Jour 23 - Muddy || Boueux

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Peut-être était-il un peu stupide. Même lui commençait à se poser quelques questions sur son propre état mental. À chaque fois, il savait ce que cela lui fait. Il se disait "oh juste un peu... histoire d'être bien" et puis sans s'en percevoir, il finissait totalement déchiré. Avec assez de conscience pour se métamorphoser à l’abri des regards. La faim le tenaillait toujours sous sa forme de renard. À moins que ce ne soit les champignons et la fumée qui lui donne cette sensation. Il n'en savait rien et une fois défoncé, il n'avait plus la force de savoir.


À chaque fois s'était le même scénario. Avec quelques connaissances, il se mettait "bien" et puis ça dégénérait, il se transformait sans réussir à reprendre forme humaine et une dalle monstrueuse. Au pied du mur, il n'avait plus qu'une seule issue; Il n'aimait pas cette issue, cela lui renvoyait une image de lui tellement minable. Et puis la déception dans les yeux de ces gens si attentionnés était aussi douloureuse que des poignards. Il n'aimait pas y retourner, mais il savait qu'il en avait besoin. C'était la seule chose à faire dans son état: Retourner à la villa Fleury le temps que les effets des drogues s'épuisent, le temps de pouvoir retrouver sa forme humaine.


La pluie était tombée sur son pelage sans qu'il ne le sente. En réalité, il ne sentait plus grand chose. Tellement peu de chose que même ses pattes arrivaient à ne plus où était le sol, le faisant tomber du trottoir qu'il longeait. Il était totalement trempé et pour entrer dans le terrain des Fleury, il avait dû glisser sous le grillage, comme à chaque fois.

Les sensations, c'était comme se réveiller un peu trop brutalement et se rendre compte que ses sens sont encore engourdit de sommeil. Seijiro ressentait la même chose. En plus de cela, ses pensées n'arrivaient pas à se suivre plus de vingt secondes avant de faire du saute-mouton avec une autre. Ah du mouton, si seulement il pouvait croquer dedans.


Sans qu'il ne l'ai vu, le soleil s'était déjà levé. Il gratta piteusement à la porte, s'entendant couiner sans qu'il ne l'ait vraiment commencé. Son corps commençait à agir seul.

La porte ne tarda pas à s'ouvrir, le kitsune ne savait pas si c'était de la chance ou bien une punition. Peut-être qu'il aurait préféré rester sur le palier le temps de redevenir totalement clean. Il sentait déjà la drogue ralentir ses effets. Il commençait à ressentir de la douleur partout sur son corps.


Pour la seconde fois, il fut accueilli par un ange roux. Seijiro avait encore les sens endormit, cependant, il pouvait déceler une douce odeur de félin flottant autour de la Fée. Il aurait voulu se débattre, il aurait voulu reculer pour ne pas être vu aussi peu à son avantage devant cette fausse renarde, mais voilà, il était au bout.


— Décidément, tu t'acharnes à vouloir me faire de la peine... soupira la créature inconnue.


Sans rien ajouter de plus, elle le récupéra sans mal. Sous sa forme de kitsune, il devait peser une dizaine de kilos environ. En temps normal, il se serait débattu, il aurait mordu, griffer, japper. Mais là, dans des bras aussi dos, se laissant envelopper dans un parfum si léger. Il se sentit apaiser et ne pensa même pas à retourner dans la sauvagerie du monde.


— Je pense qu'un bain te fera le plus grand bien... Lui souffla-t-elle comme s'il était malade. C'était peut-être le cas après tout.


Une fois placée dans l'eau, les effets des drogues s'éloignèrent un peu plus vite. Seijiro ne voulait pas voir le visage de sa bienfaitrice. Sur son visage roux et doux à elle, il ne voulait pas voir de déception ou de désapprobation. Il savait où il avait commis une erreur et il n'avait besoin de personne pour souligner ses échecs. De la fierté mal placée, sans aucun doute. À la place, ses yeux étaient rivés sur l'eau qui avait été transparente avant qu'il n'y glisse une patte. Maintenant, s'était simplement une flaque de boue diluée.


Seijiro était écœuré. La terre dans son pelage s'était accrochée et l'inconnu à la chevelure flamboyante devait frotter avec douceur ses poils sales. Se salir les mains sur lui. S'en était assez. Il en voulait pas attirer davantage de bienveillance et de pitié.


Si la demoiselle avait été surprise de voir un jeune homme apparaître à la place du piteux renard noir, elle n'en avait rien dit. En revanche, elle ne put réprimer un sursaut lorsqu'il attrapa la pomme de douche. Sans relever les eux vers elle, la bête lâcha seulement quelques mots.


— Je vais terminer avec ça, merci... Tu peux sortir maintenant. Déclara Seijiro sans relever la tête vers sa bienfaitrice.


Ce fut un soulagement pour kitsune d'entendre et de sentir la Fée s'en aller sans chercher à comprendre davantage. Pourtant, il ne s'attarda pas plus sur le phénomène. Maintenant qu'il était dans l'eau chose, il devait se récupérer, être présentable pour présenter ses excuses convenablement...

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