Jour 11 - Cruel || Cruel

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Romane Stafford faisait preuve de patience. C’était toujours le même schéma pour les shootings en extérieur. Elle n'aimait pas cela. Elle trouvait ça contraignant et suivant les environnements, cela abîmait son matériel.

Photographe de renom, elle avait rapidement compris qu'elle était la véritable artiste de l'équipe et que tous ses désirs devaient être des ordres sous couvert de créer un chef-d’œuvre. Les mannequins, les accessoiristes et tout le reste de l'équipe devait être à sa botte. Romane ne se privait pas pour imposer ses idées et ses envies. Alors certes, lorsqu'un grand magazine lui proposait un contrat à cinq chiffres, elle était bien en peine de refuser leurs conditions.

C'est ainsi que la trentenaire au port altier observait silencieusement l'horizon plat que lui offrait la Manche. Au-delà de ces eaux froides se trouvait l’Angleterre.


Lorsque les mannequins furent totalement apprêtées, Romane les observa avec professionnalisme, retirant un bijoux par-ci, une écharpe par là. Les filles qu'elle avait face à elle était vêtues de tenue écrue et grise, maquillé de faux tatouage bleu et noir, coiffées à la façon viking. Quand la photographe eu trouvé l'allure qu'elle souhaitait pour chaque mannequin, elle put déclarer le shooting ouvert.


L'appareil photo de Romane ne cessait de claquer, de flasher.


— Recule, recule encore un peu... Ordonnait la femme autoritaire sans pour autant faire preuve d'agressivité. Le timbre sans chaleur de sa voix suffisait amplement à n'encourager aucune bravade.


Au bout de quelques temps, les modèles étaient dans l'eau gelée. Certaines claquaient des dents, d’autres avaient les lèvres bleuies par le froid qu'apportait le vent. Romane les insultait silencieusement de petite fragile. Elle, avait trempé son pantalon de cuir jusqu’à mi-cuisse et elle ne se plaignait pas !


Les yeux rougies par le vent salé que la photographe avait pu apercevoir sur les photos seraient soit accentués soit retirés au montage.


— Mouille toi les cheveux, et toi, plonge carrément ta tête dans l'eau, je veux que tu me donnes l'impression d'avoir fait une longueur.


Romane prenait sas doute du plaisir à donner ses ordres, encore plus à les voir s'exécuter sans que personne n'ose aller à l'encontre de ses directives. Plus ses demandes étaient difficiles à exhausser et plus la photographe se sentait puissante. Cela pouvait, peut-être, s'apparenter à de la cruauté, mais c'était sans importance. Romane n'avait jamais déclaré être quelqu'un de gentil.


Quelques instants plus tard, Romane avait demandé à un duo de se créer. Une bagarre fictive et une des filles devait faire mine de boire la tasse. Malheureusement, pendant ce laps de temps, une vague plus puissante que les autres leur déferla dessus. Fort heureusement, Romane l'avait vu venir et avait pu éloigner son appareil des gouttes d'eau intempestive.


— La marée remonte... Lui indiqua l'un de ses assistants.

— Je m'en contre-fou Jérémie. Répondit-elle avec un dédain non dissimulé.

— Madame ! Sonia, elle a été emportée par la vague ! S'écria l'une des mannequins qui semblait avoir réussi à maîtriser son claquement de dents.

— Et alors ? Qu'elle revienne, on n’a pas toute la journée, je dois terminer ses photos dans trente minutes, je n'ai pas de temps à perdre avec ces conneries ! répliqua la photographe.


D'un coup œil, elle chercha son modèle des yeux.


Effectivement, elle avait été emportée à une quinzaine de mètre de l'endroit où elle devait être. Elle ne savait pas nager ou quoi ?! La pauvre créature avait le visage affolé dès qu'elle réussissait à sortir la tête de l'eau.


— Si on doit appeler les pompiers, on va être retardé pour la post-prod, madame... Lui indiqua Jérémie.

— Rah ! Ces cruches me passent par-dessus la tête ! S'indigna Romane qui confiait déjà son appareil photo à son assistant, tout comme sa veste.


Visiblement, aucune des autres mannequins n'avait le courage de nager jusque-là-bas.

Romane n'aimait pas nager lorsqu'elle était sous sa forme humaine. C'était comme une insulte à sa nature de sirène. Néanmoins, elle ne pouvait pas prendre le risque de laisser les humains suspecter quoi que ce soit à son sujet. Même sans queue ou doigts palmés, elle était efficace et avait une bonne apnée.


Une poignée de minute plus tard, elle balançait le corps sonné de son modèle à demi-noyé sur le sable blanc et froid de la plage.


— Bon que quelque s'occupe de ça, j'ai un shooting à terminer, on a assez perdu de temps comme ça ! Aboya Romane sans un regard compatissant pour la fille qu'elle venait de sauver. Ce qui comptait avant tout, c'était d'honorer son travail, peu importe les pertes humaines que cela engendrait.

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