L'abandon

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Je retrouve ce sentiment . Je l’ai reconnu. Il me rappelle les blessures de mon enfance.

Il me rappelle les rêves envolés. Les premières fois, ça vous terrasse à terre. On se sent tomber dans un puit profond d’où on ne sait plus en sortir.

Dans l’âge adulte, la seule bonne chose, c’est qu’on n’est plus étonné par la cruauté de ce sentiment.

Il a un côté sadique. Il vous fait croire toucher enfin le doux repos. A peine mettez vous votre tête sur une épaule, vous la croyez là. Enfin on est là. Vous êtes heureux comme un enfant.

Vous vous dites la vie était dure jusqu’à là mais maintenant je trouve du répit.

Vous croyez avoir trouvé chez cet homme ce regard bienveillant posé sur vous. La douceur de ce regard qui panse vos plaies, qui rend vos épreuves plus légères, qui vous donne tant de force qu’aucune épreuve n’arrêtera vos chemins. Vous pensez trouver un bras qui vous tient lorsque vous trébuchez.

Se sentir aimer vous réchauffe comme le soleil sur votre visage lorsqu’un soir d’été vous vous allongez et vous vous laissez remplir votre peau parcelle par parcelle, point par point par sa brûlante douceur.

L’écho de vos paroles ne sont plus le vide , Vous ne levez plus vos yeux au ciel pour pleurer. Cet homme vous plante ses yeux dans les vôtres, pour vous murmurer ces beaux mots de Pablo Neruda : Vis maintenant !

Il vous prend dans vos bras pour étouffer le sombre qui ronge votre âme comme le vers ronge un mort. Il vous insuffle en vous la belle force de l’amour humain, celui qui peut faire bouger les montagnes, celui qui transforme des destins, celui qui donne de l’espoir au désespéré, celui qui redonne le goût à la vie car il rappelle comme elle est belle.

Mais cela n’a duré qu’un court instant. Ce doux instant s’efface comme une étoile filante.

C’est brutal. L’épaule sur lequel vous avez cru trouvé le repos vous secoue et vous chasse.

Vous trébuchez car le bras n’est plus là. Vos yeux retrouvent le ciel pour pleurer.

Comme le juif errant, vous êtes condamné à toujours parcourir le monde sans repos.

Les fardeaux de vos vies sur votre dos pèsent lourds et seule votre solitude vous accompagne.

Le seul avantage est de ne rien devoir à personne ; tout ce que vous gagnez, vous le gagnez par la sueur de votre front et de vos larmes.

Vous savez être reconnaissants. Mais le monde ne vous veut pas reconnaissant. Le monde ne vous connaît pas.

Vous voilà reparti. Vos pieds vous dit : avance ! Votre cœur  gémit : je suis épuisée votre âme se cogne contre vos os : qu’es ce que j’ai fait ? Au fond de vous votre courage répond : tu n’as pas le choix ; tu ne te laisseras pas abattre par ce vilain sentiment : l’abandon.

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