Chapitre 4

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Trois jours. Cela fait trois jours que je suis près de toi et que tes yeux restent obstinément fermés. Je n'en peux plus et te supplie quotidiennement pour que tu me reviennes. Je suis à cours d’idées…

J’ai remarqué que mon pendentif est toujours accroché à ton cou. Je le retourne et y lis l’inscription que Maman y avait fait gravé :

À Rey, mon bébé.

Je souris bêtement. Je n’ai jamais aimé que maman m’appelle ainsi. Je détestais ce surnom alors qu’aujourd’hui je donnerai tout pour l’entendre à nouveau de sa bouche.

Tout comme mon surnom actuel.

Mon démon angélique.

Ta voix retentit dans ma tête, douce, chaleureuse. L’hôpital t’avait justement prénommé Rey, à cause de ce pendentif.

  • Je t’en prie mon petit lion… Ouvre les yeux… Réveille-toi…

La machine reliée à ton rythme cardiaque s’est soudainement mise à accélérer. Les battements de ton cœur se sont affolés avant de revenir à la normale.

Qu’est-ce que cela signifie ? Il m’entend peut-être ?

  • Mon petit lion… Je… Je t’aime…

Aucune réaction. Je me suis fait des idées. Dommage… J’ai tout de même signalé l’incident aux médecins. Ces derniers m’ont assuré que ce sont les signes précurseurs d’un réveil. Je n’ose y croire et pourtant je suis plein d’espoir. Ils me conseillent de continuer à te parler : cela t’incitera peut-être à revenir.


Une main… Dans mes cheveux…

Je me suis endormi, la tête posée sur le lit de Tristan, sa main dans la mienne.

J’ai rêvé ?

  • Euh…

Cette voix… Je lève la tête lentement pour rencontrer des prunelles noisettes éclatantes, remplies d’incertitudes. Mon coeur cherche à se faire la malle. Il se met à courir un marathon tout seul pendant que mon cerveau essaie d’analyser la situation.

Il s’est réveillé. Mon petit lion est réveillé. Je n’arrive pas y croire. Je crois que je souris et que je pleure à la fois. Je n’arrive même pas à prononcer un seul mot. Je lève ma main vers son visage et caresse sa joue. Il se laisse faire malgré l’étonnement devant mon geste d’affection.

C’est vrai… Je… Je l’ai repoussé…

  • Mon petit lion, je…
  • Excuse-moi mais… je… euh… qui es-tu ?

Nous avons parlé en même temps.

Qui… qui je suis ?

Je ne comprends pas. Je crois que mon cœur a cessé de battre pendant que celui de Tristan affole les moniteurs. Il se prend la tête entre les mains et la secoue. Je crois qu’il panique. Je prends ses mains entre les miennes et tente de capter son regard.

  • Chut. Calme-toi. Respire un grand coup, tout va bien se passer.

Ses prunelles se fixent un instant dans la mienne et débordent tout à coup de larmes. Les machines reliées à Tristan font un bruit effroyable, nuisance sonore qui s’est partiellement éteint lorsque nos mains se sont touchées et nos yeux accrochés. Une infirmière entre à ce moment-là dans la chambre et me demande prestement de sortir.

Je ne veux qu’une chose : rester près de lui mais mon petit lion est en pleine crise de panique et se débat avec les fils et autres tubes reliés à son corps. L’infirmière n’a pas d’autre choix que de lui injecter un sédatif léger.

Je prends mon téléphone et appelle Ma.


Deux heures et demie plus tard, nous sommes toujours dans la petite salle d’attente : nous n’avons eu aucune nouvelle et je me ronge les sangs.

Qui es-tu ?

Cette question me taraude. Se pourrait-il que… qu’il ne se rappelle de rien ? J’en ai la nausée. Le médecin finit par demander à s’entretenir avec nous.

  • Bonjour… ou bonsoir… je ne sais même plus l’heure qu’il est. Je n’ai pas de très bonnes nouvelles. Voilà. Tristan est amnésique. Nous ne pouvons pas vous affirmer qu’elle est passagère : je vais devoir lui faire une batterie de tests afin de vérifier que ce n’est pas neuronal.
  • Neuronal ? Vous… Vous voulez dire que son cerveau a peut-être été endommagé ? demande Ma.

Sa question me retourne l’estomac. Je sens la peur se glisser dans mes veines.

  • Je ne peux rien affirmer tant que les examens ne sont pas effectués. Il a été dans le coma pendant quatre mois, ce qui signifie que son cerveau a été en… dormance si vous voulez. Je dois vérifier tout cela. Sans compter qu’il a échappé de peu à un oedème cérébral… Rentrez chez vous. Dès que j’ai des nouvelles, je vous recontacte.

Je n’arrive pas à y croire. Je suis partagé entre divers sentiments : la joie qu’il soit à nouveau parmi nous, la peur qu’il ne se souvienne pas, l’horreur qu’il ne puisse plus ressentir cet amour qu’il avait pour moi. C’est égoïste, je le sais, mais c’est comme ça.

Nous rentrons au motel, la mort dans l’âme, nos téléphones toujours à portée de main.

Je passe une partie de l’après-midi dans un état de tension extrême. Impossible de faire quoi que ce soit. Je sors de ma chambre : le directeur du motel m’a dit dès le premier jour qu’il possédait une petite salle de sport. Je pars donc à sa recherche pour obtenir les clés. La salle est petite mais plutôt bien équipée.

C’est parti.

Durant les deux heures qui ont suivies, j’ai réussi à ne penser à rien d’autre qu’à mon placement sur les machines. Ma finit par venir à ma rencontre.

  • Le médecin vient de m’appeler. Tristan va bien, rassure-toi, me dit-elle devant mon air paniqué. Seulement Rey… Il est amnésique. Il ne se souvient de rien.
  • Rien… Tu veux dire… Rien du tout ?

Mon cœur s’est mis à saigner. Sa question n’était donc pas anodine. Et son amnésie, pas passagère. Il ne se souvient pas de nous : nos caresses, nos baisers… Son amour pour moi. Comme en écho à mes pensées, Ma reprend la parole :

  • Pas même de vous deux.

Je lâche alors le poids qui tombe au sol avec fracas, surpris. Je ne sais absolument pas comment réagir face à cette affirmation. Mon œil s’est grand ouvert et je peine à respirer.

  • C’est bien ce qui me semblait, marmonna-t-elle, en secouant légèrement la tête. Il y avait bien quelque chose entre vous, n’est-ce pas ?

Je me laisse aller sur le sol, la tête entre les genoux. Ma s’assoit près de moi et pose son bras sur mes épaules transpirantes. Je ne veux plus garder ça pour moi. Je n’en peux plus. C’est trop lourd.

  • Je… Je l’aime Ma. Pas comme… Pas comme un frère. Mais… Comme un homme pourrait aimer une femme. Sauf que moi… j’aime un garçon. Je… Je suis amoureux de Tristan.

Ma reste silencieuse devant ma déclaration. Je n’ose pas la regarder. Quelle va être sa réaction ? Va-t-elle me rejeter ?

  • Rey. Regarde-moi.

Sa main se pose sur mon menton et me force à lever les yeux vers ses prunelles bleues. Les battements de mon cœur se calment. Elle ne me juge pas : je le sens, je le sais.

  • Nous allons devoir faire face à de nombreuses difficultés. Si vous êtes destinés à être ensemble, cela se fera, amnésie ou pas. Mais toi, es-tu simplement capable d’accepter ce que tu es ? Qui tu es ?

Je prends le temps de réfléchir à sa question. Qui je suis ? Je suis simplement un jeune homme qui en aime un autre. Point. Il n’y a rien d’autre à dire.

  • J’ai déjà failli le perdre Ma. Je ne veux plus jamais revivre ça. Alors. Oui. J’accepte le fait que je sois peut-être homosexuel. La seule chose que je sais pour le moment, c’est que Tristan est la personne qui compte le plus à mes yeux. Je suis prêt à tout pour lui. À tout.
  • C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre. Viens. Nous allons lui rendre visite.

C’est le début de soirée : le soleil se couche et les couleurs sont vraiment magnifiques. Je les regarde mais ne les vois pas. Mon esprit est embrumé. Je ne sais pas qui je vais avoir en face de moi dans cette chambre… et je dois avouer que cela me terrifie.

Nous voilà devant sa porte. Ma prend la main d’Arnold pour se donner du courage et la pousse. Tristan lève les yeux vers elle et il a un geste qu’il faisait très souvent lorsqu'il était troublé : sa tête s’incline légèrement sur le côté. Ça y est… je peux enfin revoir de tout mon saoul ces prunelles qui m'ont tant hantées. Elles sont remplies de stress, de questions, de doutes…

Mon petit lion…

  • Bonjour, mon Tristan. Seigneur…

La voix de Ma est remplie de larmes contenues. Elle tremble et son visage finit quand même par être inondé. Elle s’approche lentement, comme moi le premier soir, et passe une main sur sa joue avant de lui caresser les cheveux. Il se laisse aller à la caresse. Ce spectacle est attendrissant. J’ai comme l’impression qu’il la reconnaît.

  • Bonjour… Euh…

Il… il parle ?

Sa voix… Mon corps se couvre de frissons en l’entendant. Ce timbre si particulier, si cher à mon cœur. Je ne vais jamais pouvoir me retenir.

  • Appelle-moi Ma, tout simplement, comme… comme tu le faisais… avant. S’il te plaît… lui demande Ma, l’instant de surprise passé.
  • Bon… Bonjour… Ma, murmura-t-il. Je… Ça veut dire… que… vous n’êtes pas ma mère ?

Ma se pince les lèvres : elle ne sait pas quoi répondre.

  • Non… Vous ne l’êtes pas, dit-il après un court instant de réflexion. Je ne sais pas pourquoi mais je le sais au fond de moi.

Un silence gêné s’installe, que personne n’ose briser.

  • Salut, garçon, marmonne Arnold.

Ce dernier ne semble pas à sa place. Il se balance d’un pied sur l’autre en jetant des regards gênés autour de lui. Tristan sourit devant ce mastodonte qui ne sait que faire de ses muscles dans cette minuscule chambre.

  • Seigneur ! Vient là, garçon !

Il finit par s’approcher du lit à grand pas et enlace Tristan de ses gros bras. Ce dernier est à la fois surpris et… heureux ? Difficile à dire. Je ne peux retenir un sourire.

Je ne peux m’empêcher de rester à l’écart. Pourquoi ? Aucune idée. Mon coeur… Je vais finir en tachycardie si ça continue. Ma me regarde discrètement, l’air de me demander “qu’est-ce que tu attends ?” C’est que… Je ne sais pas comment l’aborder… Comment reprendre le contact avec lui ?

  • Euh… Il y a encore une petite place pour moi ? Ou peut-être que je gêne… Si c’est le cas… Vous n’avez qu’à me le dire…

Ma se met à rire doucement en s’écartant.

  • Approche, Rey.

Lorsque les yeux de Trist croisent le mien, il a comme un sursaut. Il porte sa main à sa bouche d’une manière si sensuelle que j’ai un fol espoir. Elle descend vers le - mon - pendentif accroché à son cou si fin.

Est-ce que par hasard…

L’air semble s’être raréfié dans la pièce. Comme s’il n’existait plus rien autour de nous. Juste lui et moi. Je m’approche et…

  • Rey… C’est donc toi. Toi qui m’a offert cette chaîne…

Ses yeux plongés dans mon iris doré, je le vois déglutir tout en posant ses doigts sur mon pendentif.

Se pourrait-il que… ?

Je marche pourtant normalement mais… j’ai comme l’impression que la scène se passe au ralenti. Arrivé près de son lit, je n’ose pas le toucher : j’ai bien trop peur des conséquences que cela pourrait avoir. Il me semble tellement fragile.

  • Rey ? me demande Ma. Tu lui avais offert le pendentif d’Émeline ? Je n’arrive pas à y croire…
  • Oui… C’était son… talisman on va dire, répondis-je, laconiquement.

Les yeux de Tristan se font interrogateurs. Encore une fois, il incline sa tête sur le côté, attirant mes yeux vers ce cou si frêle que j’adorais embrasser.

  • Mon… talisman ?

Sa voix… Sa voix est si douce, elle sonne comme une mélodie à mes oreilles. Je regarde Ma : son visage s’est troublé l’espace d’un instant. Je crois qu’elle a compris de quoi ce pendentif devait le protéger. Tristan baisse les yeux et semble désespéré tout à coup.

  • Je… je suis désolé… Vraiment… ce n’est pas que je ne veux pas… Mais… je n’y arrive pas… Je… Je ne me souviens pas de vous. Pourtant… Pourtant j’ai l’impression de vous connaître. De vous…

Son flot de paroles se coupent et ses yeux noisettes se plongent dans le mien.

De nous quoi mon petit lion ?

Nous ne sommes pas restés longtemps avec Tristan. Son cœur s’est soudainement mis à accélérer et sa tension est grimpée trop vite. Selon les médecins, le choc a été trop soudain pour lui : nous devrons passer le voir chacun le tour. Ma doit y aller la première demain après-midi.

Serais-je capable d’attendre mon tour ? Je ne crois pas. Pourtant… Pourtant, il le faut.


Je suis faible. Me voilà à nouveau dans sa chambre d’hôpital, en pleine nuit. La pièce est plongée dans le noir total. J’ai à peine entrevu les barreaux de son lit lorsque la raie de la lumière du couloir l’a éclairé lorsque j’ai fermé la porte. Je m'appuie contre la plaque de métal froid et pousse un soupir.

  • C’est toi, Rey ?

J’ai un hoquet de surprise. Je suis bête… Après tout ce n’était pas sûr à cent pour cent qu’il dorme. Ma voix s’est coincée dans ma gorge. Je toussote un peu, plus pour me donner du courage qu’autre chose.

  • Comment tu as su ? murmurai-je.
  • Je ne sais pas mais… j’étais certain que tu allais venir ce soir… Appelle ça… L’intuition si tu veux…

C’est bien la même voix mais ce n’est pas la même intonation, comme si ce n’était pas la même personne.

  • En fait… pour être totalement honnête, ajoute-t-il tout bas, je… je t’attendais.

Baboum.

Là… oui… C’était bien mon petit lion.

Il… m’attendait ?

Sans me rendre compte, je me suis placé tout près du lit. Je n’ai qu’à lever la main pour le toucher. Je sens son regard sur moi malgré l’obscurité de la pièce. Je sais qu’il me regarde. Une petite lumière crue s’allume. Je vois son visage et ses prunelles noisettes sont remplies de questions. Aucun de nous ne détourne le regard.

  • On va faire un tour ? proposai-je, la voix un peu rauque.

Il me sourit tel un enfant. Comme cette fois-là, quand nous avions passé une semaine à l'hôpital, juste lui et moi. Il sort du lit et enlève sa chemise comme si de rien n’était. Sa cicatrice me paraît plus grande et… il ne semble pas gêné le moins du monde. Et dire qu’avant il n’osait pas me la montrer. Il met un T-shirt et un short avant de se tourner vers moi.

  • Qu’est-ce qu’il y a ?
  • Je… non… ce n’est rien. On y va ?

Nous jetons un coup d'œil dans les couloirs, plongés dans une semi-obscurité. Il n’y a personne. Nous nous mettons à courir comme deux enfants, jouant à cache à cache avec les infirmières et les médecins. À moitié mort de rire, nous nous retrouvons coincés devant une lourde porte en bois, sans hublot.

  • Quelqu’un arrive là non ? me murmure-t-il.
  • Je ne sais pas ! Mon coeur bat tellement vite que je peine à entendre quoique ce soit !
  • Vite ! Viens !

Il pousse la porte et nous nous retrouvons sur une sorte de balcon à peine plus grand que sa chambre. Je trouve une brique au sol et la place dans l’interstice pour pas que nous soyons enfermés dehors.

La pleine lune brille de mille feux au-dessus de nos têtes. Je ne sais plus depuis combien de temps je n’ai pas observé le ciel, moi qui adorait faire ça.

  • Elle est magnifique n’est-ce pas ? lui demandais-je.
  • Pas autant que le magnifique spécimen que je vois là.

Sa phrase est ponctuée par un claquement de langue. Je déglutis.

Il a dit quoi là ?

Je le regarde mi-étonné, mi-flatté. Ses yeux ne me quittent pas. Malgré la pénombre, je le vois passer une langue sur ses lèvres.

  • Le spectacle te plaît mon…
  • Tu dois en faire tomber des filles toi non ?

Je ravale les mots qui allaient sortir tout naturellement. Sa question me prend un peu au dépourvu. Faire tomber les filles ? Non, pas tant que ça. Elles ont plus peur de moi qu’autre chose. Enfin… Sauf peut-être Lydia. Il faut dire que je n’étais pas un tendre… J’ai vraiment commencé à changer il y a à peine un an…

  • Pas tant que ça… lui répondis-je honnêtement. Je pense plutôt leur faire peur. À cause de ça.

Je lui montre ma cicatrice. Il lève la main pour la toucher. Personne, à part lui, ne l’a effleurée depuis qu’elle est là. J’ai un moment d’appréhension mais le laisse faire. Sa caresse est douce et j’apprécie son contact. Je l’espérais tant.

  • Elles sont vraiment idiotes. Moi, c’est ce que je préfère chez toi.

Il me semble gêné tout à coup. Comme s’il avait parlé trop vite et regrettait ses paroles.

  • Vraiment ? Et dire que je passe des heures à la salle de muscu ! Et toi, tu aimes cet oeil mort ? La bonne blague…

Il me regarde et se met à rire. Le sarcasme a toujours fonctionné chez lui.

  • C’est vrai que… question muscles, tu es servi ! Je ressemble à une brindille à côté…

Il s’approche et se met à toucher mon biceps. Je ne peux m’empêcher de déglutir. Sa main remonte le long de mon bras, en silence, jusqu’à mon épaule pour finir dans mon cou.

  • Je ne sais pas pourquoi mais j’ai comme l’impression… d’avoir déjà fait ça…

Il continue son ascension jusqu’à mon oreille avant de secouer la tête comme en proie à un sentiment contradictoire, retire sa main et s’éloigne. Je n’arrive plus à réfléchir. Mes neurones se sont déconnectés et ma raison est partie en claquant la porte !

Je fouille dans la poche intérieure de ma veste à la recherche de mes cigarettes, histoire de me reprendre un peu. J’ai absolument besoin de nicotine ! Je sors mon briquet sous les yeux médusés de Trist. J’en allume une rapidement et inspire une longue bouffée puis je le vois respirer l’odeur, le nez en l’air et les yeux fermés.

  • Des cigarettes mentholées… murmure-t-il. Cigarette… Menthe…

Il agit bizarrement… Comme si… Si un souvenir revenait.

STOP ! Arrête ! Arrête de te faire des illusions !

  • Je ne fume pas, si ? me demande-t-il, de but en blanc.
  • Non… Tu… Tu ne fumes pas.

La fameuse phrase qui m’avait mise hors de moi me revient à l’esprit : Merci, mais j’ai déjà ma dose de poison. Il me regarde intensément avant de finalement tourner ses yeux vers le ciel.

  • Je crois que j’aime le ciel nocturne…
  • On le regardait souvent ensemble, perché sur le toit de la maison.
  • Oh…

Il semble triste tout à coup. Je me demande ce que ça fait de se réveiller et ne plus rien savoir. Ne plus se rappeler ni son prénom, ni les êtres chers ou les souvenirs précieux… Cela doit être horrible. Évidemment, certains passages de nos vies mériteraient d’être effacés mais les bons comme les mauvais moments définissent notre essence non ?

Est-ce que je dois tout raconter à Trist ? Sa vie, son horrible passé… Notre rencontre, notre premier baiser… notre nous ? Je ne sais pas… j’ai envie de retrouver mon petit lion mais je ne veux pas briser l’équilibre qu’il semble avoir acquis.

  • Tu sais… commençai-je, tu peux me poser toutes les questions que tu veux. J’essaierai de répondre du mieux que je pourrais…

Il me regarde et me sert un sourire à faire fondre le Pôle Nord. Ses yeux sont tristes mais… il y a quelque chose dans ses prunelles qui me font monter des frissons le long du dos. Sa petite main attrape la mienne et la serre.

  • Merci, Rey. Mais… Pour le moment, je veux juste apprécier chaque moment.

Apprécier chaque moment…

Cette phrase a toujours été sa devise. Je ne veux pas lâcher sa main. Il ne fait pas non plus l’effort de l’enlever. Nous restons ainsi encore une dizaine de minutes, le temps que ma cigarette s’éteigne.

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