Chapitre 1

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Tout commença un jour de Septembre, lequel ? Je ne m'en rappelle plus, mais le temps était assez clément pour pouvoir s'habiller d'un simple tee-shirt à manche courte et d'une veste légère à capuche ; ce qui est fort agréable pour un début de rentrée.

C'était le premier jour du cours de solfège, je venais de redoubler ma troisième année, et j'étais déjà légèrement en retard au cours de dix-neuf heures. M'attendant aux représailles du professeur, je me précipitai dans le bâtiment, disant à peine bonsoir au gardien avec qui je discutais volontiers lorsque j'étais en avance, je montai les marches menant à la salle à toute vitesse et m'arrêtai devant la porte habituelle pour reprendre mon souffle, encore haletante de cette folle course. Je frappai, pleine d'assurance, et ouvris en trombe, décidée à ne pas me laisser abattre par ce léger contretemps, tout en lançant un joyeux ‹‹ Bonsoir ! ›› à toute la classe, ainsi qu'au professeur que je ne reconnus pas. Les élèves étaient les mêmes que ceux présents à mon cours l'année précédente, je trouvai cela bizarre mais sans plus au début. Ce qui me semblait le plus étrange, c'était le professeur que je ne connaissais ni du conservatoire ni des élèves. Il ne me disait rien. Il me regarda, assez surpris qu'une furie fasse irruption dans son cours, et me répondit par un ‹‹ Bonjour. ›› d'incompréhension. Je m'avançai vers une des places libres de la salle tandis qu'il me demandait mon nom, mon prénom et pourquoi j'arrivai si tard. Pour moi, je n'étais arrivée que cinq minutes en retard, pour lui, trente-cinq minutes en retard. Devant notre mine décontenancée, nous nous regardâmes, un peu perdus. Mais cela expliquait pourquoi mon nom n'apparaissait pas sur la feuille d'appel et pourquoi j'étais arrivée en retard.

Durant ce laps de temps, je me surpris à le fixer : il avait de beaux cheveux noirs, un regard perçant avec de petits yeux marron, un teint assez pâle, un visage inspirant la sympathie et surtout un âge qui devait être proche du mien. Sa jeunesse me perturbait. Notre différence d'âge me perturbait d'autant plus que je ne savais pas si je devais le tutoyer ou le vouvoyer en ce moment - ma foi - gênant. Mais dans tout ce qui c'était passé dans ma tête à ce moment là, une chose était sûre : je m'étais trompée de salle. Il me rajouta tout de même sur sa liste en me lançant de curieux regards pour me faire comprendre que je devais le perturber au moins autant qu'il me perturbait.

Enfin il se présenta : Léopold Bonner, professeur de solfège de quatrième année. Je me mis à le regarder avec intensité, lui trouvant probablement un certain charisme, dès les premières minutes où il apparut dans ma vie, ce qui expliquerait ce comportement digne d'une comédie romantique. Il en fit de même jusqu'au moment où, dans mon élan d'insolence, je lui demandai de continuer ce qu'il était en train d'expliquer avant mon arrivée avec un mouvement de main dédaigneux. Il fit abstraction de ma mine hautaine et repris son explication, ce qui me valu un léger rire de sympathie, à la vue du regard plein de compréhension qu'il m'adressa avant de reprendre le cours. Il avait dû comprendre que mon but n'était pas de le blesser, mais de lui faire comprendre - un peu violement certe - que je ne voulais déranger son cours aussi longtemps.

Durant une quinzaine de minutes, je le laissai continuer son discours : programme, croche, double-croche, soupir, sicilienne, triolet, clé de sol, clé de fa ; je buvais ses paroles dès qu'un mot sortait de sa bouche. Quand tout d'un coup, il s'arrêta, et se plaignit de ne rien avoir pour écrire sur le tableau, et que sans cela, son explication serait incomplète. Et c'est à ce moment là, tel que dans une série-télévisée américaine à l'eau de rose, je sortis mon feutre veleda pour le tendre en sa direction. Cette action qui semble ridicule, aura tout de même eu le mérite de lui faire perdre ses moyens. Il sembla surpris de ma démarche, prit ce que je lui tendai, et me remercia timidement en me regardant comme pour me demander pourquoi j'avais ce feutre dans ma trousse de lycéenne.

À la fin de ce cours où j'avais vivement participé malgré moi, je demanda à Léopold s'il m'était possible de rester dans ce cours. Il fut encore étonné par ma demande, mais il me répondit par l'affirmatif. Je ne pensais pas qu'une si petite décision prise sur un coup de tête suite à une erreur changerai ma vie pour l'année à venir.

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