Chapitre 19 (1/2) : Une fête bien terrienne

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Alec. Le Président et père de Joseph, la menace, c’était Alec. Comment devais-je réagir ? Je ne pouvais pas le fuir. Je ne l’avais jamais pu, même lorsque je m’étais aperçu que quelque chose n’allait pas, même quand il avait changé, était devenu dangereux. Il avait ce pouvoir sur moi, cette attraction…je n’étais pas assez forte pour lutter contre lui. J’étais à sa merci.

Je me posais tout un tas de questions auxquelles je n’avais aucunes réponses. Et Louis non plus. Mais ce qui l’inquiétait davantage encore, c’était la réaction de Joseph :

- S’il découvrait qu’il avait échoué, jamais il ne s’en remettrait.

- Il se sentirait coupable.

Mes mots sonnaient davantage comme une question qu’une affirmation.

- Oui. Lui qui est si imprévisible, va savoir ce qu’il ferrait.

- Ça ne changerait rien. Il la connait, la culpabilité.

Le dernier souvenir qu’il avait partagé avec moi, malgré lui, celui de Naïwenn agonisant et lui crachant son venin à la figure, en était la preuve.

Louis s’arrêta si brusquement que je faillis me prendre les pieds dans les siens. Son regard était fermé, livide. Je lui lançais un regard sombre, mi inquiet, mi accusateur, mais il se ressaisit, secoua la tête et reprit sa marche.

Il m’avait conduit à travers les couloirs, sans même m’adresser le moindre regard. Il était bien trop préoccupé pour se soucier de mes râles à ses côtés.

Une fois arrivée devant la grande porte de la salle à manger, je me stoppai en faisant une énorme grimace que même un aveugle aurait devinée. Je n’avais pas faim, mais alors vraiment pas.

Alors Louis, comme s’il avait tout oublié, m’adressa un de ses sourire dont il avait le secret, un à qui on ne peut rien refuser, et me prit la main pour me trainer avec lui à l’intérieur.

- Tu es glacé, remarquais-je dans un sursaut.

- Désolé. On a le sang froid, nous. C’est peut-être parce que notre cœur bat plus lentement…

Ma réflexion semblait l’avoir plongée dans une sorte de questionnement scientifique du pourquoi et du comment. Sa capacité de passé d’un tout à un autre me surprenait. Une minute auparavant, il portait sur son visage tout l’inquiétude d’un père qui détenait tout l’avenir, au combien bancal, de son fils, et à cet instant précis, il semblait si insouciant et innocent qu’un enfant.

La table de la salle à manger avait était décorée de manière très personnelle avec des décorations que je ne comprenais pas du tout, et les couverts avait été dressés. Une vingtaine.

Nous avons traversé la pièce pour atteindre la cuisine. Joseph, les yeux globuleux comme lorsqu’on sort d’un gros rhume, agitait ses mains et hurlait sur Shin qui essayait, tant bien que mal, de couper un chaperon. Ils s’exécutaient sous le regard vigilant du jeune roi qui, à l’écart, veillait au bon déroulement des opérations.

Je me figeais. Joseph était de retour. Je n’en croyais pas mes yeux. Il m’adressa un regard malicieux par-dessus son épaule, accompagné d’un sourire de coin et j’eus un nœud à l’estomac. Comment lui dire ? Que faire ? Je détournai les yeux à la fois honteuse et peinée. Alors son sourire disparut et j’eus plus mal encore.

Tous, réunis dans cette cuisine, étaient une famille. Une véritable famille. La mienne. Mais ces derniers mots sonnaient faux. Comment pouvait-on être de la même famille ? Je ne connaissais rien d’eux. Et eux, rien de moi.

- Dis moi Louis, je me trompe où Noël n’existe pas sur Tellusa ?

- Jamais entendu parler, me répondit-il avec un clin d’œil alors qu’il m’abandonnait sur le seuil pour rejoindre ses compagnons.

Il était évident qu’aucun d’entre eux ne savait ce qu’ils faisaient, ni pourquoi ils le faisaient. Mais ils s’y attelaient avec une détermination adorable. Je les regardais, adossée à ma porte, se battre, discuter, se charrier. J’aurais pu y aller, les aider pour que les choses soient mieux faites, pour que la viande ne finisse pas en charpie, pour que les pommes de terre ne brûlent pas… Mais j’aurais tout gâché de la magie qui s’était installée dans cette pièce.

- Louis ! Vous êtes arrivé trop tôt ! souligna Thomas

- Tu m’avais dit vingt heures, il est vingt heures. Ce n’est pas de ma faute si vous êtes en retard.

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