incontrôlés avaient cessé. Quelle magie était contenue dans ces paroles ? Je n'en avais pas la moindre idée, mais j'étais certaine d'une chose : elles m'avaient insufflé force et courage ! C'était comme si l'étrange lumière qui émanait du collier avait pénétré ma chair et mes os, me procurant sa magie, tandis que la mélodie qui emplissait la pièce apportait avec elle une atmosphère de sérénité et de confiance.

Un sentiment nouveau, que je n'avais jamais connu jusqu'alors, s'était ancré au plus profond de mon âme. Et ce sentiment, c'était la puissance. Moi qui ne faisais que pleurnicher et trembler de frayeur, je n'avais plus peur, je me savais invincible, et j'étais prête à m'adapter à tout, qu'importe le lieu, qu'importe l'époque, qu'importe la personne ! J'étais une nouvelle Ashley, et je comptais bien profiter totalement de la chance qui m'était offerte !

  • Où suis-je ?

Plus aucune panique, plus aucun vibrato, plus aucun doute dans ma voix. Je voulais savoir, et je saurai où j'étais.

Un air indéchiffrable sur le visage, la femme sourit de toutes ses dents, qui se révélèrent immaculées et parfaitement alignées.

  • Bienvenue sur Revenge, la planète des âmes damnées. J'ai beaucoup de choses à t'apprendre.

Revenge ? Planète ? Âmes ? Damnées ? Je suis une âme damnée ? Et je ne suis pas sur Terre ? Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

En une seule phrase, j'avais appris beaucoup de choses, bien trop, et apparemment, c'était loin d'être terminé. Pourtant, je ne pus me retenir d'ajouter une nouvelle question à la liste, déjà bien trop longue, des choses à découvrir.

  • Qui êtes-vous ?
  • La prêtresse du cercle de l'étoile pourpre.

Super, ça répondait s vraiment bien à ma question... en en créant une multitude d'autres !
J'étais désappointée par cette réponse, précise et vaste à la fois, m'offrant tout un univers de possibilités. Et pourtant, je sus à cet instant précis que ma vie venait de changer à tout jamais et je devais commencer par réaprendre à me connaitre moi même car j'étais une inconnue dans mon propre corps. ,

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