Vertikal[4][2] { Mute departure }

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— Saleté…


<S4R> Elle fait un pas vers le monstre, une grimace de douleur sur le visage. Elle tombe, se relève difficilement, trébuche contre un débris, boite sur quelques mètres, s’écroule à nouveau. Je force mes membres à me relever, à me rapprocher d’elle. Dès que j’arrive à son niveau, je mets son bras sur mon épaule. D’un geste brusque, elle me repousse et continue sa marche douloureuse vers le cadavre.


— Je vais… te crever…


Sur les derniers mètres qui la séparent de la créature, elle allonge son pas. Du sang coule abondamment le long de sa jambe et vient rougir les grains de sable sous ses pieds. Arrivée près du cadavre, elle le fixe sans un mot. Une rage intense déforme ses traits, dans ses yeux, la lueur bleutée n’a pas encore disparu.

Soudain, je la vois serrer les dents, et d’un grand geste, la pierre qu’elle tenait vissée à sa main s’abat sur la tête de la créature. Le morceau de roche brise le crâne avec un craquement sonore. Emportée par son élan, Retori tombe au sol en même temps que le corps inerte du monstre. Elle se relève de par la seule force de sa rage, saisit le col du monstre et le caillou s’élève une nouvelle fois avant de retomber avec fracas. Une fois, deux fois, je la regarde réduire la tête du cadavre en un amas de chair et de matière noire. Entre chaque coup, elle crie, crache et jure. Bientôt il ne reste plus qu’une bouillie informe, mais le rocher continue de s’abattre, inlassablement. Du sang gicle, recouvre le visage et les vêtements de Retori. Il n’y a plus rien de la gracieuse guerrière, plus cette intense radiation d’éther dans son corps, juste un amas de rage, porté à bout de bras par une petite fille.


— Retori ! Ça suffit !


Ma voix couvre à peine celle de Retori. Je n’en peux plus de ce spectacle morbide. Je la prends par les épaules et la tire loin du corps mutilé, ses pieds s’agrippent au sol, frappent encore et encore. Finalement, la douleur et la fatigue achèvent de la calmer. Sa main est encore serrée si fort sur le rocher sanguinolent que ses jointures sont devenues blanches. Quand je parviens enfin à le libérer, il tombe dans le sable avec un bruit mat, et presque aussitôt, toute force semble quitter Retori. Elle chancelle dangereusement, elle s’appuie de tout son poids sur moi, son visage à perdu sa couleur.


— Tueur d’humains, je l’ai buté, le tueur d’humains. Il était là, juste après avoir buté ce gars, il s’en foutait. Mais je l’ai vengé.


Un rictus peine à se former sur ses lèvres. Elle parle vite, ne s’adresse à personne en particulier, et si sa colère résonne encore dans sa voix, elle est retombée d’un cran. Son corps tout entier tremble, de rage, de peur aussi.


— Mais t’as vu ça ? T’as vu comment je l’ai bousillé ? Il m’a pas raté, mais moi non plus.

— Reste assise, s’il te plaît. Tu es blessée, il faut que je te soigne, je vais regarder tes blessures, d’accord ?


Elle me jette un regard surpris, presque indigné. Pendant un moment, j’ai peur qu’elle refuse, pour plein de raisons stupides qu’elle pourrait imaginer. Mais elle finit par acquiescer, sans rien dire. Je l’aide à tituber jusqu’à un large bloc de béton, elle s’y laisse lourdement tomber. Un bandage ne sera pas suffisant. L’ouverture sur sa jambe est trop large. C’est un miracle qu’elle ai pu tenir debout jusqu’à maintenant. Je rassemble l’éther dans ma bouche, puis l’adoucis d’une respiration lente et quelques coups de langue avant de le souffler délicatement sur sa jambe à l’endroit de la blessure. Elle lâche une exclamation de douleur quand l’éther passe sur la coupure, mais elle parvient à ne pas bouger. J’essuie délicatement le sang avec ma manche, un fil d’éther bleuté et transparent maintient l’entaille fermée. Satisfaite du résultat, je me mets au travail sur ses autres blessures. Maintenant parfaitement docile, elle se laisse faire.


<R3T> Le souffle de Sara m’a fait un bien fou. Quand tout retombe d’un coup, la colère, l’éther, la peur. La douleur s’installe. Elle plante ses griffes sournoises tout au fond de ma cervelle et n’en sort pas. Je repousse tout dans un coin de ma tête, je ne peux pas me permettre de m’en occuper maintenant.

Parce qu’il est pas seul le con, et que si on bouge pas, on va se faire tailler en pièces.

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