Rencontres au sommet

de Image de profil de ChloéNChloéN

Avec le soutien de  Dim 
Apprécié par 1 lecteur

La chaleur du soleil sur mon visage me réveille brusquement. En ouvrant les yeux,  la luminosité m’aveugle. Mais la première question qui me vient à l’esprit est pourquoi je suis allongé dans un parc, en pleine journée et habillé tout de blanc. J’essaye de me souvenir quel jour nous sommes. Merde, mon esprit bug. Je n’arrive pas à me souvenir comment j’ai fait pour atterrir là. Je me redresse lentement et regarde autour de moi. Un parc gigantesque, de la verdure à perte de vue. Ce lieu ne me dit absolument rien.

Au loin, une silhouette féminine s’approche. Je n’arrive pas à distinguer ses traits, mais je remarque tout de suite la choucroute proéminente qui surmonte le sommet de son crâne. Elle est petite, menue, vêtue d’une robe fleurie. On dirait qu’elle sort tout droit des années 50. Elle est en face de moi, je crois rêver. C’est dingue comment cette femme ressemble à Amy. Putain même, c’est son sosie parfait. Avec les tatouages sur les bras, le eye-liner épais, la choucroute comme Marge Simpson. Mais où est ce que je suis ? Elle s’accroupit et se penche vers moi pour me regarder. Elle me sourit.

— Salut ! Alors comme ça, c’est toi le petit nouveau ?

Hein ? Quoi ? Le petit nouveau de quoi ? Mais qu’est-ce-que cette nana est en train de me raconter ?

— Eh les gars ! Le petit nouveau est arrivé ! Venez !

Tout un groupe de gens s’approche de nous.

Non mais je rêve là. Je ferme les yeux, me les frotte énergiquement et les ouvre à nouveau. Non, c’est pas possible. C’est une caméra cachée, mes potes me font une blague, c’est un gag. Je regarde partout, à la recherche de caméras. Non, évidemment, elles sont bien cachées. Plus ces personnes se rapprochent et plus j’arrive à les identifier. Que des sosies. De parfaits sosies. Elvis, Michaël, Barry sont ceux que je reconnais immédiatement. Les autres, j’ai dû mal à leur mettre un nom sur leur visage. Putain, c’est quoi ce délire ??!!

— Eh, tu vas pas retomber dans les pommes ? me lance d’une voix fluette le sosie de Michaël.

— Vous êtes qui ? Je suis où là ?

Les trois sosies se regardent et sourient.

— Il n’est visiblement pas au courant, ajoute le Barry d’une voix profonde et calme et il s’avance vers moi.

Je lève les yeux vers ce géant qui me tend la main pour m’aider à me mettre sur pied. Même debout, je suis obligée de lever la tête pour regarder ce géant. C’est dingue comment il ressemble au vrai Barry. Il me sourit.

— Bon alors, elles sont où les caméras ?

— Y’a pas de caméras ici mon gars.

— Et ma guitare, qu’est-ce-que vous en avez fait ?

Les trois sosies se regardent discrètement, gênés.

— Et les gars, soyez sympas. Rendez-moi ma guitare. C’est tout ce que j’ai au monde.

— Tu ne te souviens vraiment de rien ? me demande cette fois-ci Elvis.

— Non ! Quoi ?

Je commence à m’inquiéter. Pas trop de me retrouver entouré par des mecs en mal de célébrité mais ma guitare…. c’est toute ma vie, c’est mon gagne-pain. Comment je vais faire pour gagner ma vie maintenant ? Ouais, je suis musicien et je chante dans le métro. J’ai pas mal de succès, surtout quand je joue des airs de ceux qui ont bercé mon enfance : Otis Redding, Ray Charles, Marvin Gaye, Michaël Jackson,…. Et voilà que je me retrouve dans un endroit que je ne connais pas, je ne sais même pas comment j’ai débarqué là, entouré d’une bande de tarés. Et sans ma guitare.

— Allez viens avec nous. On va te montrer ta chambre. Tu vas t’installer tranquillement et l’on discutera plus tard quand tu auras repris tes esprits, me dit d’une voix douce le sosie de Barry. Il pose sa grosse main sur mon épaule et m’emmène. Nous marchons en silence. Au bout d’une dizaine de minutes, une somptueuse bâtisse se dresse devant nous. Un véritable château. Mon cerveau carbure à 100 à l’heure. J’essaye de me remémorer mais c’est le trou noir total. J’ai l’impression qu’on a effacé le disque dur de ma mémoire. Bon, la bonne chose, c’est que ces illuminés n’ont pas l’air méchants. Au contraire. Ils sont plutôt sympas dans leur genre.

Comme je pénètre dans le “château”, d’autres sosies sont là. Whitney, Marvin, James. C’est la convention annuelle des sosies là ?! Tous me saluent en me souriant, certains me font un petit signe de la tête, d’autre de la main.

Barry accompagné de Michaël me montre ma chambre. Une grande pièce d’un blanc immaculé. Tout est blanc : la moquette épaisse et moelleuse, on dirait qu’on marche sur un nuage, enfin c’est l’impression que ça me procure, la salle de bain attenante l’est aussi, ainsi que les serviettes. Tout est blanc et moelleux. J’ouvre l’unique placard : des vêtements blancs, sans grande surprise. Avec pour les hauts, un énorme C bleu dans le dos. Plusieurs livres sont posés sur la table de chevet attirent mon attention : une Bible, un Coran et divers ouvrages religieux d’autres confessions. Et toujours pas de trace de ma guitare.

Je m’assieds sur le lit. Je m’enfonce d’un seul coup au milieu de la couette remplie de plumes. Dans un autre contexte, j’aurai trouvé cela agréable mais mon esprit est ailleurs. Je m’allonge, je ferme les yeux en  tentant de me concentrer pour retracer mes dernières 24 heures. Je plisse les yeux, je grimace mais rien ne vient. J’essaye alors de me décontracter. Comme avant chaque représentation devant “mon” public pressé, je respire profondément et je souffle par la bouche. Au bout de quelques secondes, j’arrive à me détendre. J’entre même dans un état de semi somnolence. Des bribes de souvenirs surgissent enfin.

Je suis dans le métro, comme tous les matins à la station Rivoli, toujours à la même place, près du vendeur de fruits. Je me rappelle que j’étais d’humeur un peu triste en me réveillant ce matin-là et que j’ai interprété du Otis Redding. Vers l’heure du déjeuner, j’avais décidé de laisser ma mélancolie de côté pour faire place à du Marvin Gaye, histoire de détendre un peu les passants stressés et autres touristes de passage, mais aussi pour me faire un peu plus d’argent. Très rapidement, un petit attroupement s’est formé devant moi. Un groupe de jeunes gens m’encourageaient et commençaient à danser. Je me revois encore tout sourire, heureux de donner un peu de joie à ces gens. J’en reconnais certains. Des habitués, ils passent tous les jours à la même heure, et souvent s’offrent une petite pause en ma compagnie. Je souris car certains me demandent même de leur jouer leur morceau favori. Depuis le temps que je joue dans le métro, je connais leurs habitudes. Le matin, c’est de la musique douce pour ne pas les stresser plus qu’ils ne le sont déjà. A partir de midi, quelque chose de plus rythmés sans être agressifs. De toutes manières, les classiques de la Motown, ça fonctionne tout le temps et à tous les âges.

Après c’est le trou noir. Je me rappelle que des gens criaient d’appeler du secours, une personne penchée sur moi qui me disant de ne pas fermer les yeux, de rester avec elle, puis un peu plus tard, je me souviens des lumières qui défilaient rapidement au-dessous de moi, je ne pouvais pas bouger, j’étais immobilisé. Il y avait plein de monde autour de moi, avec des blouses blanches…

Ah oui, je me rappelle maintenant, mon mini concert s’est fini en bagarre. En fin de journée, deux jeunes gens ont commencé à importuner une jeune femme. Agacée, elle s’est mise à côté de moi. Mais ils ont continué. Voyant leurs petits manèges, j’ai arrêté de jouer et je leur ai demandé, gentiment, d’arrêter. Ils se sont énervés et les choses ont vite dérapé. L’un des deux hommes a commencé à me bousculer contre le mur pendant que l’autre s’en est pris à ma guitare. Ca m’a mis dans une rage… J’ai tenté de la récupérer mais après l’avoir jeté par terre, il l’a balancé contre le mur puis s’en ait servi sur moi comme si c’était une batte de base-ball.

Et après ? Je ne me souviens pl… Oh non, j’ai entendu une voix masculine qui demandait :

— Est-ce-que la famille a été prévenue ?

AventureContemporainMusiqueGuitareRencontreLégendesFanArtistes
Tous droits réservés
1 chapitre de 6 minutes
Commencer la lecture

Table des matières

Commentaires & Discussions

Rencontres au sommetChapitre4 messages | 8 ans

Des milliers d'œuvres vous attendent.

Sur l'Atelier des auteurs, dénichez des pépites littéraires et aidez leurs auteurs à les améliorer grâce à vos commentaires.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0