Chapitre X

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13 Février, 2 ans avant l’Avènement, Russie.

 

    Si Stefan était un homme à la stature virile et rassurante, il n’en était pas moins un être d’une immense douceur et d’une infinie gentillesse.

    Brimé pendant longtemps par Sergeï, il avait développé une attitude réservée et un self-control irréprochable. Ainsi, son sens de l’observation s’était accru au fil du temps, aidé par sa discrétion naturelle et par la tyrannie du vieil homme qui lui servait de régent.

    Une fois libéré de la dictature de l’homme qui gouvernait la Maison de France, il n’avait pourtant pas adopté un caractère plus extraverti. Il était resté tel qu’il avait toujours été : posé, stable, placide.

    D’ailleurs, le fait de n’avoir aucune disposition pour l’art de la magie l’encourageait à conserver ce comportement. Autour de lui, désormais, les dons occultes déferlaient sans qu’il ne puisse en saisir la portée. Antha avait beau lui faire goûter au ciel lors de leurs moments intimes, plus il était proche des forces surnaturelles, plus il s’y sentait étranger.

    Un jour, Syrine lui avait parlé de sa classification personnelle des êtres magiques : les naturels et les initiés. D’après elle, chacun pouvait user de la magie. Pour certains, comme ses amis voyageurs, l’énergie occulte et son utilisation faisait partie intégrante de leur âme et de leur fonctionnement instinctif. 

    Tous les autres étaient capables d’acquérir cette part mystique avec plus ou moins d’efforts. Mais lui, il n’y arrivait pas. Il ne parvenait à aucun résultat, même infime. Ainsi, après quelques dizaines d’expériences infructueuses, il avait renoncé et décidé que son amie française se trompait tout simplement.

    Il en était là. Simple mortel, sans disposition particulière, au centre d’une convergence de forces invisibles dont la puissance était incommensurable.

    Mais cela n’était pas un sort si terrible. Il voyait tout. Rien ne lui échappait. Des moindres non-dits qu’exprimait le corps d’Antha, aux changements de Tiass plus que sidérants.

    Ce qui l’inquiétait le plus, c’était le gouffre démesuré dans lequel Kami semblait se plonger petit à petit. Lorsqu’ils s’étaient rencontrés, le français paraissait déjà en proie à une terrible solitude. De celle dont on ne ressort pas. Il l’avait vu s’impliquer dans leurs destins, à lui et aux deux sœurs, comme s’il y avait perçu une quelconque bouée de sauvetage. Puis il avait recommencé avec Tiass. Mais jamais il n’avait pu trouver cet espoir salutaire auquel, visiblement, il aspirait.

    Il avait observé avec attention son ami transmettre tout son savoir à l’adolescent russe. Comme si cela avait été un héritage, l’annonce d’une disparition, de léguer au garçon la plus importante part de ce qui constituait son être.

    Et ce legs arrivait à son terme. Kami n’enseignait plus. Il se contentait de passer la majorité de son temps assis à la fenêtre, à observer la neige et la glace, le regard à  la fois hanté et vide. Une espèce de statue de marbre, effrayante. La cicatrice, que le sorcier détestait car elle le faisait ressembler à un barbare, accentuait cette impression d’homme au trop lourd passé.

    Stefan réajusta machinalement le coussin posé sur son dossier, afin d’être mieux installé sur sa chaise, dans le coin de la salle commune de l’hôtel. Ou bien n’était-ce que pour dissiper le malaise qui l’envahissait lorsqu’il pensait à Kami ?

    Il secoua la tête, puis reprit le fil de ses pensées. Stefan n’était pas seulement préoccupé par le mentor français. Une autre personne l’inquiétait assez pour qu’il détourne les yeux de son ami. Anna, comme si elle lisait dans ses pensées, braqua son regard vers lui et lui adressa un sourire éclatant.

    Quelque chose avait changé en elle. Elle était devenue plus brutale avec sa sœur, alors qu’elle avait toujours été douce et protectrice, et ne cessait de prier pour que les Descendants d’Eren passent à l’attaque. Chose qui, bien entendu, n’arriverait pas puisque la tempête, qui les confinait dans le minuscule village isolé, bloquait inévitablement l’avancée de Sovana et de ses sbires.

    Mais son inquiétude concernant sa belle-sœur se fixait sur une chose plus subtile que le caractère ou le comportement général de la jeune femme. Un changement qu’il n’osait formuler dans son esprit, tant l’idée lui semblait affreusement honteuse, mais… le regard d’Anna avait changé.

    Elle ne restait que très peu de temps dans la même pièce que lui. Jamais, ou presque, en présence d’Antha. Et elle ne s’adressait plus à lui comme s’il avait été un frère. Elle le regardait comme une femme regarde un homme. Et souvent, lorsqu’ils se retrouvaient seuls, elle lui parlait en susurrant quelques phrases laconiques et étrangement ambigües.

    Il avait l’affreuse, l’horrible certitude qu’Anna cachait un dangereux secret. Celui d’un amour interdit.

 

***

 

28 Mars, 2 ans avant l’Avènement, Lyon, France.

 

    C’était devenu un rituel quotidien. Assis en tailleur, sur un épais tapis de velours, dans la chambre de la maison, Raven surveillait l’avenir du Domaine Occulte.

    Il n’avait pas eu, jusque là, l’habitude de provoquer lui-même ses visions. Mais depuis qu’il avait quitté la direction de l’établissement, cela lui semblait d’une importance vitale. Tout paraissait s’accélérer. Plus le temps passait, plus ce qu’il voyait de futur devenait limpide.

    Les yeux révulsés, couverts d’un voile opaque, l’homme s’abandonnait aux méandres de son don. Un flot d’images se déversait sur lui, comme les bobines mélangées de plusieurs films que l’on aurait projetées sans se soucier du sens, lointain et incohérent.

    Puis des visages se dessinèrent. Ulome, Diane, Ayhan, et des dizaines d’autres qu’il n’avait pas le temps de nommer mentalement tant leurs apparitions étaient brèves et entremêlées. Une espèce d’explosion survint. Une gerbe de lumière, dense et palpable, qui illumina tout le film.

    Il se concentra sur ce passage. C’était le signe qu’il guettait. Que signifiait-il ? Il n’en avait aucune idée. Mais il savait qu’il s’agissait de l’événement attendu. La scène se figea. Il rembobina un peu, doucement, tirant le temps vers lui, cherchant le moment précis.

    Raiden apparut. Cris. Douleur. Sang. La Mort. Elle était là, sous ses yeux, recouverte de sang, agonisante, celle qu’il aimait. Il hurla. La lumière explosa à nouveau dans une détonation sourde, engloutissant à nouveau le tableau funeste.

 

    La porte de la chambre s’ouvrit à la volée alors que Raven retrouvait la vue. Les yeux écarquillés, il s’essuya le front, constatant qu’il était en nage.

    Raiden, d’une beauté toujours plus extraordinaire, s’arrêta sur le seuil et inspecta furieusement la chambre ses éventails de lames en mains. Ses longs cheveux d’un noir intense étaient nattés dans son dos, laissant la vedette à son visage longiligne, sublime.

    — Tu as poussé un hurlement ! cria-t-elle.

    — Oui, pardon ma chérie. 

    La jeune femme s’approcha de Raven et, tout en lui caressant les cheveux, s’accroupit à côté de lui.

    — Est-ce que tu as enfin vu quelque chose ?

    Raven ne put répondre, restant muet un instant, tenu par l’effroi de sa vision. Une main emprisonnait ses poumons, oppressante, l’obligeant à respirer par saccades comme s’il étouffait. Que pouvait-il dire ? Il n’en savait pas assez pour révéler quoi que ce soit sur ce qu’il venait de percevoir de l’avenir.

    — Je crois… oui, je crois que c’était la Levée du Voile.

    Sa tendre amie se leva, à la fois curieuse et terrifiée. Elle avait du mal à contrôler les petits tremblements qui venaient de la saisir.

    — Tu as donc vu ce que c’était alors ! chuchota-t-elle, comme fascinée.

    — Ce n’est rien.

    — Comment ? Ce n’est rien ? Mais enfin, c’est un progrès énorme !

    — Non. Ce n’est rien. Je n’ai rien vu, martela-t-il en baissant la tête.

    La sorcière scruta un moment son compagnon. On aurait dit un fou, pathétiquement perdu dans l’invisible.

    — Tu as bien eu une vision sur la Levée du Voile, non ?

    — Une lumière brûlante et dévorante. Rien que de la lumière. Partout. Comme un incendie solaire, sur toute la surface de notre monde. La sensation d’être baigné dans cette légère lourdeur, moite et sèche. Plus rien ne comptait. Comme une fin. Comme la fin de tout.

    Ils s’observèrent de longues secondes sans qu’aucune n’ouvre la bouche. Raven contemplait le visage de sa douce, tentant d’y déceler un soupçon ou une méfiance. Mais elle ne se doutait de rien.

    Il se releva et se colla à elle, passant sa main fiévreuse sur sa nuque, la caressant lentement. Comment la protéger ? Jamais elle n’accepterait de quitter Lyon. Hors de question qu’elle s’éloigne du Domaine Occulte et de leurs protégés. Jamais elle n’accepterait que ces derniers tombent définitivement sous le contrôle de Diane ou des Descendants d’Eren. Jamais elle ne voudrait partir et prendre le risque que ses apprentis se fassent massacrer.

    Raven savait tout cela. Il devrait donc intriguer dans le dos de celle qu’il voudrait un jour comme épouse. Dans son dos, et sans son aide. Sans l’aide de personne.

 

    Il suspendit ses caresses. Une idée lui vint soudain.

    — Mon amour, voudrais-tu me servir un verre de vin ? J’ai besoin de reprendre des forces.

    — Bien entendu. Attends-moi, je reviens.

    Elle quitta la pièce sans plus poser de question. Sans qu’aucune inquiétude ne brouille son si joli visage. Aussitôt, la tête de Raven bascula en arrière, les yeux à nouveau aveugles.

    Raiden, du sang, son sang à elle, touchant le cuivre d’un gigantesque carillon. Et puis Diane. Eclatante de force et de pouvoir. Il frissonna. Plus les images étaient claires, plus l’avenir était certain. Ainsi fonctionnait son pouvoir.

    Des mots se déversèrent de la bouche du sorcier, malgré lui :

    — La mort, inévitable, viendra de toutes parts. Ni lutte, ni prière, ne sauvera quiconque. Le destin est en marche, remontant des abimes et descendant du firmament. Et partout, les Justes s’éveilleront dans le sang des impurs. Attention, donc, aux anges qui sonneront la trompette, et tremblez lorsque raisonnera la mélodie funèbre. Les océans et le ciel, ensemble, se teinteront de chair. Prenez garde, car voici venu la fin de notre Ere.

 

***

 

2 Avril, 2 ans avant l’Avènement, Russie.     

 

    Elle aurait voulu partir depuis longtemps de ce triste village. Syrine, bien que charmée au départ par l’aspect typique de l’endroit, des villageois et de leur dépouillement, en avait assez de cet immobilisme forcé.

    Qui aurait pensé que la tempête de glace durerait si longtemps ?

    Depuis quand étaient-ils là ? Trois, quatre mois ? Plus ? Elle n’arrivait pas à s’en souvenir.

    Évidemment, elle avait occupé son temps comme elle avait pu, atteignant une maitrise presque complète du russe, et un niveau au-delà du respectable en polonais. Elle avait également aidé Tiass à peaufiner son français, ainsi que son éveil culturel et son savoir-faire ésotérique. Heureusement, le garçon était atteint d’une espèce de boulimie d’apprentissage. Rien ne lui semblait hors de portée, pour le bonheur le plus complet de la jeune femme. Qu’aurait-elle fait sinon ?

    Elle regarda par la fenêtre. Elle était assise dans le fauteuil inconfortable de sa chambre. Il ne neigeait presque plus mais, en posant simplement la main sur la fenêtre, elle savait qu’il n’était pas envisageable de repartir. Même Anna, la seule téméraire qui s’aventurait très régulièrement dehors, avait réduit ses sorties tellement le froid était implacable. Traverser une ruelle était un enfer sans nom. Il fallait progresser à travers des congères incassables, et lutter sans cesse pour garder un semblant d’équilibre.

    La sorcière s’empara d’une brosse et, fermant les yeux, entreprit de démêler ses longs cheveux flamboyants.

    Elle songeait à la suite du périple. Revenir pour se diriger vers St Petersbourg ? Continuer vers la Mongolie ? Où donc iraient-ils ensuite ? Un soupir lui échappa. A vrai dire, pleine de regrets, elle devait admettre qu’il en était fini des belles et puissantes villes russes. Ils étaient trop loin dans les terres pour retourner vers l’ancienne capitale.

    Elle souffla à nouveau. Peu lui importait. Son aventure continuait, et le destin se chargeait de lui donner une destination.

 

    Ses rêves étaient de plus en plus nombreux, emplis de sang, de créatures mythiques et d’anges ténébreux. La folie. C’est ce qui la guettait si elle n’arrivait pas, bientôt, à savoir si ses songes étaient de simples élucubrations de son esprit ou la manifestation du don qu’Ulome lui avait confié.

    Une douce lueur effleura son épaule. Sans qu’elle n’ouvre les yeux, elle avait deviné qui se trouvait derrière elle.

    Une main de posa sur la sienne, contact chaud et électrique, pour lui prendre le peigne. Elle le laissa brosser sa chevelure. Les mouvements étaient à la fois prévenants et secs. Elle ne parla pas pendant un long moment.

    Puis, comme s’ils avaient toujours été là, des baisers timides lui caressèrent le creux du cou. Mis à part le tutorat de Tiass, l’étude du russe et du polonais, il y avait eu aussi ces instants délicieux qu’elle jugeait bien trop courts et trop rares.

    — Tu m’as manquée, souffla-t-elle.

    — Sérieusement ? La voix, comme un courant d’air, avait répondu sans pour autant interrompre les baisers. « Me désires-tu réellement ma douce ?

    — Plus que jamais.

    Elle se retourna vers la forme vaporeuse dont certains contours étaient toutefois ébauchés. Des mains, un visage, des lèvres lorsque la sorcière approcha sa bouche pour l’embrasser.

    — Je t’avais prévenu que tu finirais par rendre les armes, belle Syrine.

    Elle ne répondit pas. Elle avait accepté de ne plus lutter, de cesser ce combat, depuis longtemps. Elle s’abandonnait totalement à « ça » sans aucune crainte dorénavant.

    — C’est de la folie, pourtant, murmura-t-elle plus pour elle-même que pour son interlocuteur.

    — Bien sûr.

    L’énergie se développa autour d’elle et la transporta jusqu’au lit, la couvrant de milliers de caresses, partout à la fois. La sorcière s’agrippa à la vapeur lumineuse, ses mains se refermant sur une étrange matière invisible.

    — Matérialise-toi. J’aime te voir.

    — Tes désirs sont des ordres ma reine.

    Partout dans la pièce, l’air s’agita, chargé de centaines de sphères de lumière. Ses longues mains de pianiste palpèrent les épaules de l’homme. Des cheveux noirs lui coururent un peu sur le visage alors qu’elle levait les yeux vers lui. Gi lui sourit et, avant de la couvrir à nouveau de baisers, lui chuchota à l’oreille « Si Sovana savait ça ! ».

 

***

 

5 Mai, 2 ans avant l’Avènement, Lyon, France.

 

    Il se passa un peu d’eau sur le visage, observant un moment les filets de sang s’échapper dans l’évier.

    Son teint était presque transparent. Au fil des mois, sa peau s’était décolorée à une vitesse folle. Ses amis l’avaient remarqué, bien entendu, mais tous mettaient ce changement sur le compte de la force grandissante de son énergie. «  Ça arrive parfois » lui avait-on dit sans qu’il ne demande rien.

    Il se figea une seconde, guettant un bruit dans la pièce adjacente. Un bruit qui ne vint pas.

    Il entrebâilla la porte. Mahé dormait paisiblement. A priori. Ayhan avait appris à se méfier des dons de son cher et tendre. La moindre chose lui était visible, et il était trop difficile d’avoir un quelconque secret pour lui. Alors, il avait dû se contraindre au silence, pendant que son ami dormait, dès lors qu’il désirait un peu d’intimité. Surtout lorsqu’il avait mal, comme ça avait été le cas quelques instants auparavant.

    Son accident vasculaire cérébral lui avait laissé de nombreux et douloureux souvenirs. Les maux de tête, les saignements de nez, les absences… tout s’amplifiait avec le temps. Mais le pire pour lui, sans hésitation, était de subir de violentes décharges électriques à l’intérieur de sa tête.

    Il les sentait naître au centre de son crâne et enfler jusqu’à atteindre une force innommable. Comme s’il avait été électrocuté, avec un choc électrique qui se diffusait de plus en plus rapidement et de plus en plus profondément dans tous ses membres.

    Cela faisait des semaines qu’il subissait ces décharges, et il n’en avait parlé à personne. A quoi bon ? Il était presque certain qu’Ulome le savait. Oui, bien sûr qu’il le savait. Il savait absolument tout de ses disciples. Et si le mage surpuissant n’avait pas proposé une aide quelconque, c’est que personne ne pouvait rien pour lui.

    Les médecins avaient annoncé leur impuissance presque dès le début et, au moins, il n’avançait plus avec l’espoir ridicule d’un « mieux ». Ce serait toujours pire. Et il ferait en sorte que personne ne le sache jamais.

    Il ferma le robinet et essuya la buée sur le miroir. Ses cheveux avaient beaucoup poussés. Il s’esclaffa silencieusement en pensant aux chevelures de Raven, Kami, ou Mahé. Ses propres cheveux leurs ressemblaient maintenant. Comme si appartenir au Domaine Occulte impliquait une sorte de standard dans la coiffure.

    Il riait à gorge déployée à présent. C’était tout à fait grotesque. Il les ferait coupés dès que le déménagement serait terminé.

    Un craquement du lit lui indiqua que son ami était officiellement réveillé. Il ouvrit en grand la porte et regarda Mahé s’étirer au milieu des couvertures et des coussins.

    Il ne put bouger, comme paralysé, le souffle court. Cette vision lui paraissait provenir d’une gravure à la fois sacrée et pornographique. Le jeune polynésien était allongé, le corps cabré, arrêté dans un étirement acrobatique mettant en valeur ses muscles adorables, fins, et appétissants.

    Le soleil entrait par la fenêtre et faisait luire sa divine peau dorée. Le cœur d’Ayhan s’emballa, frappant sa poitrine jusqu’à lui donner des vertiges. Un petit carré de drap blanc servait d’unique rempart à l’intimité de son amoureux incendiaire. A part cette partie, tout était visible de son corps parfait, de ses jambes imberbes et fermes à son torse masculin et délicat.

    Ayhan s’appuya contre l’encadrement de la porte. Le contact avec la boiserie l’aida à reprendre pied dans la réalité : le mois de mai, les journées de froid intenses et de chaleur suffocante qui s’enchainaient chaotiquement, Lyon, son Amour. Il secoua la tête, chassant les derniers fantasmes passionnés que lui inspirait Mahé.

    Comme une ombre, il glissa à travers la pièce et se planta devant le lit.

    — Tu es réveillé mon ange. Ça y est, c’est le grand jour.

    — Si Kami revient, j’espère qu’il ne nous en voudra pas.

    Les yeux d’Ayhan balayèrent la pièce. Des cartons étaient empilés un peu partout, donnant à l’appartement de Mahé un air à la fois vide et saturé.

    — Je ne crois pas que Kami nous en voudrait de vivre ensemble dans son appartement. S’il revient, on pourra toujours en chercher un autre. » Il hésita un instant. «  De toute façon, il ne reviendra pas.

    Mahé tendit les bras vers son amant, pour le forcer à s’asseoir sur leur prochaine ex-couche. Ses mains lui caressèrent le visage, frissonnant au contact de cette peau glacée.

    — Quelque chose ne va pas Ayhan ?

    — Non, non. Tout va bien.

    — En es-tu certain ? Tu as l’air soucieux. Le jeune éphèbe plissa les yeux, comme s’il avait tenté de lire ses pensées.

    — Je te dis que tout va bien. » Ayhan se força à sourire. « Et puis, dans tous les cas, mon ange, tu sais bien que je ne peux rien te cacher.

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