Chapitre 2 -Projet dans les montagnes

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Alex ne put s’empêcher d’esquisser un sourire mêlé d’une pointe d’inquiétude. Elle adorait ce qui était énigmatique, mystérieux, là il fallait admettre que c’était un poil flippant. Mais bon, ce n’était qu’un livre, elle tourna la page suivante. Le titre complet apparaissait. « Créatures de la mort, histoire et capacités ». Juste après apparaissait un sommaire. Tout était classé par type de créature. Les vampires, les sorciers, les loups garous, les métamorphes ou encore les sirènes. Alex se rendit directement à la section Vampires. Elle avait tellement lu sur ces créatures, que ce soit dans les fictions ou les études. Elle avait hâte de confronter ses connaissances à ce que recelait ce livre. Première phrase « Les vampires existent, ceci n’est pas un manuel de fantaisie ». Elle n’eut pas le temps de poursuivre que la porte du rez-de-chaussée claqua. John et Amanda Carberry étaient revenus des courses. Alex referma le livre et descendit aider ses parents avec les courses.

« Alors votre journée ? » lança-t-elle.

— Ça peut aller vu les circonstances, répondit Amanda qui masquait mal sa fatigue et son inquiétude.

— Quelque chose est arrivé ?

— Il va y avoir une inspection des endroits où l’on effectue notre activité. Des traces ont été aperçues sur le chemin et un adolescent a disparu, un jeune d’une commune frontalière à la nôtre.

— Mince, j’espère qu’ils vont le retrouver.

— J’espère aussi, ajouta John, sinon je ne sais pas comment on va tenir la route. Je ne comprends pas nous n’avons jamais eu de problèmes nous trois.

— On pense que ça tombe toujours sur les autres, mais ça peut nous arriver aussi, ne parlons pas trop vite. Dit Amanda en rangeant les fruits dans la corbeille sur le bar qui séparait le salon de la cuisine.

Alex ne pipa mot de plus. Cette situation commençait à inquiéter de plus en plus de monde, ne serait-ce que les locaux qui évitaient de s’aventurer parmi les hauteurs. Hormis certains crétins qui montraient leur désir de voir ce qui provoquait la disparition d’autant de personnes. Aucun corps n’avait été retrouvé pour le moment. Le total des disparus s’élevait à douze en deux ans, ce qui était énorme pour la petite commune qu’était Kermong.

Le lendemain, Alex Léna et Jason déjeunaient ensemble à leur table habituelle, bien éloigné des autres derrière les plantes qui montaient presque jusqu’au plafond. Ils étaient ainsi tranquilles. Il neigeait. Jason était aux anges à chaque fois que les flocons recouvraient le sol, il adorait la neige et le climat hivernal d’une manière générale. Il était né au bon endroit, ici les températures excédaient rarement vingt degrés. Cela convenait aussi à Alex, elle détestait avoir trop chaud. La seule un peu réticente était Léna, la chaleur de ses vacances dans le sud lui manquait le reste de l’année. Mais elle était tellement enfermée à travailler qu’elle ne s’en souciait que très peu. Ce jour-là Jason était inquiet, lui tout le temps jovial, son visage trahissait même des traits d’exaspération.

— Tuez-moi, lança-t-il avec un regard en direction de la table des joueurs de football.

— Quelles conneries ont-ils encore sortit, railla Léna, une vraie accro aux ragots malgré son sérieux académique.

— On est d’accord que l’accès aux montagnes est aujourd’hui vivement déconseillé sauf pour ceux qui prennent un guide comme ton père et ta mère, dit-il en s’adressant à la fin à Alex.

— Oui, et ?

— Ces abrutis n’ont rien trouvé de mieux que de faire l’intégration là-bas cette année, et si je ne participe pas je perds ma place. Franchement je ne serai pas astreint à l’équipe pour garder ma place ici, je les dénoncerai au principal.

— Ils veulent faire quoi ? Mais ils veulent disparaître eux aussi ou quoi ? s’exclama Léna, arborant un air condescendant en toisant les abrutis en question de loin.

— Explique quand même la situation au principal, il fera pression pour que ta place reste intacte. Dis Alex en piochant quelques frites.

— C’est le capitaine qui décide, en l’occurrence Marcus, et son père est David Bolton, tu te souviens.

Ah oui c’est vrai, Marcus a tous les droits dans cette école. Facile quand votre père est meilleur ami du comité de direction, qui plus est du principal en personne. Jason était joueur, et il ne s’agit pas du statut dans l’équipe mais de son caractère. Il y a deux ans il s’était un peu trop lâché dans le lycée et fut impliqué dans des activités qui impliquèrent la dégradation de matériel qui coutait assez cher.

Au début cela partait d’une blague innocente, mais c’était vite parti en cacahuètes et Jason fut tenu pour responsable même si les débordements n’étaient pas de son fait. Il réussit à conserver sa place dans l’école à condition qu’il fasse bonne figure dans l’équipe de football et qu’il conserve sa place tout au long de scolarité. Ce qui avait paru étrange à beaucoup de monde, logiquement, cet incident aurait dû le radier de l’équipe sans pour autant l’exclure définitivement de l’école. Son physique athlétique et ses performances avaient dû jouer dans la décision et surement d’autres enjeux dont les élèves, Jason lui-même, n’avaient pas connaissance. Quoi qu’il en soit, ses parents avaient été très clair, c’était soit l’école soit il partait de chez ses parents et se débrouillait dès ses dix-huit ans. Ils ne rigolaient pas chez lui. Jason avait donc dû accepter le marché et rentrer dans le rang.

— Alex il faut que tu m’aides.

— Moi, comment ?

— Tu es guide, accompagnes nous, ce sera plus sûre si quelqu’un qui connait bien les risques là-haut est présent. Et tu pourras témoigner toi de ce qu’ils font sans que je risque mon poste.

— Premièrement c’est hors de question, et deuxièmement ils vont tout de suite capter que c’est de toi que vient l’idée cela reviendra au même que les balancer toi-même.

— Alors viens au moins pour minimiser les dégâts, s’il te plait, je la sens mal cette excursion.

— Venir avec eux c’est impliquer l’image de ma famille. Je ne peux pas leur faire ça, il suffit que ça tourne mal, et ça va tourner mal.

— C’est clair, renchérit Léna en attrapant des petits pois avec sa fourchette.

— Je ne peux pas leur faire ça, il ne s’agit pas que de moi, surtout en y allant en tant que guide, on n’a assez de mal à s’en sortir comme ça.

— Dans ce cas, viens mais incognito, tu nous observeras de loin, filer tu sais faire non ?

Alex soupira. Dans quoi Jason voulait-il l’embarquer ?

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