Chapitre 46

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 Je ne suis rendu compte de rien. Je l’ai réalisé lorsque ses bras se sont noués autour de mon cou, que ses lèvres se sont posées partout sur mon visage (et beaucoup sur les miennes) et que sa voix, remplie d’émotion et de joie me répétait :

« Tu es là, mon amour, marmotte de mon cœur. Dieu soit loué. »

Nos bouches se cherchaient, elles se sont trouvées, nos langues ont tournoyé de joie ; et moi, tout en bénissant cette apparition, je ne comprenais toujours pas son revirement. Comment était-elle passée de : « N’essaie pas de m’appeler, n’essaie pas de me revoir. Je risquerais d’être encore plus cruelle. », à : ‘’ Tu es là, mon amour, mar-motte de mon cœur. Dieu soit loué.’’

Je m’étais assis sur un banc, j’avais appelé Maïa pour lui raconter que j’étais à Pessac, suite au départ de Roxane qui n’en pouvait plus d’être insupportable avec moi et que, malgré sa mise en garde, j’étais allé rejoindre.

« Elle a été manipulée par ‘’eux’’ Maïa de mon cœur.

— Encore cette lubie !

— Marraine de mon âme, tu dois me croire. Je te jure sur…

— Combien de fois t’ai-je répété qu’il ne faut jamais jurer.

— Pardon. Je te donne ma parole, sculptrice de ma vie, que cette fois ci, ils ne m’auront pas. Comme je leur ai dit ce matin, Roxane ne sera pas une deuxième Aurélie. Je ferai ma vie avec, ma tante adorée, et je peux déjà acheter le Champagne pour fêter cela.

— Tu m’en vois ravie, mon amour.

— Tu es toujours à Barcelone ?

— Oui.

— Tu rentres quand ?

— Dimanche.

— J’aimerais te serrer dans mes bras.

— Tu as mieux à faire.

— Tu voudras la connaître ? »

Elle a mis un certain temps avant de me répondre :

« Il faut d’abord que tu t’assures qu’elle est bien à Pessac, puis que tu la convainques et enfin, que tu terrasses ‘’les démons’’.

— Oui… Je t’aime Maïa

— Moi aussi, mon ange. Ne l’oublie jamais.

— Non. On s’appelle ce soir.

— Autant de fois que tu voudras. Tes coups de fil me font toujours un immense plaisir.

— Les tiens aussi. »

Et nous nous sommes embrassés, selon notre habitude, partout.

Puis j’ai sorti mon carnet et j’ai commencé à prendre des notes (esquisses d’un nouveau roman ?...) et, en même temps qu’un subtil parfum d’huile d’amande douce régalait mes narines, j’ai senti ses bras autour de mon cou, et ses baisers partout.

« Je t’avoue que… »

Elle a mis sa main devant ma bouche :

« C’est moi, c’est moi, mon amour. Tu ne sais pas encore que je suis conne à me donner des baffes ? Tu ne peux pas savoir ce que j’ai regretté dans le train. S’il y en avait eu un tout de suite pour revenir, je l’aurais pris ; mais il y avait trop à attendre. J’ai appelé Joséphine qui était sur répondeur. Après j’ai appelé maman qui pensait que je la prévenais de mon arrivée ; alors je n’ai pas pu lui dire non. ‘’Tu viens avec Anicet ?’’ M’a-t-elle demandé. Je ne savais pas trop quoi lui répondre. Je ne voulais pas lui avouer que j’avais tout gâché, comme une imbécile que je suis. Je lui ai dit que tu avais dû rentrer à Nice, sans plus d’explications – j’ai dû faire des efforts pour ne pas qu’elle s’aperçoive que je pleurais.

— Tu aurais dû m’appeler. Je serais venu te chercher à Nice et nous aurions fait le voyage ensemble.

— Je craignais ta réaction, après avoir lu ma lettre stupide.

— Ne doute jamais de mon amour, Roxane. Et puis, elle n’est pas stupide. Tu as écrit des choses vraies.

— Pas la fin. » Elle s’est tenue la tête : « Comment ai-je pu te dire de ne pas m’appeler, de ne pas me revoir, que je serais encore plus cruelle. » Elle s’est mise à pleurer : « Je suis un monstre, Anicet. »

Je lui ai caressé les cheveux :

« Non, sauterelle. Tu… » Je voulais lui dire qu’elle avait été manipulée par l’esprit de mes faux parents – car j’en étais intimement convaincu – mais je me suis retenu. Je devais lui cacher cela, ainsi que les menaces que j’avais reçues si je venais la rejoindre à Pessac.

Vendredi matin après avoir relu la lettre pour la seconde fois, je me suis adressé à eux :

« Est-ce que vous y êtes pour quelque chose ? »

Maman n’a pas tardé à me répondre de sa voix larmoyante :

« Mon bébé, c’est papa qui a eu cette idée. Il s’est beaucoup attaché à elle, alors, ça lui aurait fait beaucoup trop de peine de la faire mourir si jeune et si tragiquement. Tu vois, ça a marché. Elle est partie en t’écrivant une très belle lettre d’amour.

— Partie ? Il y a fort à parier qu’elle est à Pessac chez ses parents. Et tout à l’heure…

— Non ! A tonné mon père. Ne va pas la rejoindre sinon je ne pourrai plus rien faire pour elle. Elle mourra renversée sous tes yeux, et cette fois ci ce ne sera pas un rêve. Mais la tragique réalité. Alors, je fais appel à ton discernement et à ton bon sens.

J’ai tapé du poing sur la table et j’ai hurlé :

« Tu n’as pas intérêt à lui faire du mal. Et toi maman, ramène-le à la raison. Sinon j’en déduirai que vous ne m’aimez pas, que vous ne m’avez jamais aimé, et que vous auriez mieux fait de ne jamais me concevoir.

— Comment peux-tu insinuer une telle monstruosité s’est éploré ma mère. Nous t’avons conçu dans l’amour, mon chéri.

— Parce que vous avez appelez amour, le fait de menacer d’une mort horrible la femme que j’aime le plus au monde ?

— Mon fils ! Je te rappelle que, si nous la laissions vivre, si nous acceptions que vous vous mariiez, que vous ayez un enfant, c’est lui qui va en payer les conséquences en se retrouvant orphelin. N’oublie pas ce que je ne cesse de répéter : nous sommes morts ta mère et moi de nous être trop aimés. Tu sais très bien qu’après son congrès, nous sommes restés trois jours de plus à Madrid pour être en amoureux. Si nous étions partis tout de suite, nous serions encore…

— Arrête Yan-Gaël ! Tu veux tuer de chagrin ton fils ? Lui a hurlé maman.

— Des fois, il me met hors de moi, cette tête de Breton !

— J’ai de qui tenir, papa ! Et puis, si enfant je vous en ai voulu de ne pas être rentrés tout de suite, maintenant je vous comprends. Vous avez bien fait de rester trois jours en amoureux, vu le speed dating qui vous attendait avec la famille Romaine. Quant à moi, même si le destin devait me réserver le même sort que le vôtre je l’accepterai pourvu de mourir dans les bras de Roxane que tout à l’heure j’irai rejoindre, même si elle m’a supplié de ne pas le faire. Et vous n’avez pas intérêt à ce qu’il lui arrive quelque chose sinon, je célèbrerai autant de messes noires qu’il faudra pour que vos âmes précipitent en enfer.

— Tu oses nous menacer, tu oses blasphémer, espèce de renégat ? A hurlé mon père !

— Oui je vous menace ! Oui je blasphème ! Ai-je crié encore plus fort !

— Dans ce cas, tu l’auras voulu, mon fils ! Viens Stéphanie !! »

Et j’ai entendu maman m’implorer, tout en s’éloignant, de revenir à la raison.

Je ne voulais plus l’effrayer avec ces horreurs, lui parler de sa mort tragique (par ma faute de surcroît !) Tant que ce risque planerait au-dessus de ma tête comme une épée de Damoclès, notre amour était en équilibre précaire et je ne voulais pas devenir le contrepoids qui l’eût fait basculer dans le néant. Elle mourrait renversée par une voiture sous mes yeux ? Eh bien, je ferais attention, chaque fois que nous traverserions une rue et, s’il le fallait, je lui tiendrais la main, comme lorsqu’elle avait douze ans et qu’elle en éprouvait un grand plaisir. Je guetterais la moindre alerte, bien décidé cette fois ci à gagner mon combat, et pouvoir enfin projeter un avenir avec elle, qui était désormais la femme de ma vie.

« Je, quoi ? M’a-t-elle demandé.

— Tu m’as pris pour l’un de ces hommes qui t’ont blessée, qui t’ont fait souffrir. Un Alex Cantié sans foi ni loi, le nouveau marquis de Sade comme l’a écrit une certaine presse torche cul. Mais ce n’est pas vrai. Je suis toujours le même Anicet qui te regardait avec des yeux remplis d’amour. » J’ai pris son visage entre mes mains : « Je t’aime Roxane et je n’aurai de cesse de te le répéter, dussé-je ne plus écrire une ligne de ma vie, car tu comptes plus que tous mes prochains romans. Tu es ma vie, mon souffle et chaque battement de mon cœur. »

Elle s’est serrée contre moi :

« Comme je te crois. Comme je te crois. Désormais, plus rien ne nous séparera. » Puis elle m’a murmuré à l’oreille : « Tu veux me prouver ton amour ?

— Oui, lui ai-je répondu de la même façon. »

Elle a baissé encore plus le ton :

« Alors, fais le moi. J’en ai une énorme envie.

— Comme ça tombe bien. Moi aussi.

— Il est loin ton hôtel ?

— Vingt-cinq minutes à pieds. »

Nous nous sommes regardés avec, dans les yeux, le même désir d’être au plus vite dans le lit.

Après l’amour elle m’a demandé :

« Au fait, maintenant que tu as vu mes seins, tu veux toujours garder le mou-lage ? »

J’ai embrassé ses deux mamelons durcis :

« Je ne jette jamais un cadeau qu’on m’a fait. Encore moins celui-là, qui m’a été offert par la femme que j’aime le plus au monde.

Et elle a passé ses bras autour de mon cou et s’est allongée sur moi.

« Roxane.

— Oui ?

— J’ai quelque chose à te demander.

— Tout ce que tu voudras, marmotte de mon cœur. »

Et nous avons refait l’amour.

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