Chapitre 47

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 Oui, Maïa de mon cœur. Oui, Deplat mon presque frère, oui Julien et Norma. Oui, Lambert et Joséphine. Oui, Déborah. Oui, Frédérique. Oui, Patty. Oui, Fabienne. Oui Laureen, Alice, Delphine, Solange, Laure, Christine, Sylvie, Aurélie, Brigitte, Camille, Anaïs, Géraldine, Aurore, Marianne, Tania, Ariane, Martine, Solen, Célia, et toutes celles d’une nuit, et toutes celles d’un instant, Anicet s’est fiancé. Regardez la bague qu’il lui a offerte. Elle est belle n’est-ce pas ?

Après l’amour, je lui ai fait ma demande de fiançailles. Dans ma tête, papa s’est mis à hurler que j’étais un scélérat et que sa vengeance serait terrible. Maman pleurait et me suppliait de revenir sur ma décision.

Non ! Ils pouvaient me menacer des pires cruautés, je ne reviendrais pas en arrière. Mon destin se confondrait désormais avec celui de Roxane.

« Et peu m’importe que tu restes mariée pour le restant de ta vie, je… »

Elle m’a interrompu pour me dire :

« J’ai déjà écrit à mon avocat pour qu’il active la procédure de divorce. Comme je te l’ai dit dans la lettre, je ne supporte plus l’idée d’être madame Santelli. » Elle s’est blottie contre moi : « Je veux être à toi. Rien qu’à toi, mon amour.

— Alors, tu acceptes d’être ma fiancée ? »

Elle m’a répondu avec des larmes dans les yeux :

— Oui, mon amour.

— Et quand le divorce aura été prononcé… Tu voudras devenir ma femme, et la mère de nos… »

Elle ne m’a pas laissé finir la phrase. Sa bouche est venue s’écraser contre la mienne :

« Oui, mon amour. Oui ! »

Je me suis levé d’un bond :

« Alors, commençons par le commencement. Tout fiancé qui se respecte, doit acheter une bague pour sa promise. » Je lui ai embrassé les fesses : « Debout Sauterelle chérie. »

La bijouterie était située à un coin de rue, et les modèles affichés en devanture avait d’emblée conquis Roxane qui ne savait plus où donner des yeux.

« Je banderai les tiens, afin que ta surprise soit totale. Tu voudras bien ?

— Oui. »

La vendeuse… (Cinquantaine, blonde, vapoteuse, et une tête à s’appeler Olivia ou Diane), nous a accueillis avec un large sourire, parfumé à la fraise :

« C’est pour une bague de fiançailles lui ai-je annoncé

— Nous avons tout un large choix, m’a-t-elle répondu après nous avoir fait as-seoir. Avez—vous une idée pour la pierre ? »

Roxane lui a répondu tout de go :

« De l’émeraude.

— Savez-vous ce qu’elle signifie ? »

Elle a acquiescé avant de lui répondre :

« Le symbole de l’amour véritable et fertile. C’est comme ça que je vois le nôtre, a-t-elle ajouté en me regardant.

— Monsieur a beaucoup de chance. »

J’ai opiné du chef en guise de remerciement.

« Eh bien, je vais vous montrer tous nos modèles. »

Elle s’est éclipsée dans l’arrière-boutique et, comme nous l’avions convenu, je l’ai plongée dans l’obscurité.

« Original comme procédé, a-t-elle lancé en revenant avec sa précieuse cargai-son, disposée sur un plateau

— Elle n’en sera que plus ravie quand elle la verra à son doigt. N’est-ce pas Roxane chérie ?

— Joli prénom, ma fille s’appelle Roxane également. Son fiancé, et ce n’est pas une blague, s’appelle Christian.

— Ils font du théâtre, je présume.

— Eh non, monsieur. Ni ils en font, ni ils aiment, m’a-t-elle rétorqué avec une pointe d’amertume.

— On ne peut pas tout avoir.

— Comme vous le dites… » Puis, après un court silence : « Voilà, je vous laisse choisir, parmi ces modèles… Mais sachez que nous en avons d’autres… Prenez votre temps. »

Et, tandis qu’elle demeurait figée, immobile, mais non sans une imperceptible impatience, les mains sagement posées sur ses genoux, j’observais, je soupesais, je détaillais et, plus important, je me représentais chacun de ces bijoux entourant pour toujours son annulaire gauche ; et, malgré leur beauté, leur finesse et leur élégance, aucune des bagues de cette première présentation ne m’a tenté.

« Je vais vous en montrer d’autres. »

Elle s’est à nouveau éclipsée et Roxane m’a demandé si elles n’étaient pas jolies.

— Très jolies ! Mais aucune ne te correspondait. Je veux trouver la plus belle, pour la plus belle des fiancées. Tu peux encore tenir le coup ? »

Elle a pris ma main gauche et l’a embrassée :

« Oui. »

Quand la bijoutière est revenue avec un nouveau plateau tout aussi précieu-sement chargé que le premier, je n’ai pas attendu qu’elle se fût assise pour lui désigner celle qui venait de faire « tilt » dans ma tête : elle était en or jaune en forme de fleur ; autour de l’émeraude rectangulaire à pans coupés quatre petits diamants rehaussaient sa beauté et lui donnaient l’élégance et la distinction, digne de l’institutrice dont j’étais le plus amoureux qui, toujours sagement assise avec mon mouchoir devant ses yeux, venait de deviner que mon choix était fait :

« Très beau modèle. Monsieur a du goût, m’a-t-elle complimenté. Elle me l’a tendue. Je suis sûre qu’elle est en plus à la taille exacte du doigt de votre fiancée.

— J’en suis convaincu moi aussi, lui ai-je rétorqué. Puis, m’adressant à Roxane. Donne-moi ton doigt mon trésor. Dans moins de trois secondes, tu vas pouvoir con-templer cette beauté qui semble avoir été ciselée rien que pour toi. »

Et à peine ai-je fini de la lui enfiler, que j’ai défait le nœud du mouchoir.

Je n’ai pas compté le nombre de larmes qu’elle a versées, ni le nombre de baisers dont ma bouche a eu droit ni le nombre de « mercis » qu’ont enregistré mes oreilles. J’ai juste admiré la femme la plus belle du monde et la plus heureuse.

En sortant, elle m’a remis l’écrin. Officiellement je devais la lui offrir chez ses parents où j’étais attendu dès mon arrivée – supposée – à Pessac.

Nous avons passé encore deux heures ensemble, durant lesquelles nous n’avons pas cessé de faire l’amour et des projets. A dix-huit heures trente, elle m’a dit qu’il était temps qu’elle rentre.

« J’aimerais tellement passer la nuit avec toi.

— Ca ne se fait pas trop, entre fiancés.

— C’est vrai. Demain je viendrai t’amener les croissants.

— Pas trop tôt alors. »

Elle m’a pincé le nez (elle adorait le faire) :

« Et comment. Nous aurons plein de choses à faire et à voir. » Nous nous sommes embrassés : « Je t’aime mon fiancé.

— Je t’aime ma promise. »

Un tel évènement, je ne pouvais pas le taire aux deux personnes qui m’étaient les plus chères.

Maïa pleurait tellement, que je comprenais un mot sur deux et Andréas s’inquié-tait de savoir s’il n’y avait pas eu un décès dans sa famille.

« Luto, no. Noviazgo, Andréas. Mi sobrino.

Mis mejores deseos, Anicet. M’a-t-il souhaité. » Puis avec beaucoup d’humour : « A ver si nos casamos al mismo dia : tu tia y yo ; tu novia y tu. »

J’ai beaucoup ri. Maïa, je ne voyais pas la tête qu’elle faisait, mais je devinais qu’elle n’était pas si hilare que la mienne. Nous avons tout de même réussi à nous embrasser partout.

Quant à Ludwig, il a tellement hurlé que j’ai entendu la voix de Violette, affolée :

« Mon Dieu, chéri, qu’est de qui se passe ?

— Anicet s’est fiancé !

— Toutes mes félicitations. C’est la femme du cadeau ?

— Elle-même, Violette. »

Ludwig l’avait mise au courant du dénouement du mystère. Derrière les petites demandaient :

« Qu’est-ce qu’il a fait tonton ?

— Il s’est fiancé. »

Et ma grillonne de me féliciter et me demander si elle était jolie :

« Oui, très. »

Et Cindy :

« Tu te fiances avec une fille. »

J’ai éclaté de rire :

« Oui, ma chérie.

— Tu nous la présenteras ?

— Oui. »

Et Cindy :

« Tu as une photo ?

— Oui. Je vais l’envoyer à ton père et il vous la montrera. »

Elles ont crié en même temps :

« Chouette !!

— Je n’arrive pas à le croire, frérot. Cette année, c’est celle de tous les cham-boulements : tu fais un carton avec le roman, tu as donné ta démission, pour devenir écrivain à temps plein, et voilà que maintenant tu es à deux doigts de te marier. D’ici que tu nous annonces que tu vas être papa.

— C’est plus que possible Deplat. »

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