Chapitre 7

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Ce furent les premiers rayons du soleil sur son visage qui le réveillèrent au petit matin, tout ankylosé dans son fauteuil. Il avait oublié de fermer les volets ! Mais cette nuit inconfortable s’avérait profitable : en effet, durant son sommeil, s’était insinuée en lui l’idée que le message codé qu’il avait découvert relevait d'une pure construction du hasard et qu’il convenait sans doute de ne pas en rester là.

C’est alors qu’il décida de pousser ses investigations jusqu’à Périgueux et la Commanderie des Andrivaux, non sans se documenter un peu plus auparavant.

C’est ainsi qu’il découvrit qu’à la suite d’un couvent de Bénédictines fondé en l’an mil et démantelé pour cause de mauvaises mœurs, les Templiers s’étaient installés aux Andrivaux en 1133, construisant l’église Saint-Maurice, un logis pour les frères, un cimetière, une lanterne des morts, un moulin et un pigeonnier. La commanderie avait petit à petit pris de l’importance puisque, lorsque les choses tournèrent mal pour eux, en 1309, pas moins de soixante-dix chevaliers y furent arrêtés.

Après la dissolution de l’Ordre par le Concile de Vienne en 1312, la Commanderie et ses biens passèrent à un ordre frère, celui des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. En 1372, après les destructions de la guerre contre l’Anglais, elle se trouve réduite à quatre frères ; en 1460, elle est rattachée à celle de Condat. En 1562, apparaît aux Andrivaux la famille De Chilhaud, qui peu à peu va exercer les pouvoirs autrefois dévolus aux Commandeurs.

En 1659, on comptait « 50 feux et 140 communiants » aux Andrivaux. En novembre 1789, le décret créant les municipalités élues avait amené comme premier maire le prieur de l’abbaye voisine de Merlande. Le 18 juillet 1809, Napoléon signait le décret qui rattachait Les Andrivaux à la commune contiguë de Chancelade, dont le hameau fait toujours partie aujourd’hui.

En 1818, le conseil de fabrique (le conseil paroissial d’alors), en accord avec la mairie, vu l’état de l’église, décidait sa démolition, mais le Préfet Marcillac évitera la destruction de la crypte.

Constantin apprit encore que sous la maison De Chilhaud, on avait découvert un souterrain menant à une salle voûtée, avec deux issues dans la campagne. C’était dans cette salle, récemment déblayée de l’éboulement qui l’avait comblée qu’on avait découvert le coffret emmuré avec le fameux parchemin.

Bon. Il lui fallait à présent préparer son expédition. Sa destination se trouvait à une heure et demie de route, mais il n’avait pas envie d’effectuer l’aller-retour dans la journée. Au diable l’avarice ! Un peu de tourisme ne lui ferait pas de mal après tous ces mois de vie recluse. Depuis qu’il habitait l’un des plus beaux villages de France, c’est-à-dire depuis sa naissance, Constantin était habitué aux vieilles pierres, aux bâtiments de cachet. Il chercha donc un hébergement dans ce goût et tomba, à quatre kilomètres de son objectif sur un petit château du XIXe transformé en hôtellerie de standing. Les chambres dans la bâtisse auraient grevé son budget, mais une dans l’Orangerie ferait son affaire. Et si les prix du restaurant étoilé l’effrayèrent, ceux du Bistrot, installé dans une verrière, lui convinrent tout à fait. Un coup de téléphone plus tard, c’était réglé. Il y avait même une offre « soirée étape » à laquelle son statut de brocanteur lui donnait droit. Parfait !

Muni de ce viatique, d’un bagage léger et de l’original du parchemin récupéré par-dessous ses chaussettes, il prit la route, non pas dans son prolétaire fourgon, mais avec son vieux roadster Triumph Spitfire MK1, donné par son père pour ses vingt ans et qui n’était pas sorti du garage depuis la mort de Sophie. Celui-ci s’enorgueillissait de son acquisition en 1962 et lorsque Constantin adolescent moquait sa couleur vert bouteille, son père lui serinait qu’il était « conifer green » avec un fort accent anglais du sud-ouest. Ce souvenir amena un sourire sur ses lèvres. Il aimait son bruit particulier, les vitres latérales coulissantes de l’habitacle, la souplesse de son moteur et sa consommation modérée ; moins, outre sa couleur, la rudesse de sa suspension, sa capote démontable dont l’arceau se rangeait dans le coffre et son tableau de bord minimaliste, mais à cheval donné, on ne regarde pas les dents, n’est-ce pas ?

(à suivre)

©Pierre-Alain GASSE, juin 2017.

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